Krakoen - Décembre 2006
Tags : Roman noir Comédie Flic Toulouse Années 2000 Original Moins de 250 pages
Publié le : 22 décembre 2006
Cédric Mangata est un flic convalescent en arrêt de travail après qu'un suspect récalcitrant lui ait fracassé le crâne contre un radiateur. Il laisse défiler les heures en soignant sa migraine devant la télé et ses programmes insipides. Il rêve... devant des flics américains... mais aussi en évoquant la fille de sa compagne, Delphine, avec qui il vient d'emménager ; cette Milly adolescente et rebelle ne le laisse pas insensible :
Moins il veut bander, plus il bande. Sexe le maudit, son poteau d'exécution. Requiem pour un flic incestueux.
Et puis l'invraisemblable... Lui qui monte à l'étage ; Delphine absente ; Milly dans sa chambre, si désirable, si interdite. Une envie pressante, les toilettes ; une araignée, grosse et velue ; la peur irraisonnée de Milly qui se réfugie sur une chaise et bascule, dans la panique et le vide, par-dessus par rembarde... Lui, accroupi devant ce jeune corps dénudé et sans vie ; elle, sa mère, qui choisit cet instant pour rentrer, pour comprendre de travers...
Dès lors, c'est l'escalade. Jan Thirion ne laissera aucun répit à Cédric Mangata, l'entraînant dans une folle nuit où il va tenter par tous les moyens à sa disposition de se sortir du pétrin dans lequel il s'est fourré. Malheureusement, il est des enchaînements qui défient les lois de la logique salvatrice qui les a engendrés, et c'est un tourbillon infernal qui s'abat sur le pauvre homme. L'effet papillon concentré sur une seule et même tête !..
Jan Thirion a l'écriture noire, ses personnages ont l'âme sombre, mais avec Ego Fatum, il prend (aussi) le parti d'en rire, et donc, de nous faire rire. Car c'est bien une tragi-comédie à laquelle on assiste, un enchaînement macabre de rebondissements, une sorte de théâtre où ce ne sont pas les amants qui sortent des placards, mais les cadavres...
La plume est brève, avare de mots, parant au plus pressé pour dire l'essentiel, pour conserver le rythme qui crée l'élan qui la fait voler. Avec des éclairs aussi, des fulgurances lyriques qui plongent dans l'âme torturée du narrateur :
Alors, comment c'était cette danse ? Génial répondrait-elle. Et toi, la tête, comment ça va ? Pas génial. Elle aurait ri et compati. Ensuite, leur serait venue en même temps la même idée : voir si, en frottant leurs corps comme des pierres, ils étaient encore capables de faire du feu.
Abondance de larmes, balbutiements incontrôlables. Il pleut dans ses mains les syllabes répétées à l'infini des prénoms adorés. Rien pour réparer. Le remords ne fait pas ressusciter. Les noms des personnes aimées ne sont pas des formules magiques.
Noir, à l'extrême ; amoral, à souhait ; mais au bout du compte on ne peut qu'en rire, jaune...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Jan Thirion sait renouveler sa plume et s'il la trempe toujours dans une encre noire, il sait aussi multiplier les registres. N'hésitez pas à goûter ses autres "recettes" comme Dieu Veille Toulouse, ou Mikko.
Par son côté amoral, cette fable cruelle n'est pas sans rappeler le roman de Donald Westlake, Le Couperet.
Les dix premières lignes...
Il abandonne le flic solitaire et le tueur en série. Coup d'œil par le hublot sur l'équipe du RAID prête à intervenir. Il zappe sur l'autre chaîne, les histoires dans les avions le rendent claustrophobe. Épisode de NYPD Blue.
Un gros policier en civil empoigne un suspect par le tricot. gueule contre gueule. Et maintenant, t'arrêtes de faire le con ! On joue plus ! Le gros montre les dents, pupilles du suspect qui rétrécissent. Le collègue du gros, derrière, prêt à intervenir (...)
Quatrième de couverture...
Araignée du soir, espoir. Cédric Mangata, policier de Toulouse, eut préféré que ce dicton dise vrai. En cette nuit de la Toussaint, il voit plutôt dans cette bestiole une messagère funeste, car autour de lui, proches, voisins, collègues, malfrats s'arrêtent brutalement de vivre. Devant cette hécatombe terrifiante, il a beau invoquer « la faute à pas de chance », le responsable, c'est lui. Et pendant ce temps-là, son ennemi juré court toujours et stocke ses victimes dans les congélateurs de la ville. Quand on ne maîtrise plus son destin et qu'on devient soi-même la boule d'un flipper fatal, autant laisser rouler en se délestant de ses remords. « EGO FATUM », comme dit l'autre. Et tenter de tailler la route, jusqu'en enfer.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...