Des Voix dans les Ténèbres

Andrew Coburn

Rivages / Noir - Janvier 2006 - Traduction (anglais) : Gérard de Chergé

Tags :  Roman noir Polar social Psychologie Flic Etats Unis Années 1990 Littéraire Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 23 avril 2009

Dans le quartier résidentiel, plutôt prospère, des Heights à Bensington, toutes les familles se connaissent et toutes compatissent au malheur de Harley Bodine qui vient de perdre son fils Glen, un adolescent introverti et atteint d'une leucémie, qui vient de tomber sous le métro. Les autorités concluent à un accident, mais le suicide n'est pas exclu. Dans le même temps, un SDF, un peu simplet, du nom de Dudley rôde dans le quartier. Le chef James Morgan a vite fait de l'arrêter, mais au moment de le relâcher à la sortie de la ville, celui-ci lui dit être un tueur d'enfant. Une confidence qui fait faire machine arrière au vieux shérif :

— Qu'est ce que vous faites en hiver ? lui demande Morgan.
— Je gèle
— Et qu'est ce que vous faites quand vous ne gelez pas ?
Dudley sourit.
— Je tue des enfants.

Étrange, déroutant, ce sont les mots qui viennent quand on referme ce roman qui sort des codes du polar classique, on pourrait essayer de le ranger du côté des thrillers psychologiques mais le terme thriller n'est vrai que sur le titre du livre, Des Voix dans les Ténèbres, qui est à contre courant de ce qu'il peut inspirer.
Ce livre présente une étude de mœurs d'une banlieue américaine plutôt "chic". Les hommes ont des postes importants et les revenus qui vont avec, ainsi que l'arrogance de se croire au-dessus des hommes et de leurs lois. Les femmes sont au foyer, et s'occupent principalement d'elle-même. Tout ce microcosme se retrouve pour des soirées où les apparences et les acquisitions sont là pour en jeter à la gueule des voisins, pour une partie de golf, ou bien, pour s'envoyer en l'air en catimini hors de la vue du mari ou de l'épouse. Bref tous ces gens s'agitent pour combattre l'ennui total de leur vie. Un univers qui peut rappeler certains côtés de la série Deseperate Housewife, l'humour en moins, ou le magnifique American Beauty.
Sur un rythme lancinant qui m'a laissé dubitatif pendant le premier tiers du roman, Andrew Coburn prend son temps en entremêlant les histoires de plusieurs familles avec, en fil rouge, l'enquête de James Morgan sur ce curieux SDF, poète à ses heures, qu'est Dudley devenu la coqueluche de certains habitants, peut-être envieux de sa liberté.

Ce livre met le doigt sur le cynisme de cette bourgeoisie égoïste qui pense que son pouvoir acquis l'est sur tout le monde, qui vit sur des apparences de perfection ou de réussite sociale (beaux enfants, mariage heureux, etc.). Mais sous le verni se trouve un tableau bien sombre, presque cruel, de gens qui ont perdu l'espoir d'améliorer leur vie et qui pourtant courent après, même s'il faut tuer ses enfants.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dans la même veine qu'Andrew Coburn, il serait pas mal de se pencher du côté de Claude Amoz, dont le rythme est similaire et qui, si elle n'e fait pas forcément une critique de la bourgeoisie, propose une œuvre orienté sur la famille, les racines et le passé.

Le début...

Les dix premières lignes...

Le dernier jour de sa vie, il lut un avertissement dans son horoscope. Il posa le journal de côté quand une femme lui demanda si elle pouvait partager le banc avec lui. Elle s'assit tout près, son chemisier ouvert sur la peau blanche, et replia une jambe sous elle en disant :
— Voyons… tu dois avoir quatorze ans.
Il en avait seize, rectifia-t-il, ce qui était l'exacte vérité, même s'il était menu pour son âge et portait un appareil dentaire. C'était son anniversaire, en plus, mais ça il ne le lui dit pas.
— Moi, dit-elle, je n'ai jamais eu seize ans.
Il eut un sourire involontaire qui révéla son appareil.
— Forcément si, un jour.
— Non, j'ai sauté mon tour.
Ils se trouvaient dans le jardin public, où les jonquilles brandissaient leurs clochettes et où les tulipes faisaient penser à des coupes en attentes d'offrandes. Plus loin, au bord du lagon où des bateaux-cygnes transportaient des enfants et des touristes, des forsythias éclatants juraient avec les rhododendrons rouges. Le ciel de Boston était du marbre veiné.
— Je m'appelle Mary. Et toi (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Dans le quartier résidentiel des Heights à Bensington, Massachusetts, les gens ont de belles situations et de belles maisons. La plupart des femmes ne travaillent pas, alors elles ont le temps de s’ennuyer, de ressasser, de haïr, même. Et puis un jour, un drame éclate. Le corps de Glen Bodine, brillant étudiant introverti à la santé fragile, est retrouvé sous une rame du métro de Boston, la ville voisine. Il est mort le jour de son anniversaire ; il avait rendez-vous avec son père qui n’est jamais venu. Suicide ? Accident ? Personne ne veut envisager d’autre possibilité. Pourtant, le chef de la police locale, James Morgan, commence à se poser des questions quand il arrête un étrange clochard qui prétend être un tueur à gages d’enfants…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Andrew Coburn










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