Editions Bibliothèque Noire - Novembre 2006
Publié le : 03 novembre 2006
Nous avons bien fait de patienter sur le quai de gare, de croiser les doigts et d'y croire, puisque le train de luxe du polar français et international est repassé par chez nous, avec un numéro 4 de novembre 2006 rempli de joyeux voyageurs sachant raconter des histoires vraies ou fausses. On l'a dit, un cahier central détachable est la grosse nouveauté de la saison. Intitulé “Grandes lignes”, on peut le séparer du magazine proprement dit et l'emmener avec soi comme un recueil de textes, les jours où l'on ne jure que par la fiction.
Dans ce cahier donc, on retrouve Jean-Bernard Pouy et son feuilleton “Les Compagnons du Veau d'or”, Didier Daeninckx qui nous entraîne dans les pas de son inspecteur Lentraille, Caryl Férey toujours à la poursuite de la mystérieuse “Princesse Zoubrovska”. Quant à Tito Topin, nouveau venu, il nous fait découvrir “The Girl from Belleville”. Après d'autres histoires tordues de Daniel Brun, Jean-Claude Lecocq et Sébastien D. Gendron, Marc Villard termine la livraison mensuelle en beauté avec une promenade meurtrière en gondole à Venise.
Pour le reste, tout aussi fourni, nous avons l'actualité éditoriale, romans, BD, ciné, musique même, plus les chroniques de François Angelier - animateur de l'excellente émission “Mauvais genres” de France-Culture -, Jérôme Leroy, Francis Mizio, Hervé Claude et d'autres, lesquels rivalisent d'érudition et d'humour pour notre plus grand plaisir.
Une double page sur le dernier festival America consacré aux littératures américaines qui s'est déroulé à Vincennes, cet automne, fait un bon état des lieux de la nouvelle littérature policière de ce continent. De James Sallis à Norman Green, en passant par Jake Lamar, Nancy Lee, Craig Davidson, Guillermo Arriaga et Leonardo Padura, que Shanghai Express met à l'honneur en lui consacrant un long interview.
Leonardo Padura est un auteur prolifique, cubain, qui connaît un large succès. Ses ouvrages sont traduits dans plusieurs langues. Pour lui, le roman policier est véritablement le roman de la ville, de l'ambiance urbaine, des conflits urbains. S'il parle des noirceurs de la vie, il garde une manière assez poétique de raconter. Son dernier roman, “les Brumes du passé” fait resurgir après douze ans d'absence son enquêteur Mario Conde, policier qu'on avait suivi entre autres dans “Electre à La Havane”.
Autre interview de poids, celle de Ken Bruen, à l'occasion de la parution de son dernier roman, “Le Martyre des Magdalenes”, dans une enquête de son privé Jack Taylor. Ken Bruen mène deux séries de front. Celle avec le détective, qui est un hommage à la littérature américaine, des pulps en particulier, et celle avec R & B, deux policiers de Londres qui savent employer les méthodes des voyous pour arriver à leurs fins. Au fil de ses réponses, Ken Bruen, irlandais, il faut le rappeler, nous révèle qu'il est grand lecteur de Samuel Beckett, que celui-ci lui a appris l'économie de mots et le silence dans l'écriture, mais qu'il est aussi un traître à la patrie, car il ne boit ni whisky ni Guiness. Comme Edward Bunker, dont il a été l'ami, il a connu la prison. Le premier, plusieurs années. Lui, plusieurs mois au Brésil. La violence côtoyée dans cette période a forcément nourrit son oeuvre. Pour finir, il rappelle ce que lui disait Bunker à propos de la postérité. Peu importe l'argent ou la postérité, ce qui compte... c'est d'être lu en France.
Une troisième interview avec l'éditrice Hélène Oswald nous fait revivre les riches heures de Neo, avec son catalogue de nouveaux auteurs à l'époque, tels que Fajardie, Marc Villard, et des inédits de William Irish, Fredric Brown, Pierre Siniac. On se souviendra des couvertures signées Jean-Claude Claeys. Depuis, Neo a repris au Cherche midi et continue à mélanger les genres, polar, SF, thriller, espionnage, les ouvrages de Theodore Roszak en locomotive, et ceux de Michel de Pracontal et Martin Winckler.
Pour conclure en beauté, Shanghai Express nous offre un large extrait du roman d'Antonin Varenne, “le Fruit de vos entrailles”, édité dans la collection Intrigues de Toute Latitude.
Comme de coutume, la revue a fait appel à un graphiste pour illustrer entièrement le numéro. Cette fois, il s'agit d'Alexis Lanvin.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Shanghai Express a été récompensé du prix de la critique Maurice Renault 2006.
Et pour une fois, on aime aussi les publicités. Celle des éditions Après la lune et celle de Suite noire des éditions la branche. Tous ces titres de romans, tous ces noms d'auteurs, une belle preuve que le polar n'arrête pas de ressusciter. Comme Shanghai Express.
Les dix premières lignes...
Éditorial du numéro 4
Shanghai Express a pris de plus longues vacances que prévu. Il se trouve que notre petite entreprise de presse qui se consacre au roman noir et au polar a eu du mal à s'adapter à certaines contraintes économiques.
Éditer, préparer, rédiger, imprimer, distribuer, prend du temps, de l'énergie et de l'argent. Il nous fallait revoir un peu notre système et nos objectifs. Voilà qui est fait !
La formule ne change pas. Nous avons surtout revu l'organisation du magazine et notre distribution. Shanghai Express continue d'être présent dans un millier de kiosques en France, mais on le trouvera dorénavant dans les meilleures librairies. S'abonner reste toutefois une excellente façon de nous soutenir.
Quatrième de couverture...
Au sommaire du numéro 4
Shanghai Express, le retour. Après quatre mois d'interruption, la toute récente revue polardière reparaît dans une présentation sensiblement améliorée, avec cahier central dédié aux fictions détachable.
Au programme, Didier Daeninckx, Leonardo Padura, Hélène Oswald, Ken Bruen, Tito Topin, Marc Villard, plus les collaborateurs et auteurs de feuilletons habituels. Le noir est toujours de rigueur, avec un peu d'humour ici et là pour que ça passe en douceur.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...