Syros - Rat Noir - Octobre 2008
Tags : Roman noir Roman d'enquête Polar jeunesse Vengeance Quidam France Années 2000 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 22 novembre 2008
Au cours d’un braquage qui a mal tourné, le vigile de la banque est mort d’une balle en pleine poitrine. Après la fuite du reste du gang, Claude Lazzari est la seule personne que la police trouvera sur place, prisonnière de deux clients qui ont fondu sur elle après le déclenchement de l’alarme. Claude Lazzari est maintenant en prison. Jugée coupable d’un meurtre qu’elle n’a pas commis. Elle paie seule, elle n’a pas balancé ses complices. Mais la dure réalité de la vie carcérale, même (voire surtout) lorsque l’on est une femme, lui prend toute son énergie. Elle dépérit à vue d’œil. Dominique, seul membre de sa famille encore en vie le sait. Elle ne tiendra pas. À la veille de Noël, Claude se suicide dans sa cellule.
Quelle autre issue pour Dominique que la vengeance…
Seconde incursion dans l’univers riche et varié du polar jeunesse. Une fois de plus une révélation. Révélation sur une branche de l’édition qui est très peu mise en avant, effet Harry Potter oblige. Cette fois c’est Jean-Hugues Oppel qui s’y colle pour la très bonne collection Rat Noir de chez Syros. Un auteur pour les « grands » qui écrit pour les « petits ». Pas une simple adaptation ou mise à niveau, une vraie création. Avec l’envie de créer un univers, une ambiance. Faire passer un message aussi. Pour le coup c’est l’enfer carcéral et l’esprit de vengeance qui sont au centre du roman. On est bien dans un livre jeunesse, mais cela ne dégouline pas pour autant de mièvrerie et de bons sentiments à tout va. Oppel interpelle son lecteur et le confronte à une situation somme toute banale : lorsque l’on a plus qu’une personne dans sa vie, que l’on n’a pas été là lorsqu’elle en avait besoin, comment faire pour vivre avec ce sentiment de culpabilité ? La froide vengeance n’est en rien facile. Ôter la vie n’est pas un acte naturel. La vengeance n’est pour Dominique qu’un simple exutoire, en forme d’impasse. La vengeance ne ramène pas les morts.
Le texte est court mais dense, mettant en parallèle le schéma vengeur de Dominique, le déroulement du casse loupé et l’enquête de la police qui court après l’auteur de ce qui leur semble être une vendetta. Les chapitres s’imbriquent à merveille, donnant un rythme de lecture très agréable. Tous les ingrédients du polar sont là, et l’on se prend au jeu. Seule la typo et la mise en page rappellent que l’ouvrage est destiné au jeune public. Les pages défilent très vite et déboulent sur une fin magnifique. Mais je n’en dis pas plus…
Un très bon roman noir, qui aborde des sujets difficiles et actuels sans facilité ni esprit de simplification. Conseillé aux lecteurs d’une douzaine d’années.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La production « adulte » de Oppel bien sûr, pour retrouver cette petite musique qui traîne dans ses romans. La petite musique du quotidien qui bascule et devient un opéra tragique.
Les dix premières lignes...
(…) Le wagon solitaire est une voiture couchettes 1e classe de l’Orient Express.
Elle est abandonnée sur une voie de garage qui longe en partie un hangar à locomotives dont la toiture est défoncée par endroits, souvenirs d’un orage de grêle particulièrement violent. Quelque mystérieuse erreur de parcours aura conduit le mythique wagon ici, comme pour le perdre, le punir en l’oubliant aux tréfonds d’une petite zone de triage dans une petite gare de petite ville de province.
Les trains à grande vitesse ne s’y arrêtent pas (…)
Quatrième de couverture...
— Tu es un lâche ! Claude avait confiance en toi parce que tu étais l’aîné, l’ancien… La figure du père quoi ! Quand on n’a plus le sien depuis l’enfance, tu mesures ce que cela veut dire ? (…)
Roger se tait. Il repique du nez. Lazzari bondit pour venir lui coller le canon de son pistolet sous le menton, le forçant à relever la tête.
— Regarde-moi dans les yeux, Roger. Je veux te voir et t’entendre me dire que tu regrettes.
— Je regrette…
— Mieux que ça ! Je ne te demande pas de faire le perroquet ! Je veux des excuses sincères !
Le canon du Beretta se rive au front de Roger.
— Tu dois partir l’âme en paix, tu comprends ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...