Les Saules

Mathilde Beaussault

Seuil Policiers - Janvier 2025

Tags :  Polar rural Psychologie Quidam France profonde Années 1980 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 14 mars 2025

Recommandé Dans cette campagne bretonne, reculée, on tue encore le cochon à la ferme. C’est une vieille tradition qui rassemble les gens.
C’est au cœur de ce territoire qu’a grandi Marie. À quinze ans à peine, elle a découvert le pouvoir qu’elle avait sur les hommes. À dix-sept ans, elle a fini par tomber enceinte et, pleine d’un espoir mesuré, a prévenu le père.
On la retrouvera dans un fossé, étranglée, abandonnée.

Plus qu’à l’enquête sur la mort de Marie, c’est à l’autopsie d’un village breton à l’aube des années quatre-vingts à laquelle on assiste avec Les Saules, premier roman de Mathilde Beaussault, elle-même née de parents agriculteurs, dans les années quatre-vingt, en Bretagne…

L’auteur décrit avec beaucoup de finesse un monde qu’elle a vécu de l’intérieur et il y a beaucoup de justesse dans son regard, beaucoup de sincérité, voire de tendresse.
Les portes d’entrée qu’elle propose sont nombreuses et variées. On a par exemple le défilé des témoins à la brigade de gendarmerie — l’ex-petit copain, la meilleure amie — qui dessine en creux le portrait d’une Marie qui prenait trop de place aux yeux de beaucoup dans ce petit monde clos.
On assiste également aux efforts des gendarmes eux-mêmes qui s’enlisent au milieu des non-dits, des silences. Dans ce village de quelques centaines d’âmes, tout le monde se connaît, se croise, mais rien n’empêche les petites rancœurs, les jalousies, comme entre la Basse Motte où l’on a retrouvé le corps de Marie, le « quartier » (il s’agit tout au plus de quelques masures) des ploucs, et la Haute Motte, distante seulement de quelques centaines de mètres, mais si éloignée dans les esprits, là où vivent justement les parents de Marie, pharmaciens.

Et puis il y a Marguerite, cette gamine taiseuse, hirsute, sale, souvent moquée, voisine des lieux du drame, qui pourrait bien en savoir plus qu’on ne le croit. Mais on lui a fait comprendre, dès le plus jeune âge, que moins elle en dirait, mieux elle se porterait. Et les vaches seront bien gardées…

On ne construit pas grand-chose sur des fossés de silences et de non-dits. (…)
On réfrène les émotions ici, on les tient à bonne distance. Et quand il faut ensevelir celles qui salissent ou perturbent, on n’est pas feignant et on creuse profondément leur tombe.

C’est ce regard d’enfant qui, du haut de ses dix ans, se pose à sa manière sur cet environnement si particulier. Un regard pas forcément perturbé par le drame qui s’est joué, qui montre une vie dure, plus proche d’un éternel rural qui perdure que des préoccupations citadines qui s’immiscent dans les esprits.
Marie n’est plus, son caractère extraverti, sa liberté revendiquée ont été anéantis par les chapes de silence qui pèsent sur le village ; Marguerite, son opposé, son « négatif », agissant comme un révélateur et montrant qu’ici, dans un sens ou dans l’autre, on ne sort pas du rang.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le polar rural est un genre à part entière qui recèle quelques pépites. Du côté de la Bretagne « profonde » on pourra se pencher sur l’excellent Country Blues de Claude Bathany.

Le début...

Les dix premières lignes...

Elle met un peu de rouge sur ses lèvres. Pas trop. Il lui a déjà dit qu’il trouvait ça vulgaire. Un peu pute même. Et Marie a rougi, frissonné de honte et baissé les yeux à la manière d’un chiot pris en faute, réprimant une envie d’essuyer son maquillage d’un revers de manche. Marie a l’habitude de n’obéir à personne. Mais lui, il avait raison. Il a le don d’avoir toujours raison, sur Marie.
Face à sa psyché, elle caresse d’une main affectueuse son ventre qu’elle s’imagine déjà rebondi et sourit à son reflet. Son chemisier blanc sagement déboutonné met en valeur ses seins tendus de jeune fille. Sa jupe rouge, un peu moins sage, taquine le bas de ses cuisses. Il n’y résiste jamais longtemps et glisse toujours une main dans sa culotte qu’il écarte de ses deux doigts sans prendre la peine de l’enlever.


La fin...

Quatrième de couverture...

Allongée au bord de la rivière, cachée par les saules pleureurs, Marie, dix-sept ans, semble paisible, endormie, ce que démentent les marques sombres sur son cou.
Sa mort brutale ébranle toute la communauté, et surtout Marguerite, une petite fille solitaire que tous croient simple d’esprit. Ses parents, peu enclins à manifester leur affection, travaillent leur terre du matin au soir. Livrée à elle-même, maltraitée à l’école, elle aime se réfugier au bord de la rivière, où elle se sent en sécurité sous les saules.
Cette nuit-là, elle a vu quelque chose. Elle voudrait bien aider Marie, la seule qui était gentille avec elle. Mais voilà, Marguerite ne parle pas, ou presque jamais. Mutique derrière sa chevelure sale et emmêlée, elle observe l’agitation des adultes qui, gendarmes ou habitants, mènent l’enquête. Mais comment discerner la vérité parmi les rumeurs, les rivalités familiales et les rancœurs tissées de longue date ?


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Mathilde Beaussault










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