L'Oranaise

Philippe Feeny

Krakoen - Février 2007

Tags :  Roman d'enquête Polar politique Complot Flic Années 1960 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 23 mars 2007

Ils sont six, d'horizons divers, mercenaires ou ex-barbouzes, la plupart anciens militaires — hormis Offanté, commerçant et trésorier de "l'association" — et tous, en cette année 1963, vouent toujours une haine féroce au général qui les a abandonnés, trahis, en accordant son indépendance à l'Algérie.
Aigri, extrémiste, le colonel Ragot est à leur tête avec l'ambition d'abattre le président lors de sa prochaîne visite en Normandie. Cependant, les soutiens, nombreux en 61, se sont taris, les caisses sont vides, plus personne ne croit à un retour en arrière, mis à part ceux de cette petite bande réfractaire. Il va pourtant falloir trouver des fonds, des explosifs ; on n'organise pas un attentat sans "biscuits".
Dès lors tous les moyens sont bons : racket, hold-up, cambriolage de chantier... Il reste un mois avant que de Gaulle n'emprunte le pont choisi pour le massacre...

En quelque sorte, Philippe Feeny met en scène des faits historiques, bien réels, et prend le temps dans la première partie de son récit de restituer le contexte dans lequel ils se sont déroulés. Nous sommes en 1963, l'Algérie est indépendante depuis peu, le quarteron de généraux putchistes a été arrêté, l'OAS demantelée, mais certains groupes d'irréductibles restent constitués. La bande à Ragot est de ceux-là, poursuivant un "lutte" d'un autre âge, perdue d'avance.

Anciens légionnaires, militaires démobilisés en mal d'active ou fanatiques de l'Algérie française et de la grandeur coloniale forment un commando qui devient l'échantillon représentatif des méthodes mises en œuvre pour la déstabilisation et/ou la (re)conquête du pouvoir. Philippe Feeny construit une fiction bien sûr, mais qui s'appuie sur une réalité tangible. Il montre et démonte les mécanismes, parfois artisanaux, de cette guerilla.

Malheureusement, passée cette mise en perspective et la description minutieuse du contexte historique — toutes deux habilement menées — le souffle du récit s'épuise et on peine parfois à suivre le commissaire Kalouba et son adjoint dans leur enquête ; et ce d'autant plus qu'on connaît dès le départ le but qu'ils se doivent d'atteindre.

Un roman qui vaut plus pour le décryptage des événements qui suivirent la fin de la guerre d'Algérie, pour cette mise à en lumière des circuits de financement de l'OAS, que pour l'intrigue qui les révèle.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

À propos de l'histoire coloniale française et de ses retentissements en Afrique du Nord, lire l'excellent 55 de Fièvre de Tito Topin.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ils étaient là tous les six, coincés dans la chambre 28 du motel des Essarts au sud de la ville. Ils attendaient le colonel Ragot dit "Taupin". Le jour tombait et ils ne distinguaient plus leurs visages dans la pénombre enfumée, trouée de l'éclat de leurs cigarettes. Aucun d'eux n'avait osé prendre l'initiative d'allumer. Ils attendaient.
Les frères Janvier, Bodan et Fréderick, venaient de Pologne ou d'Ukraine. Ils avaient adopté pour patronyme le mois de leur engagement dans les Parachutistes (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

1964. L'Algérie est indépendante depuis plus d'un an, mais quelques soldats perdus tentent encore de repasser le film à l'envers dans l'espoir insensé que cette terre redevienne française. Ils espèrent qu'avec la mort de la "grande Zorha" — c'est ainsi que les pieds-noirs surnommaient de Gaulle —, ils lui feront payer ce qu'ils considèrent comme une traîtrise et ainsi renverser le cours de l'histoire. Complots, attentats, règlements de compte se succèdent, mais ce combat est sans issue, la France a tourné la page. La police et la DGST traquent les derniers terroristes de l'OAS. À Rouen, dans ce climat de guerre civile larvée, le commissaire Arsène Kalouba est chargé d'élucider une série de meurtres sans lien apparent. Non sans mal et au péril de sa vie…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Philippe Feeny










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