La Chambre Rouge

Ranpo Edogawa

Picquier - Avril 1990 - Traduction (japonais) : Jean-Christian Bouvier

Tags :  Roman noir Nouvelles Japon Historique (avant 1930) Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 18 novembre 2007

L’auteur a dit lui-même des chutes de certaines de ses histoires qu’elles étaient enfantines. C’est le cas, par exemple, de la nouvelle La Chambre Rouge. Mais, à la sortie de l’hécatombe qui fait l’objet du récit, c’est peut-être la moindre des choses de finir en pirouette. Á défaut de jeu d’enfant, on pourrait dire que les histoires de Ranpo Edogawa possèdent déjà une tête et une queue, afin de s’attarder mieux sur le reste du corps. Puisque c’est là que tout arrive.

Des jeux humains, je dirais. Organisés au plus petit détail près par l’auteur qui, sans s’étendre ni s’essouffler, livre son récit dans une écriture simple et précise qui vous cramponne aux pages jusqu’à la dernière goutte – d’encre, de sueur, de sang, d’autre chose encore, à moins que le tout ne soit savamment mêlé au détour d’une phrase et vous fasse alors remuer les fesses sur vos sièges, le temps de s’en remettre.

Fortement influencé par Poe, dit-on ; et on retrouve en effet dans l’univers du fondateur de la littérature policière au Japon cet attachement aux phénomènes irrationnels et aux comportements troublants. C’est dans les mailles de cet héritage que la touche Edogawa s’immisce et se répand. Les cinq textes courts qui composent ce recueil offrent une étrange population de personnages qu’on n’aimerait croiser ni dans une simple rue, ni dans un hall d’hôtel de luxe, ni surtout à la nuit tombée dans un endroit où les couleuvres détalent à notre approche. On n’aimerait pas croiser leurs regards non plus, ni se sentir contraint de répondre à leurs sourires, parce qu’il pourrait bien s’agir là d’un arrêt de mort – mais de préférence lente. Parfois interminable, ou au contraire fulgurante, orchestrée par des perversités qu’il faut bien admettre lorsque le narrateur nous les confie à l’oreille avec autant de délicatesse.

Mais je suis persuadé que les hommes vivent dans un monde de démons qui agissent, comme moi, dans l’ombre et dont les actes défient toute imagination.

lit-on dans La Chaise Humaine. Le jeu de l’auteur se situe peut-être bien ici ; dans cette faculté à aspirer le lecteur dans les sphères intimes des monstres humains qu’il façonne, pour retourner ensuite leurs vices contre lui et le questionner ; vérifier s’il a bien remué sur son siège ou pas. Déterrer le monstre et graver profondément en lui le souvenir de cette nouvelle intitulée La Chenille, par exemple, censurée pendant des années, et qui ouvre ce recueil.

La Pièce de Deux Sens le clôture et fait mine de nous divertir pendant vingt-cinq pages. Ce texte, un véritable délice, vient nous chuchoter (toujours dans l’oreille, cher lecteur) que la perversité est une espèce rhizomique sans âge, et toujours en voie de développement, qui sait se dilater à volonté, à notre insu, n’importe où et n’importe quand, et particulièrement grâce aux failles intimes qu’on a négligemment laissées ouvertes à tous vents.
Un régal.
Une cruelle jouissance.

Ceci dit, rassurez-vous, les chutes de certaines de ces histoires sont enfantines…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Désolé, pas d'idée.

Le début...

Les dix premières lignes...

Dehors, le grand jardin, laissé à l’abandon et envahi par les herbes folles, était déjà plongé dans l’obscurité ; tout en marchant vers le pavillon où l’attendait son mari, Tokiko entendait encore la voix du vieux général la gratifier de ses insupportables éloges. Les phrases qu’il ressassait inlassablement à chacune de ses visites lui laissaient un arrière-goût amer qui lui rappelait étrangement celui de ce plat d’aubergines au gingembre qu’elle détestait (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Un homme mutilé aux prises avec les perversions de sa femme ; une « chaise humaine » prodiguant caresses et sueurs froides à ses victimes ; des confessions criminelles dans une « chambre rouge » ; une intrigue machiavélique autour d’une « pièce de deux sens »…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Ranpo Edogawa










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