La Gigue des Cailleras

Pascal Jahouel

Krakoen - Mai 2007

Tags :  Roman d'enquête Polar social Polar urbain Trafic Flic France Années 2000 Populaire Argotique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 30 août 2007

Denis est un dur, un vrai, de ceux qui ne montrent pas leurs sentiments. Était... Il vient de franchir le cap de l'équilibre et de basculer dans le vide, aidé en cela par le canon menaçant d'un 357 Magnum.
En bas du même immeuble, le lieutenant Bertrand-Hilaire Lejeune — BHL pour les intimes — arrivé là pour interroger un certain "La Rouille", qui manque de se prendre le corps sur le coin du nez.
Parfois, ce sont des machines à laver, des frigos, qui dégringolent des étages sur la gueule des flics qui s'aventurent encore dans les cités, mais des cadavres, rarement. Et encore moins quand le cadavre en question est justement celui du mec qu'on venait voir...

Et revoilà BHL, le seul, l'unique, le vrai. Déjà croisé et apprécié dans Archi Mortel, ce lieutenant de police se trouve aujourd'hui confronté à un monde qu'il connaît bien pour y avoir grandi : la banlieue, celle des cités et des barres HLM. Elles ont pris un coup de vieux ces barres depuis sa jeunesse, un coup de "gris" aussi...

Des coups de fard dévastateurs, en veux-tu en voilà, ont bien été entrepris à une époque pour les rémouler ces cités-dortoir. Du hall à la cage d'escalier, sans oublier les caves et les communs ; tout, des murs aux plafonds, a été ripoliné dans le style bonbonnière aux tons pastel. Mais oualou pour ce qui était de s'employer à débarbouiller le destin crado des occupants des lieux. Et le pire était à venir !

Pour tout le monde — commissaire, juge — la disparition d'un caïd est une bonne chose et personne en cherche à en savoir plus ; ce sera un suicide. Mais BHL est réfractaire à cette idée, comme à toutes celles préconçues. Il creuse, il gratte, il cherche et, forcément, il finit par déterrer... de vieilles histoires pas ragoutantes, sur lesquelles la justice à oublié d'ouvrir les yeux.

Pascal Jahouel n'a rien perdu de sa verve et en mettant en scène le lieutenant Lejeune dans l'univers de la banlieue rouennaise, il s'en donne à cœur joie.
Manier l'argot est un art difficile. Il y faut l'expérience, le vécu ; on apprend pas une telle langue sur les bancs des universités, ou on prend le risque de bien vite tomber à plat. Ici, la maîtrise est parfaite, c'est un régal, une délectation criante de vérité. Le mariage est réussi, le lecteur comblé.
Une vérité qu'on retrouve bien sûr dans le tableau banlieusard dressé par l'auteur. Il y a mise en scène bien sûr — nous sommes dans une fiction — mais il y a avant tout réalisme dans l'environnement, dans les situations, dans les personnages.

BHL fonctionne à la compassion envers les victimes, à la hargne envers les bourreaux. Il s'accroche à une justice qui n'existe quasiment plus, isolé dans une institution — la police — qui le rejette comme un canard boiteux.
Pascal Jahouel quant à lui montre que les frontières entre "racailles" et notables sont bien minces et que la jungle est la même pour tous les prédateurs.

Un roman extrêmement vivant au cours duquel on ne s'ennuie pas une seconde et un BHL qu'on espère croiser encore. On en a besoin des comme ça !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Assurément la première apparition de BHL dans Archi Mortel.
Sinon, à propos de la banlieue et du travail sur la langue, vous pouvez vous pencher sur La Vie de ma Mère ! de Thierry Jonquet.
Et si une approche "intérieure" de cet environnement vous tente, laissez-vous allez jusqu'à découvrir Sournois, le premier roman noir d'Alexandre Clément.

Le début...

Les dix premières lignes...

La Break Danse de Denis
L'aurore affiche sa gueule de bois. La réalité rêche du quotidien a dissipé les rêves de la nuit. Le ciel, plombé par une grisaille, répand sa morosité sur la Cité des Moineaux. Cette matinée augure une funeste journée.
Denis, jusqu'à s'en faire péter la tête, l'estom et les bronches, a abusé tard dans la nuit du sulfureux mélange blancass, Gauldus et képas. L'immodération swingue dans sa calebasse et, ce matin, ses yeux glauques auraient été plus avisés de rester blottis dans les méandres du sommeil. Sa bouche est capitonnée de coton, sa baveuse a triplé de volume et sa gorge semble avoir été décapée à la paille de fer (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

Quand un rouquin surnommé La Rouille s’élance dans les airs du 15e étage de la tour de la cité des moineaux, la loi de la gravitation universelle est rigoureusement vérifiée : un mort. C’est d’ailleurs la seule loi qu’il a respecté durant sa vie trop courte. Assises sur la marmite de ce quartier inflammable, les autorités veulent conclure rapidement au suicide de cet Icare des banlieues, gérant du proximarket de substances illicites. Mais c’est sans compter sur la perspicacité hargneuse du lieutenant de police Bertrand-Hilaire Lejeune, BHL pour les dames. Queue battante et truffe au sol, son flair le mènera de Rouen jusqu’au Havre. En reliant des meurtres inexpliqués, il obtiendra le fin mot de cette sale affaire tout en redonnant à une petite môme salement amochée une étincelle de vie.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Pascal Jahouel










Edition(s)...

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Réédition

Du même auteur...

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