Seuil - Octobre 1990 - Traduction (japonais) : Patrick De Vos
Tags : Roman d'enquête Roman à énigme Polar fantastique Crime organisé Mystique Psychologie Quidam Japon Années 1970 Littéraire Original Entre 250 et 400 pages
Publié le : 05 mai 2009
L’histoire débute le 25 novembre 1970. L’anecdote décrite n’a pas vraiment de rapport avec le reste de l’histoire se déroulant, elle, à la fin des années soixante-dix, elle met juste en scène le narrateur, mais se décrire en fonction de cette journée n’est pas anodin pour un japonais. C’est en effet le jour où Mishima s’est suicidé.
Le narrateur, personnage principal de l’histoire, vit une vie ordinaire, sans histoire. Une vie presque ennuyeuse mais qu’il apprécie, parce qu’on ne peut pas vivre autrement. Il a créé une société de traduction avec un ami, société qui s’est développée et diversifiée sans toutefois atteindre la notoriété. Sa femme vient d’obtenir le divorce, partie avec un de ses amis à lui.
Il rencontre une jeune femme qui devient sa girl friend, comme il l’appelle, à la suite d’une publicité sur laquelle il devait travailler. Son boulot va l’emmener encore plus loin. Un personnage énigmatique empêche la publication d’un magazine dont ils ont la responsabilité à la suite de la parution d’une photo. Pour que sa société s’en sorte, notre héros va devoir partir à la recherche d’un mystérieux mouton dont l’existence n’est même pas avérée.
Au cours de la recherche, la réalité s’effrite, change et déstabilise, comme souvent chez Murakami.
Le quatrième jour, j’assistai à l’extinction de mon sens de l’orientation. Comme je commençais à voir le sud à l’opposé de l’est, j’allais acheter une boussole dans une papeterie. À déambuler ma boussole en main, la ville se changea rapidement en une chose irréelle. Les bâtiments commençaient à m’apparaître comme sur la toile de fond d’un studio de photographe, et je voyais les passants aplatis, comme découpés dans du carton. Le soleil s’élevait à un bout de la surface lisse de la terre, décrivait un arc de cercle dans le ciel comme le poids que lance un athlète, puis sombrait à l’autre bout.
On n’est plus sûr alors d’être dans le monde tel que nous le connaissons ou un de ses succédanés que nous nous prenons parfois à imaginer. On n’en était déjà pas sûr avant.
La narration est toute en petite touche, en scènes qui se succèdent et prennent leur place dans l’histoire.
Pour retrouver le mouton, le narrateur part à la recherche du Rat, un ami qu’il a perdu de vue et qui apparaissait déjà dans les deux précédents romans de Murakami, ses deux premiers, encore non traduits en France…
La narration est toute en petite touche et le style de Murakami est d’une grande justesse, touchant, sensible, sans en avoir l’air. La traduction est à l’avenant, elle a d’ailleurs valu un prix à Patrick De Vos. Et l’on finit par tout abandonner de ce que l’on sait, de ce que l’on savait, comme le narrateur, pour poursuivre la quête, l’enquête.
C’est un roman comme on en rencontre peu. Les romans de Murakami sont de ceux-là. Pas un polar à proprement parler, pas un roman noir, mais un peu de tout ça quand même.
Inclassable.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Les autres romans du même auteur, bien sûr, qui parfois penchent sans conteste du côté du fantastique. Ses nouvelles également…
Les personnages de ses romans sont des êtres sur le fil, en cela, ils sont proches de ceux que l’on aime, moins ancrés dans la réalité mais quand même.
Les dix premières lignes...
Un ami qui avait appris sa mort, par hasard, en lisant le journal, m’annonça la nouvelle au téléphone. D’une voix lente il me lut dans l’appareil l’unique paragraphe paru dans l’édition du matin. C’était d’une platitude ! On eut dit un exercice de quelque journaliste débutant frais émoulu de l’université.
Tel jour de tel mois, dans tel quartier, le camionneur Untel avait écrasé la personne Unetelle. Une enquête était en cours au sujet d’Untel, soupçonné d’homicide involontaire, résultant d’un manque de prudence dans le cadre de sa profession (…)
Quatrième de couverture...
La vie du narrateur, jeune cadre publicitaire à Tokyo, n’a rien d’exceptionnel. Jusqu’au jour où, pour avoir utilisé une photographie où figure un mouton d’une espèce rare, il est approché par une puissante organisation d’extrême droite. Le voici contraint de retrouver l’animal — doué, il est vrai, de pouvoirs extraordinaires. Comme toujours chez Murakami, le réel repose sur des fondations délicieusement instables.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...