Rivages / Noir - Octobre 1996
Tags : Roman noir Psychologie Quidam Années 1990 Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 15 février 2007
Elvire Lestrade est enceinte. Avec son ami Simon, elle se rend chez le notaire pour l’ouverture du testament de son frère Daniel qui vient de mourir. Celui-ci, riche, venait tout juste de modifier ses dernières dispositions. Ainsi lègue-t-il sa fortune à sa sœur, mais la jouissance de cet héritage est lié à une étrange condition : que celle-ci n’ait pas de descendance. Si tel était le cas, seul son enfant hériterait, à sa majorité.
Dernière surprise : c’est chez ce même notaire qu’Elvire apprend l’existence et fait la connaissance de la maîtresse de son frère, une certaine Julia...
Étrange roman que ce Bouche d’Ombre. Une construction sophistiquée qui met en lumière un personnage central — Daniel, qui au début du récit vient de mourir — à travers les voix de trois de ses proches : Elvire sa sœur, Simon son homme à tout faire et enfin Julia sa maîtresse.
Si l’on en croit ces narrations alternées, Daniel est une ordure. Il séquestre sa sœur, la réduisant parfois à l’état d’esclave sexuelle ; il se joue de Simon, SDF repêché dans la rue ; entretient un rapport énigmatique avec Julia. Chacun de ses trois-là a toutes les raisons de lui en vouloir et à vrai dire aucun d’eux n’est innocent dans la mort de Daniel.
Mais les choses ne sont pas aussi simples, forcément. Qui est, qui sont les ordures ? Rien n’est jamais tout blanc ni tout noir et Pascal Dessaint s’interroge, magistralement, sur une histoire de vie dominée par le sexe, la sexualité, une histoire compliquée, sombre :
Tu ne te fies qu’au apparence, tu ignores que tout acte que tu imagines être de la pure barbarie répond à une douleur profonde.
Couronné en 1997 par le Prix Mystère de la Critique, Bouche d’Ombre est un roman superbement écrit, dans un style très littéraire et à la fois très efficace. N’y cherchez ni intrigue, ni enquête, plutôt des interrogations et, peut-être, quelques réponses...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Bouche d'Ombre est un roman énigmatique, original. Pas beaucoup de pistes à vous proposer.
Peut-être, quand même, Robin Cook et son Il est Mort les Yeux Ouverts.
Les dix premières lignes...
Elvire collait au pare-brise et je me gardais bien de poser ma main sur sa cuisse. Elle était entièrement à sa conduite et je pouvais sentir la tension dans ses maxillaires, observer à loisir les cernes sous ses yeux, le renflement de son ventre qu’elle ne cherchait plus à dissimuler. Elvire était peut-être déjà fixée sur le sexe de l’enfant mais cela m’importait peu, et puis elle m’en parlerait lorsqu’elle en aurait envie, il suffisait aussi que je lui demande de quoi il retournait pour qu’elle joue aux devinettes et je ne me sentais pas d’humeur, les circonstances ne me semblaient pas non plus favoriser les confidences (...)
Quatrième de couverture...
« Comme l’insecte dans la toile d’araignée, le lecteur se trouve pris au piège de cette fascinante histoire de sexe et de mort.
À l’instar des héros du livre, le lecteur peut-il alors imaginer que le piège qui s’est refermé sur lui est encore plus cruel qu’il ne le redoutait ? Jusqu’au bout, la toile va ainsi continuer de se tisser, de plus en plus enchevêtrée, de plus en plus opaque, jusqu’à brouiller tous les repères d’ordinaire si confortables. Subtil et troublant, mené à son terme avec une parfaite maîtrise, servi par une écriture élégante et précise, Bouche d’Ombre est une belle réussite, et Pascal Dessaint, décidément, une des meilleurs auteurs français du moment. »
Le Monde
Sa trombine... et sa bio en lien...
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