Rivages / Thriller - Février 2005
Tags : Roman noir Polar politique Trafic Complot Flic Paris Années 2000 Original Entre 250 et 400 pages
Publié le : 31 mai 2005
21 mars 2001. Jacques Lerois, commissaire aux renseignements généraux, est
en planque avec son équipe devant un hôtel particulier de la banlieue
parisienne cossue. Un député de la majorité y organise un pince-fesses
et il est toujours utile de savoir qui fréquente qui dans les arcanes
du pouvoir. Soudain, un corps traverse le champ de vision de ses
jumelles et s'écrase dans la cour pavée de l'hôtel. Il s'agit d'une
femme, entièrement nue, qui a filé des combles au rez-de-chaussée par
la voie la plus rapide...
28 mars. Simon Pierry, Jean-Lus Matthieux et Paul Lassène s'installent dans leurs bureaux flambant neufs. Ils viennent de créer PML Consulting et font
partie du troisième cercle de pouvoir, celui des sans-grades, des
interchangeables, des besogneux, du côté du président en exercice. Leur
mission est simple : à un an des prochaines présidentielles, assurer la
réélection du sortant. Le moyen : empêcher le candidat de la majorité
parlementaire d'atteindre le second tour en le faisant battre dès le
premier par un "invité surprise". Concrètement, dans cette machination,
PML est chargé d'organiser la peur dans les médias.
30 mars. Piers Goodwhile descend de l'Eurostar et reçoit une mallette
contenant arme, argent et cinq disquettes. C'est un spécialiste de la
manipulation mentale, de l'interrogatoire poussé, sans violence, qui
atteint toujours son but, un as dans son domaine. Son contact pour son
nouvel emploi en France : Jacques Lerois.
La défenestrée serait une prostituée venue de l'Europe de l'Est, chargée
en alcool et opiacés au moment de sa chute. Mais l'enquête n'avance
guère et est même retirée au lieutenant Hélène Carvelle. Député oblige.
Sur les disquettes de Piers Goodwhile quinze cibles potentielles. Une seule
emportera la partie, un anonyme haineux, amateur d'armes, qu'il s'agit
de manipuler, baptisé Nemrod. Victor Courcaillet pourrait bien être
celui-là : petit artisan, il est fâché avec tout le monde, il voit des
complots partout, une sorte de paranoïa qu'il entretient dans son salon
en tripotant amoureusement les armes qui sont devenues ses seules
compagnes.
PML Consulting engage sa tâche de lobbying de l'insécurité. Tous les moyens sont bons pour que leurs
cibles, télévisions, radios et presse écrite montent en épingle le
moindre incident, le moindre évènement, pour en faire un élément de
l'insécurité ambiante. Mais ils ne sont eux-mêmes qu'un rouage de la
machine qui s'ébranle, ils ignorent tout de Nemrod...
Tels sont les personnages mis en place par Jean-Hugues Oppel dès l'ouverture
de son récit. Ce sont eux qu'on va suivre jusqu'au lendemain du
dimanche 21 avril 2002, jour ou une majorité de françaises et de
français se sont réveillés avec un gout amer au fond de la gorge et un
chef de l'extrême droite présent au second tour de l'élection majeure
du pays.
Jean-Hugues Oppel a justement sa petite idée sur la question et il montre à travers ce récit de
politique-fiction comment la partie s'est jouée, comment chacun d'entre
nous s'est retrouvé pris dans une vaste machination où le rôle des
différents médias fut prépondérant... et manipulé.
Jean-Hugues Oppel fait du roman noir avec l'Histoire immédiate. Il ne juge pas. il
expose, il décrit. Des faits, rien que des faits. Pas de sentiments,
pas de fioritures. Un écriture sèche, simple. Des litanies de grands
titres barrant les unes de la presse durant cette période. Des
chapitres courts reprenant la chronologie de chacun des personnages
qu'on apprend à connaître un à un.
Mais cette simplicité affichée cache un véritable travail. On pense bien sûr à l'hommage appuyé rendu au maître Ellroy dès la citation mise en
exergue, mais aussi à travers ce roman tout entier : par son titre, par
son style, par sa mise en forme même.
Le 21 avril 2002 avait semble-t-il réveillé les français, c'est ce qu'on
avait voulu croire. Jean-Hugues Oppel sonne le rappel, mais on voudrait
bien croire cette fois qu'il ne s'agit que d'une fiction...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
C'est le premier roman de Jean-Hugues Oppel que je lis, ce ne sera sûrement
pas le dernier. Je ne peux pas vous laisser sans citer bien sûr le
premier volet de la trilogie Underworld USA de James Ellroy, à qui ce
roman rend directement hommage : American Tabloïd.
Vous pouvez également écouter et regarder Jean-Hugues Oppel commenter son
travail pour ce roman, sa démarche, dans une vidéo réalisée par Bernard
Strainchamps (créateur de Mauvais Genres) et Anne Pambrun sur le site Rue des Boulets.
Les dix premières lignes...
Jacques Lerois regarde le journal télévisé de la première chaîne chez lui
vautré dans la canapé du salon les jambes allongées sur un
repose-pieds. Son épouse s'affaire en cuisine. Les enfants terminent
leurs devoirs chacun dans sa chambre. Tout le monde passera à table
avec la météo. Soirée familiale en perspective. La situation est assez
rare pour qu'il en profite au maximum. Jacques Lerois exerce un métier
prenant.
Simon Pierry écoute les informations à la radio sur un poste périphérique sans vraiment y faire attention. Il attend Jean-Luc Matthieux qui doit passer prendre Paul Lassène chez lui avant de venir. Les trois hommes prendront l'apéritif avant d'aller dîner au restaurant. Simon Pierry leur fera une annonce après le dessert au moment du café et des liqueurs : les choses sérieuses
commenceront la semaine prochaine (...).
Quatrième de couverture...
Du mois de mars au mois d'avril de l'année suivante : plus d'un an
consacré à préparer les élections présidentielles. On ne s'y prend
jamais assez tôt pour certains qui n'ont qu'un seul objectif : le
candidat sortant doit être réélu. Coûte que coûte. Alors tous les coups
sont permis.
Un commissaire au statut controversé, un spécialiste très méticuleux, un lieutenant de police ordinaire, un solitaire paranoïaque, des professionnels de
l'information qui savent ce que manipuler l'opinion publique veut dire
: autant de personnages aux trajectoires entrecroisées qui ont un
rendez-vous avec l'Histoire sans le savoir... En le sachant trop bien ?
French Tabloïds ou comment Jean-Hugues Oppel propose une explication tout à fait crédible du résultat qui secoua la France au soir du 21 avril 2002 : la présence du candidat d'extrême droite au second tour de l'élection
présidentielle. Une surprise ? Non, une manœuvre retorse, savamment
orchestrée.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...