La Manufacture de Livres - Septembre 2024
Tags : Roman d'enquête Polar social Trafic Discrimination Flic France Années 2020 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 24 janvier 2025
Un couple de migrants, Amos et Grace, s’apprête à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie. Un espoir contraint chez lui, un désespoir profond pour elle. Ils vont constituer une sorte de fil rouge qui va traverser le roman.
À l’autopsie d’Émilie Vaudrey, qu’on suppose suicidée à l’aide de médicaments, le légiste découvre qu’elle était enceinte. Il n’en faut pas plus au commandant Cérisol pour penser qu’il s’agit plutôt d’une victime. Avec la lieutenante Krzyzaniak, sa nouvelle recrue, il va mener l’enquête, épaulée par une substitut du procureur opiniâtre.
Une enquête parmi d’autres puisque son équipe se doit également de résoudre l’énigme d’un cadavre retrouvé dans un caveau de bonne famille. Et du côté de Versailles, les bonnes familles, on les soigne…
Bienvenue dans le monde gris d’un commissariat de la banlieue ouest de Paris, plutôt privilégiée, avec ses « petites » affaires criminelles. On suit le quotidien d’un groupe de la police judiciaire, la crim', avec son commandant quinquagénaire, son bras droit de longue date et quelques nouvelles recrues. Leur quotidien professionnel, mais aussi personnel. Benoît Séverac s’attache à la vie de ses personnages, leur donne corps et esprit. Ils ne sont pas seulement des flics, mais aussi et avant tout des êtres humains.
Les enquêtes s’entremêlent, mais petit à petit, ce sont bien les hommes et les femmes qui prennent le dessus. Chacun à son histoire à raconter.
Si le monde décrit est gris, la lecture l’est tout autant ; sans relief. Le Bruit de nos Pas Perdus, qui bénéficie incontestablement d’un titre magnifique, s’oublie dès la dernière page tournée et Benoît Séverac n’a pas la puissance d’une Claire Raphaël pour se confronter au quotidien et lui donner des couleurs.
Les intentions sont louables de dénoncer une forme de trafic d’êtres humains, d’illustrer le désespoir d’une migration forcée, de mettre en lumière les petits arrangements des puissants avec la légalité, d’explorer les rapports de couple, la maternité, mais il manque l’entrain et la force de persuasion pour embarquer le lecteur.
C’est bien fait, mais trop gris, trop terne à mon goût.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Comme indiqué plus haut, l’attachement à l’humain est une particularité des romans de Claire Raphaël, la passion en plus. Ne vous en privez pas.
Les dix premières lignes...
Depuis plusieurs jours, Grace ne parle plus.
Elle a cessé de se nourrir, également. Une bouchée ou deux de riz qu’à peine ingurgitées elle doit se retenir de rendre.
Elle n’accepte de boire que si Amos se fâche en forçant le goulot d’une bouteille entre ses lèvres sèches.
Amos se fâche souvent ces derniers temps. Il n’était pas comme cela, avant. Il faut dire qu’avant… Au fond, ils étaient heureux dans leur village des montagnes du Tibesti.
Amos affirme qu’ils seraient morts s’ils étaient restés. Il a très certainement raison ; Grace a bien vu ce que les rebelles ont fait à leurs voisins. Pourtant, eux étaient musulmans, alors qu’Amos et elle sont catholiques ; or, les menaces envers les chrétiens se sont multipliées depuis quelques années.
« Nous aurions été les prochains », avait aboyé Amos la fois où elle lui avait lancé à la figure : « C’est de ta faute, tout ça ! Nous n’aurions jamais dû partir ! »
Quatrième de couverture...
À la Crim’ de Versailles, le commandant Cérisol a enfin une équipe opérationnelle. Un jeune pro du taekwondo à l’instinct très sûr, un adjoint sexagénaire qui gère ses dossiers aussi bien que sa famille nombreuse et une nouvelle recrue, jeune femme de caractère prête à se tailler une place dans ce cercle résolument masculin. Ils ne sont pas trop de quatre pour faire face aux affaires qui s’accumulent : d’abord un corps anonyme momifié est abandonné au cimetière. Ensuite, il y a l’apparent suicide d’une jeune femme à qui tout semblait sourire. À ces deux mystères vient s’en ajouter un qui bouleverse Cérisol : sa femme Sylvia, partie pour une compétition handisport au Japon, ne donne plus signe de vie…
Au gré des enquêtes de cette équipe de flics, on découvre leurs rêves brisés, leurs combats du quotidien, des mensonges et des vies qui basculent. Benoît Séverac signe un nouveau roman policier plein de finesse et d’humanité qui nous raconte que c’est parmi les hommes et les femmes ordinaires que l’on trouve les criminels comme les héros.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...