L'Enigme de Flatey

Viktor Arnar Ingolfsson

Seuil Policiers - Février 2013 - Traduction (islandais) : Patrick Guelpa

Tags :  Roman d'enquête Polar rural Détective amateur Islande Années 1960 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 24 février 2013

On sait le succès rencontré en France par le polar nordique en général. C'est devenu en quelques années un filon, un produit d'appel, quasiment une "tête de gondole". Pas un éditeur qui ne propose à son catalogue un auteur suédois, norvégien, danois, ou plus rarement finnois. On sait également que tous ceux-là n'ont pas forcément le talent d'un Mankell, d'un Larsson ou d'un Joensuu.
C'est dans ce cadre-là qu'au Seuil ils ont déniché dernièrement un Islandais, Viktor Arnar Ingólfsson, et traduit son roman Flateyjargáta paru initialement en 2003. Comme quoi, il reste encore de la matière…

Nous sommes en 1960, à l'ouest de l'Islande, au milieu de cet immense fjord qui sépare le nord du sud du pays. Autant dire au milieu de nulle part. À mi-chemin des côtes se trouve l'île de Flatey, habitée d'une cinquantaine d'âmes. Un gros rocher battu par les flots avec quelques Vikings dessus…
Par un matin brumeux, partis malgré tout pêcher le phoque sur un îlot isolé en dehors des routes maritimes, le père et le fils Guđvaldsson découvrent sur Ketilsey un cadavre en piteux état dont il ne reste quasiment que le squelette.
Sur Flatey, qui n'est desservie qu'une fois par semaine par le bateau postal, c'est l'événement. Le bourgmestre, le pasteur, l'instituteur, personne ne sait quoi faire de cet encombrant "cadeau". La préfecture est prévenue et envoie sur place un jeune adjoint à peine sorti de l'école, Kjartan, afin d'identifier la victime, de faire rapatrier le corps et de mener l'enquête.
Même si de nombreuses semaines, voire mois, sont passées avant que le corps ne soit découvert, on finit tout de même par l'identifier comme étant celui de feu Gaston Lund, un professeur danois spécialisé dans l'étude des récits moyenâgeux et qui se serait sans doute rendu dans la région pour consulter le Livre de Flatey, une sorte de compilation des sagas racontant les épopées des rois de Norvège, une relique.
Une relique qui renferme cependant un secret, sous la forme d'une énigme composée de quarante questions, et que personne n'a semble-t-il jamais réussi à résoudre.
Durant quelques jours, coincé sur cette île, Kjartan va tenter de résoudre les deux énigmes qui s'offrent à lui…

L'Énigme de Flatey est un roman étrange, atypique, qui vous embarque vers des ailleurs méconnus. Au premier abord, il y a les habitants de cette île perdue au bout du monde qui, au début des années soixante, mènent une vie rude, adaptée à l'environnement et au climat. Ils sont un peu pêcheurs, un peu éleveurs, un peu bricoleurs, et surtout vivent en vase clos. À travers le regard, l'enquête et les déambulations de Kjartan, l'auteur prend le temps de nous décrire ces descendants de Vikings que l'on apprend à mieux connaître grâce à une approche quasi ethnographique du récit.
Et puis, alors qu'elles ponctuent chaque fin de chapitre, les questions de l'énigme du Livre de Flatey donnent petit à petit un aperçu de ces fameuses sagas islandaises. Venues du fond des temps par voie orale, elles ont été transmises de génération en génération, avant d'être compilées et confiées aux soins des copistes du Moyen Âge pour raconter les aventures royales ou les épopées chevaleresques et souvent violentes de quelques héros du grand nord. Et le roman de prendre alors une tournure historique qui, en donnant quelques clefs, suscite l'envie d'ouvrir certaines portes.
Car au fond, il faut bien le dire, l'intérêt principal du roman ne réside pas dans l'enquête policière de Kjartan qui, si elle est bien menée à son terme, n'en demeure pas moins le simple fil sur lequel l'auteur enfile les perles qu'il a voulu mettre en valeur.

Dépaysant, atypique, L'Énigme de Flatey est un voyage étonnant qui sort des sentiers battus. Fussent-ils nordiques…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

L'Énigme de Flatey est actuellement le seul roman de l'auteur à avoir été traduit en français.

Quant à ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet, il convient de se rapprocher du livre de Régis Boyer, grand spécialiste en la matière : Les Sagas Islandaises (chez Payot).

Le début...

Les dix premières lignes...

Le vent soufflait de l'est dans le Breiđafjörđur ce matin-là de bonne heure et une brise très fraîche ébouriffait les vague écumantes dans les passages resserrés entre les îles de l'Ouest. Résolument, un macareux effleurait à toute vitesse la crête des vagues et un cormoran poussé par la curiosité s'étirait sur la partie basse d'un écueil. Quelques guillemots noirs plongeaient dans l'eau profonde et, tout là-haut dans les airs, des mouettes arrogantes tournoyaient en quête d'une éventuelle pitance. D'un seul coup, toute l'œuvre de la Création s'animait dans le fjord et s'éveillait dans la splendeur du soleil matinal.

Un bateau à moteur de petite taille mais solide tanguait tout ce qu'il pouvait sur les vagues et s'éloignait de Flatey en mettant cap au sud. L'embarcation pouvait accueillir un canot à rames, elle était calfatée avec de la poix, et sur ses flancs figurait son nom en lettres majuscules blanches : Krummi (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Un corps quasiment à l'état de squelette est retrouvé par des pêcheurs sur un îlot isolé au large de Flatey, petite île située à une centaine de milles au nord de Reykjavik.

L'adjoint du préfet, Kjartan, dépêché pour prendre possession des restes et établir un rapport, n'a aucune expérience des enquêtes criminelles. Les habitants de l'île ne lui sont pas d'une grande aide et il faudra un coup de main de la police du continent pour établir que la victime était un universitaire danois spécialisé dans les sagas nordiques.

Une seule chose peut expliquer la présence, incognito, du professeur dans cette région reculée : le Livre de Flatey, compilation de textes du Moyen Âge relatant les aventures des rois de Norvège. Or la copie conservée sur l'île contient une énigme, sous forme de charade en quarante questions, dont tous les spécialistes cherchent en vain la clé depuis longtemps. Ce qui n'explique pas pour autant qui, parmi ces pêcheurs frustes et travailleurs, pouvait vouloir sa mort.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Viktor Arnar Ingolfsson










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