La Manufacture de Livres - Février 2024
Tags : Polar social Polar scientifique Scientifique France Années 2010 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 17 août 2025
Aimée et Arnaud se connaissent depuis l’adolescence, mais il aura fallu quelques années avant qu’ils n’entament une relation amoureuse.
Depuis longtemps, Aimée y pensait, mais Arnaud avait la tête ailleurs, dans des paradis artificiels qui l’avaient rendu psychologiquement instable.
À l’été 2012, ils se retrouvent brièvement, après une énième cure de désintoxication, une autre disparition. Le désir d’Aimée est intact, la fragilité d’Arnaud aussi. À peine sont-ils réunis qu’il se volatilise à nouveau.
Un an a passé. Jean-Claude Pouillat est chirurgien depuis trente ans dans un hôpital de banlieue qui se délabre lentement faute d’un budget d’entretien suffisant. Il est aussi le père d’Arnaud et soigne ses fins de journée dans un alcoolisme naissant qui maintient comme il peut son enthousiasme et son engagement pour son métier de soignant tandis que son couple se détériore.
Depuis la disparition d’Arnaud, il vivote. Sa femme Nathalie et son autre fils sont absents, partis pour une longue période à Montréal. Il ne voit plus grand monde, à part peut-être son ami de longue date, Gilles, qui lui apprend que sa fille, Aimée, a décidé de passer son premier stage d’internat dans son hôpital, à Villedeuil.
Quant à Laetitia, vingt-quatre ans, elle travaille à l’accueil des urgences de l’hôpital de Villedeuil, un poste aussi stratégique que contraignant.
Une interne, un chirurgien, une infirmière. Il sera donc question d’hôpital avec Blanches, premier roman de Claire Vesin, elle-même exerçant une profession médicale. D’hôpital, oui, mais d’humains également, avant tout même, de famille aussi tant les liens qui unissent Aimée et Jean-Claude autour de la disparition d’Arnaud sont présents, bien qu’à peine esquissés.
L’institution hospitalière est une machine, mais ce sont des hommes et des femmes qui la font tourner, avec leur dévouement et leurs faiblesses, avec aussi le manque de moyens dont on entend souvent évoquer les ravages.
Mais Blanches est aussi le portrait de cette proche banlieue parisienne, trop éloignée de la grande ville pour bénéficier de ses avantages, mais assez proche pour profiter de ses inconvénients.
Roman sans véritable intrigue (si ce n’est un « drame » qui agit en tant que fil rouge du récit), mais plutôt un regard choral sur le monde hospitalier, dont on pourrait regretter qu’il se défausse si facilement de ce qui constitue son point de départ : la disparition de l’amour de l’une et du fils de l’autre, comme s’il s’agissait d’un simple prétexte.
Reste le portrait saisissant — quasiment le témoignage — dressé de l’intérieur et à tous les étages, de celles et ceux qui perdent leur santé à préserver celle des autres.
On attend Claire Vesin et sa sensibilité tout en retenue pour la « suite » et un second roman en cette rentrée littéraire.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Le monde hospitalier est aussi le sujet d’un des premiers romans de Jeanne Desaubry, Hosto (Haines Hospitalières), même s’il se situe au début des années 2000, une époque « rêvée » pour l’hôpital…
Les dix premières lignes...
Il n’est pas encore dix heures, et des gouttes de sueur coulent déjà le long de ses flancs. Trente-quatre degrés sont prévus aujourd’hui ; elle a ouvert les deux fenêtres de l’appartement, mais l’air reste immobile, comme figé.
Aimée lit une nouvelle fois le SMS d’Arnaud.
Salut Beauté
Je t’attendrai dimanche à 11 h à la gare du Nord, devant les quais des trains de banlieue. J’ai un endroit génial à te montrer.
Love you
Beauté. Elle l’entend le dire avec ce mélange irrésistible de dérision et de tendresse.
Elle voudrait se convaincre qu’il ne s’est rien passé pendant ces jours à l’attendre, dévorée par l’angoisse.
Il est là, de nouveau, et il veut la voir. Il n’y a que cela qui compte. Il ne lui est sans doute rien arrivé. Rien de grave en tout cas.
Ces derniers mois ont été éprouvants. Leurs heures ensemble devenaient pesantes : elle travaillait ses cours, et il restait là à s’ennuyer, feuilletant un livre sur le lit. Et puis, le soir arrivant, il commençait à s’agiter. Il fixait le plafond, lui disait qu’il étouffait lentement, chez elle, et partait se perdre dans la nuit.
Le lundi précédent, il n’est pas rentré. Elle n’a rien dit à personne. Elle a eu raison finalement : il est revenu. De toute façon, Arnaud n’a jamais été un garçon stable.
Quatrième de couverture...
Villedeuil, aux portes de Paris. Ses tours, ses habitants, et son hôpital. Jean-Claude y a passé toute sa carrière — jours comme nuits — au sein du service de chirurgie. Mélancolique et désormais solitaire, il reste passionné par cette ville comme par son métier. Laetitia y est née et y travaille, infirmière trop tendre pour l’âpreté de son poste à l’accueil des urgences. Aimée, jeune femme brillante autant que perdue, débute l’internat et décide d’effectuer son premier stage à Villedeuil, mue par des loyautés invisibles. Fabrice, médecin au SAMU, sera bientôt père mais fuit sa vie personnelle. Lors de ces mois vécus ensemble, leurs destins vont s’entremêler. Au sein d’un hôpital qui se fissure de toute part, ils partageront joies et échecs, détresse et amour du métier. Malgré les difficultés, ils tiennent, jusqu’à ce qu’une nuit, cet équilibre soit remis en question, bouleversant leurs vies.
Avec ce premier roman poignant, Claire Vesin nous fait entendre la voix vibrante de celles et ceux qui font l’hôpital public et sont marqués à jamais par le combat ordinaire mené pour soigner dignement.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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