Krakoen - Janvier 2012
Tags : Polar social Vengeance Quidam France Années 1990 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 17 mai 2012
Dans le sud de la France, le départ en retraite de Raoul Trille, directeur fondateur d'un supermarché aux résultats exceptionnels, et depuis racheté par un important groupe de la grande distribution, correspond à l'arrivée dans les murs d'un jeune cadre au profil de gestionnaire formaté ultra-libéral : Jean-Edgar de Fourchon.
Pour Rémy Beaugé, responsable des achats et du personnel, dans la société depuis sa création vingt ans plus tôt, c'est un chambardement. Mais les chiffres parlent pour lui : leur enseigne est régulièrement citée en exemple comme une des plus performantes. Alors pour Rémy, pour Clothilde — sa charmante et dévouée collègue — comme pour les autres salariés, pour l'instant, c'est plutôt wait and see…
On s'en doute, l'expectative ne va pas durer bien longtemps. Rapidement, le jeune de Fourchon prend ses marques et ses aises. Il est là pour rentabiliser l'affaire et se faire bien voir auprès de ses supérieurs. Et quand bien même le supermarché est une superbe affaire, il faut trouver les moyens de toujours rendre plus.
Avec des méthodes de sagouin, le jeune gestionnaire va pressurer l'entreprise et surtout ses salariés. Clothilde, la secrétaire dévouée et efficace, mais effacée, sera une des premières à en faire les frais. Quant à Beaugé qui se sent un temps préservé par les résultats, il ne tardera pas à se retrouver dehors, piégé par un de Fourchon sans aucun scrupules ni états d'âme.
Sonnera alors, après une période d'apathie, l'heure de la vengeance. Rémy va frapper là ou ça fait mal : au portefeuille. Il décide, aidé par quelques bras cassés locaux, de s'emparer d'une des grosses recettes de la semaine. Pas si compliqué : c'est lui qui, en son temps, a fait installer le système de surveillance ; et c'est de Fourchon qui, récemment, a fait supprimer la tournée de nuit des vigiles par soucis d'économie…
Après avoir mis en scène le temps de trois épisodes le personnage de Lily Verdine, Zolma revient à ses premières amours pour décrire de l'intérieur le monde du travail et plus particulièrement celui de la grande distribution (cf. Merci Patron (Mort en Sauce), son premier roman publié).
On retrouve là une gouaille sympathique et un sens de la formule qui ont fait leurs preuves, tout comme des personnages secondaires attachants qui traversaient déjà ses précédents romans, mais en choisissant un angle d'attaque qui joue sur la légèreté, Zolma peine à nous décrire ce monde violent qu'est devenu celui de l'entreprise aujourd'hui.
Du coup, on obtient un récit qui sent le réchauffé, vieilli avant l'heure. C'est certes sympathique, mais on ne fait pas une soupe à l'ancienne dans des casseroles neuves.
On a l'impression que Zolma nous ressert un texte, ou un sujet, qui remonte à ses débuts.
Ici, tout ou presque a déjà été dit, vu, ou lu. Et si l'on compatit aux (mes)aventures de Rémy Beaugé, si l'on sourit de l'organisation de sa vengeance, on ne voit pas de surprises arriver. Et quand bien même on ne s'ennuie pas, voilà un livre qui s'oublie aussi vite qu'il se referme. Sans doute trop gentil par les temps qui courent…
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Les aventures de Lily Verdine, du même auteur, qui se déclinent en Croisière Jaune, Mistral Cinglant et Lily en Eaux Troubles.
Quand au sujet du monde du travail, ne laissez pas passer le roman de Marin Ledun, Les Visages Écrasés. Beaucoup, beaucoup plus sombre…
Les dix premières lignes...
— Vas-y, Nobel, mets un coup de masse sur le plexi.
Gutemberg désignait une des lucarnes en forme de cloche qui permettait de pénétrer dans les combles du supermarché.
— La flotte va rentrer.
— On s'en fout.
Le marteau de fonte s'est abattu sur la cloche de plastique. Elle s'est fêlée, sans s'ouvrir. Un second coup et l'eau que nous expédiaient les cieux vengeurs s'est insinuée dans le local par une fente plus conséquente (…)
Quatrième de couverture...
Un boulot en or, une collègue charmante pour laquelle il serait venu bosser même le dimanche, un avenir radieux… Il était heureux, Rémy Baugé dans son hyper ! Patatras, un jeune manager parachuté a imposé en quelques mois ses méthodes pour pressurer les employés dans le but d'augmenter le rendement du « capital apatride ». Adieu bonheur sans nuages ! Mais comment leur faire payer ces agissements ? Alors germe en lui une idée : taper dans la caisse, puisque c'est le fric qui leur importe. Las ! Avec les pieds nickelés qu'il a engagés pour faire le coup, sa retraite dorée va se transformer en chemin de croix.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...