Le Labyrinthe aux Légumes

Un avis personnel...

Publié le : 31 mars 2006

D'emblée, le roman de Dominique Delpiroux prend à la gorge. On pensait rentrer dans une sorte de fiction Téléthon qui nous montrerait des handicapés joyeux, propres sur eux, plein de vigueur intérieure, à l'image de l'héroïne de Brigitte Aubert, La Mort des Bois, il n'en est rien. Nous découvrons la résidence "Les Peupliers", un foyer pour adultes atteints de lourdes pathologies physiques et mentales, parfois les deux, avec les yeux de l'héroïne, Ariane, jeune aide-soignante qui fait ses premiers pas dans la profession. Chaque rencontre est un choc. Dominique Delpiroux trouve les mots justes pour décrire, effrayer, puis, progressivement, mener Ariane à la compréhension, l'empathie, jusqu'au nouveau choc, cette fois concernant l'intrigue, car on ne l'oublie pas, nous sommes dans un roman policier. Son ancien prof d'histoire est interné depuis dix ans dans cet établissement. Physiquement peu dégradé, mais il a perdu la mémoire.
Ariane a deux hobbies, la photographie et un certain goût pour dénouer les mystères, depuis qu'elle regarde quotidiennement, le soir, à la télé, sa série policière préférée. Sa pratique de la photo va plaire à la direction et va aider à organiser des sorties dans la nature pour les plus valides des handicapés. L'enquête qu'elle va mener dans le passé de son ancien professeur débouchera sur la découverte de vieux souvenirs, cette fois nauséabonds, concernant cette petite ville tranquille du Massif Central, et plus particulièrement son collège. On est dans le Puy-de-Dôme. Il n'est pas bon se pencher au-dessus du puits.

Le roman alterne chapitres relatifs au déroulement de l'histoire vécue par Ariane et par les personnes qu'elle côtoie, un localier du journal régional et un gendarme, et chapitres en vision subjective où l'on assiste pas à pas au réveil mental du professeur. Ce qui ravive le côté angoissant de l'affaire en permanence. De révélation en révélation, il apparaît qu'Ariane, au prime abord personnage neutre, a des liens avec ce passé douteux de la ville, et que sa mémoire aussi est défaillante. Ariane ne se prénomme pas ainsi par hasard, puisqu'il est question aussi de mythologie grecque et crétoise. Le titre même de livre, "le labyrinthe des légumes", en est une belle allusion.
Mais, si au détour d'un passage, il est fait état de fouilles archéologiques, le roman est avant tout fouilles de la mémoire enfouie, afin de faire resurgir du passé des horreurs gommées, volontairement ou non, par le crime ou l'amnésie.
Ecrit sans esbroufe, car on n'y trouvera pas un trop lourd suspens artificiel à faire grimper toutes les trois pages le rythme cardiaque aux rideaux, écrit sans pathos, sans exagération, le roman de Dominique Delpiroux remplit parfaitement son but, à savoir offrir un livre policier de qualité aux lecteurs et faire réfléchir sur la différence.

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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dominique Delpiroux est l'auteur d'un autre polar, Félix Rex, également aux éditions l'Écailler du Sud, dont le site internet permet de connaître l'ensemble de leurs publications ; des inédits au prix d'un livre de poche. Point commun entre tous les livres de la collection, le Sud.

Son pendant, l'Écailler du Nord nous fait découvrir d'autres latitudes.