Odin editions - Novembre 2006
Tags : Roman d'enquête Vengeance Flic France Années 2000 Populaire Entre 250 et 400 pages
Publié le : 26 décembre 2006
Le lieutenant Thierry Sauvage est de retour !.. Après les "désastreuses" aventures liées à La Baba-Yaga, il a été mis au placard, cantonné à la rubrique "chats écrasés". Mais son alliée de toujours, la dévouée Joana, réussit à le sortir de l'oubli : une jeune femme vient d'être retrouvée morte dans son appartement, sauvagement agressée, égorgée par son propre chien , un rottweiler. Les affaires reprennent...
En quelques pages, on replonge dans cet univers un peu loufoque, à l'humour subtil, au milieu de personnages – principaux ou secondaires – particulièrement attachants et solidement campés : le lieutenant Sauvage, qui ne sait toujours pas se dépêtrer de ses "femmes", ni de ses enfants d'ailleurs, présents ou à venir ; son confident Philippe Seignol, le légiste, et ses amis les morts ; Joana et sa mère, cloîtrée depuis vingt-quatre ans pour cause d'agoraphobie, de tendance suicidaire, de dépression chronique, voire de paranoïa ; ou encore Mme Kramewsky qui tient son bar avec son caniche empaillé sous son bras...
Attention, je n'ai pas dit qu'il fallait absolument avoir lu le précédent et premier roman d'Élisa Vix pour apprécier celui-là – elle sait d'ailleurs parfaitement planter son décor et ses "acteurs" sans recourir aux petites notes en bas de page (cf. tel épisode) – mais c'est assurément un "plus".
Élisa Vix écrit avec une légèreté déconcertante (ou c'est du moins l'impression que l'on ressent en la lisant ; le travail effectué en amont atteignant l'invisibilité). Elle met en scène une réalité proche du quotidien, la déforme juste ce qu'il faut pour la plier aux impératifs de son intrigue et lui instiller cette dose d'humour un peu acide qui fait son charme. Un résultat criant de vérité.
Sauvage est un cynique pas si reluisant que ça, mais elle sait le rendre tellement sympathique, tellement réel par ses innombrables défauts...
Les personnages, comme les situations, sont fouillés et s'enchaînent dans une impeccable logique, une construction irréprochable.
Á signaler de savoureux dialogues, notamment autour du lieutenant et de son fils Victor :
— Vous ne venez pas avec moi ?
— Non, c'est vendredi, je dois aller chercher Victor à six heures, répondit Sauvage en enfilant son imper.
— Mais il est à peine cinq heures. Il ne vous faut pas une heure pour aller chez votre ex-femme !
— Je dois aller faire des courses avant, mon frigo est vide, et si vous saviez ce que ça bouffe un gamin de neuf ans !
— Oh, je vois, vous allez faire le plein de cornflakes.
— Ça, c'est juste le petit-déjeûner, Joana, et d'ailleurs, les cornflakes, c'est dépassé. Maintenant il leur faut des choco-trucs et des machins-crispy. Et au bout de trois mois, ils n'aiment plus ça, et vous êtes obligés de finir la boîte vous-même.
— Oh, fit la jeune femme, l'ai sincèrement désolé, et pour le bain, vous prenez quoi pour sa peau délicate ?
ou encore :
— Victor, qu'est-ce que tu détestes le plus au monde ? demanda-t-il solennellement.
— Les endives, répondit le garçon sans hésiter.
— Eh bien, les bébés, pour moi, c'est pareil que les endives pour toi.
On ressent à la lecture tout le plaisir pris à l'écriture, un plaisir qui se fait communicatif, qu'on a envie de partager à son tour après l'avoir reçu.
Élisa Vix met en scène avec une grande subtilité des intrigues légères ancrées dans la réalité. On n'est pas dans du roman noir, torturé, mais plutôt du côté du rafraîchissement qui, quand il passe, fait tellement de bien...
— Parfaitement, je sais tout faire ! Je fais partie des petits gens et j'en suis fière, monsieur. »
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Difficile de ne pas vous renvoyer vers le premier épisode des aventures du lieutenant Sauvage, La Baba-Yaga, tout aussi réussi.
Et puis pour l'humour subtil et la qualité des intrigues, une certaine forme de légèreté là aussi, pourquoi pas un détour chez Paul Colize ?
Les dix premières lignes...
Le liquide qui sourdait sous la porte était du sang, mais la jeune femme qui sortait de l'ascenseur, un bébé dans les bras l'ignorait.
En débouchant sur le pallier, elle avait à peine ramrqué cette auréole sombre sur le paillasson de sa voisine. Remontant le bébé sur sa hanche et houspillant Julien et Laura qui traînaient dans l'ascenseur dont les portes menaçaient de se refermer d'un instant à l'autre, elle avait pensé (en fait c'était à peine un acte conscient, plutôt une sorte de déduction réflexe) que Claire Courtin avait renversé quelque chose sur son paillasson. Du vin, peut être (...)
Quatrième de couverture...
Un vent de panique souffle dans la bonne ville de Soissons, le spectre de la bête du Gévaudan s'y profile car une mystérieuse épidémie sévit : des femmes sont égorgées. Le lieutenant Thierry Sauvage, la quarantaine séduisante, va se frotter à cette affaire où le meurtrier manie des armes bien singulières. S'embourbant dans les fausses pistes malgré l'aide de sa fidèle Joana, gérant tant bien que mal la garde de son fils Victor et se demandant s'il n'est pas en train de prendre un sérieux coup de vieux, il parviendra in extremis à démasquer le coupable et à percer le secret de sa nouvelle et glaciale collègue, le lieutenant Laure Bettinger.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...