Fleuve Noir - Août 2024
Tags : Espionnage Service secret Afrique Années 2020 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 1er septembre 2024
Alassane Cissoko est un jeune homme vivant en plein Sahel dans le nord du Mali. Son peu d’études en médecine est là-bas suffisant pour faire office d’infirmier dans son village, ou lorsque des djihadistes débarquent avec des blessés. Alassane entretient une haine envers les militaires français qui ont par erreur abattu son imam depuis un drone, le confondant avec un messager. Avant qu’ils ne quittent le village, il s’engage auprès des djihadistes pour mener croisade.
À Paris, Clic et Clac, deux analystes des images provenant des drones de surveillance confirment la réception d’un message à leur supérieure, Marie-Jeanne Duthilleul, directrice du renseignement :
Canaque a infiltré le GSIM. Il est opérationnel
Grâce aux renseignements fournis par Canaque, la DGSE a fini par identifier le circuit d’approvisionnement en armes des djihadistes. C’est au tour du service action d’intervenir.
Le rôle du Service Action, disait-on communément, était d’évacuer les poubelles de la France, que personne ne voulait respirer sous ses fenêtres. À la différence près que les éboueurs avaient le droit à l’erreur. Pas les Mouettes, le surnom que se donnaient les membres du SA.
Le roman est sous-titré « Dans l’univers de la série Le Bureau des Légendes » et on sent quand même, dès l’entame, comme un travail de commande. Les ingrédients sont définis et la recette écrite : nous voilà plongés au cœur de l’espionnage français, la caméra posée sur l’épaule et chaque chapitre est une longue scène qu’on pourrait croire prête à filmer.
La première partie du récit est quasi documentaire, au côté des hommes et femmes du service action durant une de leurs interventions. C’est rythmé, décrit avec soin, mais contrairement aux habitudes de l’auteur, il manque la mise en perspective et le contexte politique qui sont ici à peine effleurés.
La suite des opérations révèle la possible préparation d’un attentat d’ampleur, voire d’un coup d’État au Mali fomenté par les djihadistes.
La question se pose alors du sort de l’infiltré Canaque.
Le dilemme est ardu : d’un côté la préservation d’une prouesse qu’aucun des meilleurs services secrets de la planète n’a réussi à mener à bien (à savoir infiltrer les djihadistes), de l’autre entériner la participation active d’un agent français à un acte terroriste pour ne pas le griller.
Les avis des pontes de la DGSE sont partagés : sauver leur homme ou sauver la mission ?
Si la géopolitique du nord Mali et les opérations antiterroristes dans lesquelles la France a été engagée servent de toile de fond au récit, elles n’en constituent pas moins un simple décor qui, même s’il est réaliste, reste sans grande profondeur. Le sujet n’est pas vraiment là et Thomas Cantaloube s’attache plus à ses personnages et à leurs « actions » qu’à leurs motivations profondes. Les Mouettes apparaît dès lors comme un roman d’action-espionnage plutôt bien mené à partir du moment où l’on oublie que son auteur a su par le passé être bien plus « politique » dans sa production. Après tout, en affichant sur sa couverture la « marque » Bureau des Légendes, on peut considérer qu’il n’y a pas vraiment tromperie sur la marchandise. Mais est-ce suffisant pour autant ?
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Du même auteur, j’ai préféré sa trilogie publiée chez Gallimard dans la Série Noire et consacrée d’une manière générale à la décolonisation dans les premiers temps de la cinquième République.
Les dix premières lignes...
Le soleil n’avait pas encore entamé sa descente rougeoyante sur l’horizon lorsque le grondement distant des diesels parvint aux oreilles des habitants du village sans nom perdu dans les tréfonds du Sahel. Tous se figèrent instantanément dans leurs activités, tels des animaux ayant identifié le bruissement d’un prédateur parmi les dizaines de sons feutrés de la rocaille. Il leur fallut moins de dix secondes pour déterminer que les moteurs se rapprochaient bel et bien d’eux, qu’ils ne faisaient pas que filer sur la piste vers une destination lointaine.
Ils savaient tous ce que cela signifiait.
Pas la peine de fuir ni d’essayer de se dissimuler. C’était inutile.
On murmure souvent que le désert ne l’est pas vraiment. Qu’il regorge de vie, de paysages, d’artefacts. C’est vrai. Par contre, une chose est tout aussi sûre : le désert ne recèle pas beaucoup de repaires. Les enfants pouvaient bien jouer à cache-cache dans la colline de roches noirâtres à laquelle le village s’adossait, il aurait été illusoire de prétendre s’y réfugier en nombre (…)
Quatrième de couverture...
Depuis un drame personnel, le capitaine Yannick Corsan est relégué à un simple rôle de formateur à la DGSE. Mais au sein du Service Action, le retour sur le terrain n’est jamais loin, surtout quand on a la confiance du directeur des opérations, Marcel Gaingouin.
À la suite du sabotage d’une usine d’armement conduit par ses soins en Serbie, le renseignement français acquiert la conviction que le groupe djihadiste GSIM prépare une attaque d’envergure au Mali. Une situation d’autant plus préoccupante que Canaque, un jeune agent clandestin, est parvenu à infiltrer l’organisation terroriste, et qu’il est hors de question que celui-ci participe à un attentat. La DGSE n’a pas le choix : elle doit lancer l’exfiltration secrète de Canaque sous les ordres de Corsan.
Confronté à des enjeux diplomatiques et géopolitiques majeurs, ce dernier réussira-t-il sa mission fantôme avant de se faire rattraper par les siens ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...