Le Mur Grec

Nicolas Verdan

L'Atalante - Octobre 2022

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Corruption Flic Grèce Années 2010 Littéraire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 10 novembre 2023

Lorsque la seule tête d’un Européen est découverte non loin de la frontière gréco-turque, à la limite de l’espace Schengen, Agent Evangelos, flic des renseignements proche de la retraite est dépêché sur place pour éclaircir le mystère.
Nous sommes à la fin de la première décennie des années 2000 et la Grèce est en pleine crise économique, subissant de plein fouet la rigueur imposée par la Banque Mondiale et les partenaires européens.
Dans le nord du pays, du côté de cette dizaine de kilomètres de frontière terrestre avec la Turquie qui constitue une des portes d’entrée vers l’Europe pour les flux de réfugiés, on est plutôt habitué à découvrir des cadavres de migrants, fréquents, à l’issue leurs tentatives pour rejoindre l’Europe, et Evangelos est sommé par sa hiérarchie d’étouffer l’affaire avant qu’elle ne s’ébruite. Rien ne doit perturber l’édification du mur de barbelés qui doit être érigé à la frontière turque pour calmer les ardeurs de la « commission » et des fonctionnaires de Frontex qui considèrent l’endroit comme une véritable passoire.

Cherchons la vérité, à défaut de faire régner la moindre justice.

La vérité est sordide : quelques officiers de la Frontex, en accord avec les tenanciers du bordel local, organisaient des parties fines dont l’une aurait mal tourné. Une aubaine pour les politiciens grecs face à Bruxelles, en quête de budget, mais pas pour Evangelos. Si leurs pratiques sont coupables, elles n’expliquent pas la tête coupée. C’est une des prostituées, bientôt retrouvée terrorisée et hagarde, qui fournira un semblant d’explication…

Il faut un certain temps et quelques dizaines de pages pour se glisser dans le récit de Nicolas Verdan en compagnie de son personnage énigmatique, Agent Evangelos. L’écriture est originale, le découpage sophistiqué déconcertant, mais dès lors qu’on s’adapte à cette exigence, la magie opère.
Le roman est court (un peu plus de deux cents pages) mais d’une foisonnante densité.

À l’instant, son histoire rejoint celle du migrant, non pas qu’elle ne fasse que la croiser, alors qu’elle en vient à se confondre avec la sienne, son histoire, la leur, la nôtre, poussés que nous sommes d’aller chercher ce point d’horizon où nous pouvons conserver la confiance en nos rêves égarés.

Nicolas Verdan connaît bien la Grèce, pays d’origine de sa mère, et y séjourne régulièrement, aussi n’est-il pas étonnant qu’il en dresse un portrait saisissant. Evangelos fait le lien entre aujourd’hui et l’époque de la dictature militaire, les mauvais penchants qui perdurent, mais aussi la corruption qui gangrène le pouvoir quand les Grecs eux-mêmes n’aspirent, impuissants devant les conséquences de la crise économique, qu’à vivre tranquilles. Il en va d’ailleurs de même avec les personnages de la prostituée russe et de l’entrepreneur allemand liés à la présence de cette tête coupée, pris au piège d’un système totalement dérégulé.
Et bien évidemment, il y a pourtant plus malheureux qu’eux aux frontières d’une Europe encore riche, recroquevillée derrière ses portes d’entrée situées étrangement chez ses membres les plus démunis et sur qui la « commission » rejette la responsabilité d’endiguer les flux de réfugiés.
Paru une première fois en 2015 avant d’être réédité dans la collection Fusion, Le Mur Grec est néanmoins malheureusement toujours d’actualité.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pas d'idée... Mais une nouvelle "aventure" d'Agent Evangelos a paru le mois dernier. On ne sera pas sans en reparler...

Le début...

Les dix premières lignes...

On dirait une vague, elle monte, elle descend, la rue, elle monte encore, elle se soulève, elle retombe. Cette houle donne la mesure du quartier, avec ses crêtes et ses creux, ses faux plats. Une rue qui s’avance dans la ville, deux heures après minuit, quand commence l’histoire, sur une colline habitée, une fois, dans la nuit du 21 au 22 décembre 2010, rue Irakleous, à Neos Kosmos, Athènes, Grèce.
« À quoi ressemble une tête coupée ? » Agent Evangelos s’interroge…


La fin...

Quatrième de couverture...

Décembre 2010, Athènes, sur fond de manifestations anti-austérité. Agent Evangelos, bientôt à la retraite, est devant son bar préféré, le Batman. À la maternité, sa fille Andromède accouche. Mais le policier est appelé pour une tête retrouvée sans corps. Il se rend au bord du fleuve Evros, à la frontière gréco-turque, en pleine zone militaire interdite. L’affaire est délicate : la Grèce doit construire un mur de barbelés pour empêcher le passage des migrants, et elle a besoin de l’argent de Bruxelles. Or la tête a été retrouvée près de l’Eros, un bordel pour soldats…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Nicolas Verdan










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