Les Brouillards de la Butte

Patrick Pecherot

Gallimard / Série Noire - Mars 2001

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Arnaque Détective amateur Paris Historique (avant 1930) Populaire Argotique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 25 février 2009

Quand on a quitté les bancs de l’école assez tôt, sans forcément le certificat d’études ou un improbable bachot en poche, qu’un avenir de tourneur fraiseur ou d’ouvrier qualifié ne fait pas forcément rêver, on se dit que « monter » à la capitale, n’est pas un mauvais choix. Que cette grande ville pleine de lumière regorge forcément de petits boulots pour faire sa place… Pas si sûr. Dans une France encore marquée par 14-18, pas encore dans la crise de 1929, sans place fixe, pas facile de gagner sa croûte honnêtement tous les jours. Alors pour éviter la cloche qui guette, Pipette s’embringue dans quelques coups pas très reluisants. C’est loin d’être une sinécure, mais ça maintient son homme sur ses jambes. Mais les beaux quartiers et leurs maisons bourgeoises recèlent aussi leur lot de noirceur. Et ces grandes fortunes ne se sont pas toutes bâties de façon correcte. En cambriolant un riche industriel, Pipette et sa bande vont tomber sur un scandale qui pourrait bien faire trembler du monde… L’industriel en question trempe dans une magouille qui remonte à l’époque de l’Armistice de 1918. Certains barons de la métallurgie auraient bénéficié de l’aide de l’État pour l’octroi des hauts-fourneaux confisqués à l’Allemagne en guise de dédommagement de Guerre. Un chantage est en cours…

Avec cette première aventure de Pipette, sorte d’apprenti enquêteur, Patrick Pécherot débute un cycle sur ce qu’il a lui-même décrit comme le passé de Nestor Burma, le célèbre enquêteur créé par Léo Malet. Il puise donc allègrement dans la vie et l’œuvre de ce grand auteur pour imaginer le trajet de Burma avant son apparition dans sa première enquête officielle : 120, Rue de la Gare.

On retrouve avec grand plaisir le talent de Pécherot pour manier la langue. Parler populaire et argot se mêlent adroitement et font rejaillir l’ambiance de ce quartier effervescent de Montmartre avec ses cabarets, cafés littéraires et autres. Une excellente ambiance donc, mais aussi une très bonne intrigue, que Malet lui-même n’aurait pas reniée. Pipette, qui ressemble déjà à Burma avec cette incroyable capacité à se trouver au bon/mauvais endroit au bon/mauvais moment, nous emmène dans les rues de Paris et nous fait croiser une galerie de personnages allant de la Goulue à Breton (Malet a beaucoup traîné avec les Surréalistes). Les tenants et aboutissants de l’affaire dépassent Pipette, mais il ira jusqu’au bout. Autre trait de caractère de Burma qui plonge souvent dans des affaires qui de prime abord semblent banales, puis qui se révèlent plus complexes. Les intérêts de l’Etat étant en jeu, il sera contraint de fuir Paris pour sauver sa vie.

Un roman très bien mené, entraînant. Pécherot ne copie pas Malet, c’est bel et bien un hommage qu’il lui rend, subtil. Il le fait avec un grand talent et sans trahir l’esprit de son œuvre.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les Brouillards de la Butte (qui a été salué par les Grand Prix de Littérature Policière en 2002) est le premier roman d’une trilogie (complétée par Belleville-Barcelone et Boulevard des Branques) centrée sur Paris entre 1926 et 1940. L’auteur nous y conte le passé, mais sans jamais le nommer vraiment, d’un célèbre enquêteur privé de la littérature noire française : Nestor Burma.

Les adaptations BD par Tardi (éditions Casterman) des polars de Malet sont une piste à suivre. Paris y est diablement bien mise en image.

Le début...

Les dix premières lignes...

Le type qui me faisait face me fixait sans me voir. Le discret sourire qui flottait sur ses lèvres lui donnait une expression de stupeur amusée. Peut-être une pensée légère avait-elle traversé son esprit. À moins que ce ne soit l’incongruité de sa situation. Sait-on ce qui peut vous passer dans la tête dans de tels moments ? En tout cas, il devait être d’un naturel aimable. Moi, à sa place… Mais j’aimerais mieux ne pas y être à sa place, parce que l’homme qui me regardait avec tant d’insistance était mort, et bien mort.
— Merde !
Leboeuf ne parlait pas souvent mais il venait de résumer ce que nous pensions tous les quatre (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Dans le Paris de 1926, il est difficile de survivre sans un sou en poche. L’armistice de 1918 n’est pas loin, et les traces de la guerre sont encore présentes. Venu de Montpellier tenter sa chance dans la capitale, Pipette en fait l’amère expérience. Laveur de bouteilles, collaborateur d’un journal à scandales, il multiplie les petits boulots. Le soir, il déclame des poèmes à Montmartre, il y croise la Goulue, André Breton et les surréalistes, les défenseurs de Sacco et Vanzetti… La nuit venue, en compagnie d’une bande d’illégalistes, il cambriole les riches pour arrondir les fins de mois. Un coup c’est un peu d’argent, un autre quelques lingots. Mais quand un coffre-fort s’ouvre sur une macabre découverte c’est bien une sombre histoire qui commence.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Patrick Pecherot










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