Jean-Hugues Oppel

Un avis personnel...

Publié le : 1er mai 2006

Drôle d'univers, que celui de Brocéliande sur Marne. Jeux de mots et humour bizarrement léger, sur fond de peinture sociale sombre, glauque, désabusée.
La fée Morgane est une pute, le chevalier Lancelot est un enfoiré de promoteur, la table ronde du roi Arthur a cramé en début de partie... L'avenir qui s'annonce pour la petite ville manque cruellement d'éclat et son présent crie le désespoir.
Reste au milieu de ça Tintin, le fils du roi Arthur, aux ambitions de rockeur et amoureux de la fée décadente, qui va peut-être sauver tout ce petit monde. Ou peut-être ne sauver que lui-même, au bout du compte. Ce qui n'est déjà pas rien.

Banlieue morose, drogue, SIDA, arnaques financières, relations humaines pourries jusqu'au trognon, politiciens véreux, quartiers en voie de destruction, jeunes pleins de rêves qui se heurtent aux contours grisâtres des murs gris de la ville grise...
Tout ça pour finalement engendrer, sous la plume étonnante de Jean-Hugues Oppel, un roman drôle et trop léger pour raconter tant d'horreurs. La légèreté est la sauvegarde du lecteur, pour ne pas sombrer dans la déprime. C'est le langage du désespoir, comme celui d'Emile le clochard de Ambernave, la dernière barrière avant la dépression et le dégout du monde.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Ambernave, du même auteur.

Le début...

Les dix premières lignes...

- Ouâne, tou, tri... Ouâne, tou, tri, faure !
Un la barré plaqué à la cinquième case, le médiator rageur gifle les cordes au ras du chevalet. L'accord maltraité rugit dans la cave et résonne contre la brique des murs.
Tintin prolonge le son du vibrato, Mimi attaque à l'octave et gratte comme une furie sa Gibson d'occasion, Gégé a comme d'habitude raté son dièse à l'intro et prend le train en marche à la mesure suivante, il recale sa ligne de base en contrepoint plus ou moins régulier. Plutôt plus que moins. Désorienté, Jeannot le batteur improvise un semblant de tempo sur sa caisse claire et attend le premier refrain pour raccrocher les wagons (...).

La fin...

Quatrième de couverture...

Brocéliande sur Marne... Royaume de banlieue coincé entre rivière glauque et forêt de vingt chênes, entre passé de guinguettes et futur caterpillé. Que vont devenir Martin le chanteur, l'éternel entubé, et son restaurateur de papa, Leroy Arthur, patron de La table ronde ; Morgane Laffa l'ensorcelante, ni fée ni à faire ; Lanchelot Dulac, les promoteurs promotant sans pitié : Lech et Vallier, l'immigré et les vieux syndicalistes, qui dépriment à l'imprimerie... ?
Tout un petit monde promis aux affres du béton dévoreur d'horizon : hun pour tous, tous dans le pétrin.