Hackman Blues

Ken Bruen

Fayard - Avril 2007 - Traduction (anglais) : Simone Arous

Tags :  Roman noir Comédie Détective privé Londres Années 1990 Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 29 mai 2008

Tony Brady habite le sud-est londonien, un univers bien particulier où la violence est habituelle. La cinquantaine, maniaco-dépressif, homosexuel. Des ses jeunes années, il a gardé de tendres souvenirs de son aimable mère, une CIA (catholique – Irlandaise – alcoolique), peu de son père lequel rencontra brutalement un train après s’être fait virer de son travail puis de son foyer, de forts souvenirs aussi de sa fréquentation d’établissements pour adolescents à problèmes et des séances d’électrochocs qui s’y déroulaient. Lors d’un séjour en prison, il a rencontré Reed, du sud-est de Londres lui aussi. Grand noir baraqué ayant rencontré le blues, il lui a fait découvrir un pan entier de la littérature.

Il se pencha sur sa petite collection de livres. En prit un et fit respectueusement courir sa main sur la couverture. Puis me l’offrit solennellement. Tel un prêtre de la négritude. Je le lui arrachai. Eldridge Cleaver, « Panthère noire ».

Il est venu le chercher à sa sortie de taule, et ensemble, ils ont monté des arnaques, conservant le produit de leurs larcins dans un entrepôt.
Un jour, Jack Dunphy donne à Brady une volumineuse enveloppe afin de retrouver sa fille. La jeune Roz a quitté ses études et Cambridge et ne donne plus signe de vie. Son papa, au sud-est de Londres, promoteur immobilier, est inquiet, et plutôt que de faire appel aux forces de l’ordre, se tourne vers Brady.
La jeune Rosaleen est rapidement trouvée, derrière le bar d’une boîte tenue par Leon. Le papa informé de son non désir de regagner la demeure familiale demande à Brady et Reed, contre une enveloppe plus volumineuse que la première, de lui faire réintégrer le foyer. Pour opérer, les deux amis ont besoin d’arguments, là intervient Danny. Puis une idée germe : pourquoi ne pas kidnapper la jeune Roz et demander aux deux hommes de sa vie de payer pour la récupérer ? De là, surgissent insultes, gifles, giclées de sang, morts en cascade.
Ken Bruen ne s’engage pas dans des phrases longues. Bien souvent, il occulte les verbes, recréée une ambiance par l’évocation d’un film, d’un livre, d’une chanson. Il préfère les listes aux longs développements et les dialogues à une explication didactique. Ce style bien particulier, très codifié (des pantalons aux sacs plastiques), est excessivement visuel et sonore, mais aussi éminemment périssable par risque d’hermétisme. On a parfois l’impression de lire une langue inconnue, malgré la traduction de Simone Arous. Ce travers qui menace chacun des romans de Ken Bruen est ici porté à son paroxysme, touche à la caricature, y tombe par moments. Hackman Blues est une photographie d’un lieu, d’une époque, de personnages marginaux. Comme une photographie, elle risque de vieillir et de se craqueler sans qu’on puisse en retrouver le sens sans efforts démesurés.

Je me suis figé sur place. De tous les scénarios que j’avais bâtis, aucun n’avait prévu « Dancing Queen ». Ça m’a complètement perturbé. J’ai dû respirer profondément plusieurs fois avant de reprendre pied. Silence… puis les premières mesures de « Fernando ». Putain, on entendait les batteries.

Reste que comme à son habitude, Ken Bruen parvient à toucher. Par un personnage peu utilisé dans la littérature, même la littérature de genre qu’est le polar, le marginal, blanc, vieillissant, homosexuel, aussi peu doux qu’aimable. Une palette de seconds rôles, seconds couteaux, qui font des apparitions remarquées dans le roman, tel Ben, vingt-cinq ans, Irlandais, alcoolique, vendeur de Big issue. Une narration ironiquement distanciée.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les autres romans de l’auteur, Delirium Tremens, Toxic Blues, R&B - Le Gros Coup, R&B - Le Mutant Apprivoisé, et les autres… déjà chroniqués sur le site.

Le début...

Les dix premières lignes...

BRADY EST GRAVE BARRÉ.
Je l’avais écrit sur les murs de la chambre, au marker jaune fluo. Jolie couleur, se marie bien avec les années de nicotine. Bon, d’accord. Comme on dit chez les Yankees, je m’allonge, ou — plus près de chez nous — je crache le morceau, chef. Je n’avais pas pris mes drogues de toute la semaine. Si je ne pouvais pas tenir quelques jours sans lithium, j’étais salement dans la merde. D’où ce message sur le mur (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Jack Dunphy, riche promoteur immobilier, demande à Brady de retrouver sa fille, Roz. Le détective privé, tout juste sorti d’une cure de désintoxication, découvre qu’elle vit sous la coupe d’un proxénète dans le quartier jamaïcain de Londres. Aidé de deux comparses, peu recommandables, Brady monte un plan pour enlever Roz. Mais à vouloir doubler tout le monde, la fine équipe va mal finir…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Ken Bruen










Edition(s)...

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Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Delirium Tremens R&B - Le Gros Coup Toxic Blues R&B - Le Mutant Apprivoisé Le Martyre des Magdalènes R&B - Les Mac Cabées R&B - Blitz Le Dramaturge R&B - Vixen La Main Droite du Diable