Pas de Littérature !

Sébastien Rutés

Gallimard / La Noire - Mars 2022

Tags :  Roman historique Comédie Truand Quidam Paris Années 1950 Littéraire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 29 octobre 2025

1950. Gringoire Centon est un écrivain qui a perdu l’inspiration. Pour l’heure, il officie en tant que traducteur pour la Série Noire, la collection lancée il y a peu par Marcel Duhamel. De fait, c’est sa femme Gisèle qui traduit puisque lui ne connaît rien à l’anglais. Il se contente d’ajouter une tonalité argotique voulue par Duhamel, un langage fleuri qu’il a appris auprès des truands dans les bars les plus louches de Paris.
Gisèle est une femme amoureuse qui croit au talent de son mari. Elle le pousse à écrire lui-même un roman noir, lui qui a ses entrées chez Gallimard et maîtrise l’argot comme pas deux.

L’idée fait son chemin, d’autant plus lorsque Gringoire rencontre dans un de ses bars favoris un américain qui lui raconte par le menu des histoires de bandits ou de détectives privés, en s’inspirant parfois de ses lectures (son pitch du Grand Sommeil est une petite merveille, voir ci-dessous), ce qui titille l’imagination de son interlocuteur.
De fil en aiguille, pour sa documentation, Gringoire se frotte à de vrais gangsters, comme Jo le Chanceux, ou à un apprenti détective comme Alfons, son voisin espagnol.

J’avais bien aimé Le Syndrome du Cordonnier, ma première lecture de Sébastien Rutés en tant qu’auteur. Le ton, l’humour, le style. Je me suis dit : pourquoi pas enchaîner et j’ai jeté mon dévolu sur son précédent roman, Pas de Littérature !, choix d’autant plus facile qu’il mettait en scène les débuts de la fameuse Série Noire chère à Marcel Duhamel et à tous les lecteurs de polars.

J’ai retrouvé le côté facétieux, l’humour, et cette manière si particulière d’interroger la littérature qui m’avaient interpellé lors de ma première expérience.
Mais Sébastien Rutés est aussi un intellectuel, et il en épouse certains des défauts : il se fait parfois bavard. Il pérore, il complique là où il faudrait faire simple, ou plus fluide.

Ainsi l’intrigue de Pas de Littérature ! est-elle passablement emberlificotée, au point de prendre le risque de perdre son lecteur. Bien sûr on se réjouit de l’exercice de style, du clin d’œil aux débuts de la Série Noire et à la volonté de son directeur de faire coller les textes qu’il publiait à ce qu’il imaginait être les attentes du public, parfois au détriment des auteurs eux-mêmes. Bien sûr on se délecte de réflexions savantes sur la littérature, ou encore du pitch désopilant du Grand Sommeil de Chandler. Bien sûr on sourit devant les rapports qu’entretiennent Gringoire et sa femme Gisèle autour du métier de traducteur, mais pour le « reste », je suis resté sur le bord de la route, loin d’être embarqué dans les aventures tumultueuses et absconses du héros malheureux de ce roman sans aucun doute intelligent (c’est souvent ainsi qu’il est qualifié), mais trop alambiqué pour mon petit cerveau.

Un rendez-vous manqué, ou une erreur de casting…

La jalousie que la grande littérature éprouve devant ces niaiseries écrites à la va-vite est celle des enfants de bonne famille qui observent tristement, à l’arrière de leur voiture de maître, les gamins des rues s’amuser avec un ballon crevé.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

En cherchant des romans qui mettaient en scène des auteurs et s’interrogeaient sur le sens de la littérature, je me suis souvenu de ma première « rencontre » avec Joseph Incardona et son excellent Remington.

Le début...

Les dix premières lignes...

Gisèle me tendit le chapitre qu’elle venait de traduire. J’allai m’asseoir sous la fenêtre pour le lire.
Le détective se présenta chez l’écrivain le lendemain en fin de matinée. C’est son épouse qui ouvrit. Peter Gondola ne s’y attendait pas. Pour lui, les écrivains étaient des êtres solitaires trop dans la lune pour s’occuper d’une femme. Surtout d’une femme comme celle-là. À presque midi, elle portait un déshabillé ouvert sur une nuisette échancrée qui dévoilait la naissance de sa poitrine encore ferme. Un jour, Gondola avait entendu dire que les femmes d’écrivains tombaient en réalité amoureuses d’une œuvre. Parce qu’elles n’avaient pas su faire la différence entre un roman et la réalité, elles finissaient mariées à un maigrichon à lunettes qui passait ses nuits à taper à la machine en fumant.


La fin...

Quatrième de couverture...

Avril 1950. Gringoire Centon est traducteur pour la Série Noire. Parlant mal l’anglais, il fait traduire son épouse en cachette et se contente de transposer le résultat dans un argot approximatif qu’il apprend dans des bistrots mal famés. Désireux de devenir écrivain lui-même, il se laisse entraîner par un drôle d’Américain dans une rocambolesque affaire de truands lettrés, de faux manuscrits et de vrais gangsters, sur fond de guerre culturelle Est-Ouest et de lutte entre anciens et modernes pour la recomposition du Milieu parisien.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Sébastien Rutés










Edition(s)...

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Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Le Syndrome du Cordonnier