Denoël - Avril 1995 - Traduction (anglais) : Jean-Daniel Brèque
Tags : Polar fantastique Complot Historique (avant 1930) Plus de 400 pages
Publié le : 31 mars 2006
L'Échiquier du Mal est une grande fresque historico-fantastique, teintée d'un sombre à la limite de l'angoissant.
Dan Simmons, dans les 1300 pages de ce roman, s'applique à créer un univers
inspiré du nôtre, de notre histoire, mais dans lequel les atrocités
disséminées dans le monde seraient le fait de quelques individus aux
pouvoirs psychiques surdéveloppés. Ces "vampires" psychiques sont
capables de plier n'importe qui ou presque à leur volonté. Certains de
leurs pions sont même complètement annihilés en tant d'êtres humains,
et conditionnés pour servir fidèlement leurs maîtres, ad vitam
æternam...
L'auteur nous présente une petite dizaine de vampires psychiques, très
différents les uns des autres par leur personnalité, mais ayant tous en
commun le goût du pouvoir et une absence totale de sens moral.
Tous, ils utilisent leur Talent pour plier les autres à leurs caprices, que
ça soit pour faire et défaire des gouvernements, pour abuser des femmes
qu'ils convoitent, ou pour jouer aux échecs à l'échelle mondiale, en
prenant pour pions des êtres humains.
Ce roman est bien écrit, admirablement documenté, et impressionnant par le
travail et l'investissement qu'il a du demander à son auteur, pour
créer un univers si cohérent, si fouillé, aux personnages décrits si
minutieusement.
Il est aussi très inégal, du point de vue du rythme. Si le début est captivant, la narration s'essouffle en milieu de parcours, pour reprendre à une allure haletante en début de troisième partie et s'achever de façon décevante
au regard de tout ce qui a été décrit auparavant.
J'ai été séduite au début par tout ce que l'auteur mettait en place, tous
les éléments laissant penser qu'on va assister à une véritable
apocalypse, un truc à couper le souffle. Et puis malheureusement,
certains de ces éléments passionnants se perdent un peu en route.
Alors que l'on suppose que le jeu opposant les vampires psychiques entre eux
va prendre des dimensions planétaires, cette évolution traîne un peu.
On a cru au spectaculaire, et il est bien long à arriver.
Ceci est heureusement compensé par de nombreux passages excellents, en
particulier toutes les scènes mêlant l'horreur et l'action, où l'on
voit les différents vampires manipuler leurs pions. Ces êtres
déshumanisés, privés de personnalité et de libre arbitre, errent comme
des zombies, dirigés par la volonté de leurs maîtres. Ils commettent
des actes aberrants ou horribles, leur corps ne leur appartient plus,
et l'on assiste à la lutte perdue d'avance qui se joue au fond d'eux,
contre ce viol mental que leur imposent les vampires.
C'est très probablement un bouquin à lire sans lever les yeux, pour rester
dans l'ambiance et ne pas être gêné par ses baisses de rythme.
Quoi qu'il en soit, il séduira les amateurs de fantastique et de roman très
noir, désireux de plonger corps et âme dans un univers bien construit
et peuplé de personnages franchement terrifiants....
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Allez donc faire un petit tour du côté des Racines du Mal, de Maurice G. Dantec. Vous y retrouverez l'alliance de la SF et du roman noir, le jeu à grande échelle et la réflexion sur le mal et la soif de domination de l'être humain...
Les dix premières lignes...
Saul Laski gisait parmi les morts en sursis, dans un camp d'extermination et
pensait à la vie. Saul frissonnait dans le noir et le froid,
s'efforçant de se rappeler les détails d'un matin de printemps : la
lumière dorée qui caresse les branches des saules ployant au-dessus du
ruisseau, le champ de pâquerettes blanches derrière les bâtiments en
pierre de la ferme de son oncle.
Le baraquement était plongé dans un silence que venaient seulement
troubler les quintes de toux rauque et les mouvements furtifs des Musselmänner , les morts-vivants, qui cherchaient vainement un peu de chaleur dans la paille froide. Un vieillard fut secoué par une toux spasmodique
signalant la fin d'une longue lutte désespérée. Il serait mort à
l'aube. Ou s'il survivait à la nuit, il n'aurait pas la force d'aller
dans la neige répondre à l'appel du matin, ce qui signifiait qu'il
serait mort avant midi (...).
Quatrième de couverture...
Ils ont le Talent.
Ils ont la capacité de pénétrer dans notre esprit pour nous transformer en
marionnettes au service de leurs perversions et de leur appétit de
pouvoir. Ils tirent les ficelles de l'histoire. Sans eux le nazisme
n'aurait peut-être jamais existé, et nombre de flambées de violence,
tueries, accidents inexpliqués n'auraient peut-être pas ensanglanté
notre époque. Car ils se livrent aussi entre eux une guerre sans merci,
selon des règles empruntées à celles des échecs.
Ce sont des vampires psychiques.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...