Spécial Dédicace

Lilian Bathelot

Jigal Polar - Octobre 2007

Tags :  Polar politique Polar social Comédie Corruption Quidam France Années 1980 Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 24 novembre 2007

Le Président, homme de pouvoir, élu arriviste en mal de carrière ministérielle, s'en retourne d'une réunion tenue avec quelques "vassaux" locaux. Sur le chemin qui le ramène vers sa villa cossue, sur une route déserte, il aperçoit dans la lumière des phares un corps allongé. Un vieux réflexe le fait s'arrêter, s'approcher, mais bien vite la raison lui ordonne de ne pas s'en mêler ; mieux : de fuir.
Mais voilà que la route n'est plus déserte et qu'un autre véhicule approche. Dans sa précipitation, le Président perd du temps et se laisse voir avant de s'extraire de cet engambi au volant de sa Safrane…
Dans l'autre voiture, Marcel et Fernand, deux potes de bistrot, bourrés, qui transportent le butin de leur dernier larcin : une cargaison de pastis de contrebande…

Le postulat de départ de Spécial Dédicace est simple : un même événement vécu par des protagonistes différents. Deux points de vue pour une grosse carambouille…
D'un côté le Président — sûrement d'un conseil général ou régional, on ne saura jamais — élu de la gauche plurielle mais pas pour autant respectable. Ceci dit, sa respectabilité, par contre, il y tient. C'est un atout électoral. Il va donc tout faire pour se sortir de ce mauvais pas.
De l'autre, Marcel, et accessoirement son ami Fernand. Un de la "France d'en bas" qui n'existe pas encore, un des fruits de la crise sur lequel s'abat le chômage, les dettes, les huissiers :

Un vrai pauvre, comme il n'en avait pas vu depuis des années. Pas vu dans sa vraie vie, s'entend, car des déshérités à qui il fallait bien serrer la louche pour le Noël des œuvres, les Restaurants du Cœur, eu que sais-je encore, il ne les voyait pas : il leur accordait, parfois, l'attention nécessaire à s'assurer que son agence conseil les avait bien choisis assez photogéniques. Jamais plus que cela. Et tous les autres pauvres du monde n'avaient jamais été que des chiffres utiles ou dérangeants selon le moment, qu'arguments de campagne ou sujets choisis d'émotions électorales.

Au milieu, entre les deux, la justice… sociale ou autre…
Écrit dans les années quatre-vingts, Spécial Dédicace est un portrait acide des rapports qui "unissent" alors une classe politique arrivée au pouvoir depuis peu et ceux qu'elle est censée défendre. La rencontre de Marcel — parfait quidam et à ce titre excellent "représentant" — et du Président est un cas particulier, mais c'est aussi un point de départ pour dresser un tableau d'ensemble, et l'homme politique, on s'en doute, ne sort pas grandi de cette affaire.

Spécial Dédicace n'est surtout pas un portrait froid, figé. Lilian Bathelot sais insuffler la vie à ses personnages et la rencontre, les rencontres, sont "musclées", rythmées par une avalanche de rebondissements et d'apparitions diverses et variées.
Marcel est le grain de sable qui, dès lors qu'il s'est introduit dans la machine, vient tout faire dérailler ; et les catastrophes s'amoncellent…
L'humour, noir évidemment, est là, à toutes les pages, et la verve de Lilian Bathelot s'écoule en toute fluidité. Et quand on sait qu'il s'agit là du premier volet d'une trilogie, on attend la réédition de la suite avec impatience !..


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dans le genre "machine infernale", accumulation de catastrophes à la manière "dominos", penchez-vous sur le cas de Cédric Mangata, pauvre flic mis en scène par Jan Thirion dans Ego Fatum qui, en une soirée, dépasse largement son quota de malchance…

Le début...

Les dix premières lignes...

En lançant le moteur de la Safrane, le Président inclina la tête vers le groupe resté sur le parking sombre, avec un petit signe de la main gauche. Du même élan, il réussit un de ses sourires bien rodés dont il savait qu’il de propagerait instantanément sur les visages tournés vers lui. Une fois de plus, ces visages convergents lui évoquèrent un champ de tournesol… « et moi, je suis le soleil… ». Les roues mordirent souplement les gravillons. Pendant que la berline s’éloignait, les signes de main persistèrent jusqu’à la sortie du parking. Alors, le sourire amical soigneusement entretenu sur le visage du Président dégénéra en un éclat qui secoue brièvement sa carcasse :
— Oui, moi, je suis votre soleil, bande de cons (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Sète, ses quais, ses ruelles et ses bistrots où l’on picole beaucoup en refaisant le monde.
Pour Marcel et Fernand, deux piliers de comptoir, c’est clair. Il y a des jours « avec » et des années « sans ». Et cette année, c’est plutôt « sans ».
Pour Rachid et les Ratons, y’a d’abord ce concert qui déraille, puis ce cadavre abandonné… Alors pour eux, l’avenir, c’est pas gagné !
Pour le « Président », un grain de sable dans les rouages, et c’est la machine feutrée du pouvoir qui se grippe en hoquetant.
Quand les destins s’emmêlent, mieux vaut être riche et puissant… qu’empégué au fond du gouffre ! L’engrenage fatal est en marche, et même si les dieux de la Méditerranée y mettent leur grain de sel, le bonheur n’est pas forcément au bout du chemin…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Lilian Bathelot










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Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

La Théorie du K.O. Geronimo et Moi