Viviane Hamy - Mai 2006
Tags : Roman d'enquête Flic Années 2000 Original Plus de 400 pages
Publié le : 31 mai 2006
Jean-Baptiste Adamsberg est en train d'aménager la nouvelle demeure qu'il vient d'acquérir en plein Paris quand son voisin, un vieil espagnol estropié,
vient le mettre en garde : la maison est hantée. Par une nonne passée à
l'escroquerie et morte en 1771 sous les poings de son bourreau.
Côté professionnel, le commissaire se bat pour conserver la primauté sur
deux cadavres retrouvés égorgés Porte de la Chapelle. Un peu de terre
fraiche retrouvée sous leurs ongles l'empêche de croire à une affaire
de drogue comme voudrait le lui faire admettre son collègue des stups.
Et puis il y a le nouveau. Le lieutenant Veyrenc, dernièrement affecté à
la brigade. Un solitaire endurci, amateur de lecture et versificateur
invétéré...
Fred Vargas s'attache à des petits riens, c'est bien connu. Ils constituent
même souvent le point de départ de ses récits avant d'en emplir le
cœur. Dans les Bois Éternels ne déroge pas à cette règle.
Adamsberg est un "pelleteur de nuages", selon l'expression désormais consacrée. Il avance dans ses enquêtes à l'intuition, au feeling, en dehors de
toute logique, voire même de méthodologie. Heureusement pour lui, les
résultats sont là et c'est ainsi qu'il dirige la brigade criminelle
parisienne.
Même si ses plus assidus lecteurs connaissent déjà l'équipe qui l'entoure, Fred Vargas prend le temps de camper à nouveau les personnages qui composent le commissariat Adamsberg. Elle s'amuse avec eux, leurs caractères propres, leurs
interférences étranges, mais dans une longue première partie, on n'est
pas loin de finir par s'ennuyer devant le spectacle qui fonctionne
comme un collage de petites saynètes.
Bien sûr l'auteur n'est pas sans talent, sans humour non plus. Fred Vargas sait construire des individualités hors du commun et tout à la fois d'une
proximité indéniable. En appuyant ici sur une petite manie, là sur une
lubie, elle invente des êtres fantasques qui viennent titiller notre
imaginaire avachi, mais il ne suffit pas de les agiter sur la scène
pour faire un théâtre.
L'intrigue elle-même finit par se mettre en place. Tous ces petits riens accumulés donnent enfin une direction que s'empresse de suivre le commissaire,
accompagné de son équipe récalcitrante. On le sait, les tueurs en
série, chez Fred Vargas, ne donnent pas lieu à des thrillers, et on se
réjouit de retrouver enfin la fantaisie qui fait son coup de patte,
mêlant cette fois adroitement les ingrédient selon une recette qui a
fait ses preuves : quelques grains de folie dans un univers assis sur
la réalité. Une mixture qui n'est pas sans rappeler les meilleures
heures de la saga Malaussène chère à Daniel Pennac.
Au final, un Fred Vargas de plus, après deux années de silence littéraire,
fidèle à l'image qu'on s'en fait, mais sûrement pas son meilleur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Adamsberg a été plus en forme que perdus "dans les bois éternel". pour ceux qui ne les auraient pas encore lus, je conseille tout de même L'Homme à l'Envers et Pars Vite et Reviens Tard.
Les dix premières lignes...
En coinçant le rideau de sa fenêtre avec une pince à linge, Lucio pouvait
observer le nouveau voisin mieux à son aise. C'était un petit gars brun
qui montait un mur de parpaings sans fil à plomb, et torse nu sous un
vent frais de mars. Après une heure de guet, Lucio secoua rapidement la
tête, comme un lézard met fin à sa sieste immobile, détachant de ses
lèvres sa cigarettes éteinte.
- Celui-là, dit-il en posant finalement son diagnostic, pas de plomb dans
la tête, pas de plomb dans les mains. Il va sur son âne en suivant sa
boussole. Comme ça l'arrange.
- Et bien laisse-le, dit sa fille, sans conviction (...).
Quatrième de couverture...
- Danglard, la voyez-vous ? demanda Adamsberg. L'Ombre ?
Le commandant revint sur ses pas, tournant les yeux vers la fenêtre et
vers la pluie qui assombrissait la pièce. Mais il était trop fin
connaisseur d'Adamsberg pour se figurer que le commissaire lui parlait
du temps.
- Elle est là. Danglard. Elle voile le jour. Vous a sentez ? Elle nous drape, elle nous regarde.
- Humeur sombre ? suggéra le commandant.
- Quelque chose comme cela. Autour de nous.
Danglard passa la main sur sa nuque, se donnant le temps de la réflexion. Quelle ombre ? quand, où, comment ?
- Depuis quand ? demanda-t-il.
- Peu de jours après que je suis revenu. Elle guettait peut-être avant, rôdant dans les parages.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...