Seuil / Roman noir - Janvier 2012
Tags : Quidam Afrique Futuriste Littéraire Entre 250 et 400 pages
Publié le : 28 mars 2012
Abdel est un jeune beur de banlieue qui, plutôt que de sombrer dans la délinquance, a choisi de s'engager dans l'armée, séduit par des affiches publicitaires aguichantes. Après un entraînement intensif, il se retrouve au milieu de nulle part, dans le désert de l'Est africain, pour une mission pacifique de l'OTAN autour de la ville d'Al-Jannah.
Abdel ne sait pas pourquoi il est là, ni son copain Sammy, ni vraiment d'ailleurs leur hiérarchie. C'est pourtant là, lors d'une garde devant la porte du camp Oasis 1, qu'il va perdre la vie, pris pour cible par un sniper…
Soleil pesant, chaleur lourde, immobilisme… Lorsqu'on est perdu au milieu du désert, il ne se passe pas grand-chose. Alors Benjamin Legrand donne la parole à tous ceux qu'il croise dans ce roman choral en forme de huis clos à ciel ouvert. Et tous ceux qu'il croise porte l'uniforme de l'armée française, engagée là, dans cette ville en ruine qui a connu moult révoltes, pour protéger un chantier de reconstruction du pont qui traversait jadis l'oued local. Là, il ne se passe rien. Les rebelles ont été repoussés vers une lointaine frontière par d'autres troupes, la ville semble morte, à peine habitée.
Alors on croise et recroise, tandis que le sniper égrène ses victimes, les hommes de troupe : Abdel et Sammy, jeunes banlieusards black-blanc-beurs en mal d'avenir ; Kevin 1 et Kevin 2, paysans mal dégrossis en mal d'émotions fortes ; quelques sous-officiers comme le lieutenant Devarrieux, jeune femme en colère en mal de reconnaissance ; tout ce petit monde mené par le colonel Rivelain, un homme qui s'interroge sur sa mission et voudrait bien protéger ses sbires des attaques meurtrières.
On pense bien sûr au rôle de l'armée française dans un pays comme l'Afghanistan, mais le propos n'est pas ici politique ; le regard porté est celui des protagonistes, le temps est celui qui s'écoule lentement sous un soleil de plomb.
On se doute que Benjamin Legrand a un atout dans son jeu, que les choses se passent ailleurs que dans ce camp retranché du désert, quelque part du côté des sources de l'oued tari, mais le temps qu'il met à abattre cette carte maîtresse est bien long, et l'on finit par s'ennuyer à le contempler se défausser, lassé par tous ces chiens de guerre qui tournent en rond dans le sable en se reniflant le derrière.
Benjamin Legrand ronronne son texte, le délaye à outrance. Certes, il y a une ambiance, quelque chose d'étrange, un parfum ésotérique, mais chez moi, la sauce n'a pas pris.
J'avais été particulièrement séduit par le précédent roman de cet auteur, Le Cul des Anges, par sa vivacité, son humour. Sans doute attendais-je de retrouver ces qualités qui ne sont pas ici mises en avant. Benjamin Legrand est sans conteste un auteur exigeant qui ne reste pas les deux pieds dans le même sabot, et c'est tout à son honneur. Reste qu'en tant que lecteur, quand on trouve chaussure à son pied, on apprécie le confort.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La quatrième de couverture évoque Le Désert des Tartares de Dino Buzzati, ou encore Philip K. Dick et Alejandro Jodorowsky ; sans doute des pistes à suivre.
Pour ma part, et comme évoqué plus haut, j'en resterais, dans un tout autre genre, au Cul des Anges.
Les dix premières lignes...
Je suis debout, là, sous une chaleur à crever, et je sais même pas pourquoi. Bon, OK, on nous dit que c'est une mission de la plus haute importance, que c'est de la reconstruction, de l'interposition (qu'est-ce que ça veut dire ?), mais moi j'ai rien demandé. Quand je me suis engagé, je ne savais pas que j'allais me retrouver là. J'avais vu l'affiche dans le métro. Ça ressemblait à une pub pour un jeu vidéo à la portée du premier débile venu. Moitié gros bras surarmé, moitié haute technologie, avec des filles en plus, devant des écrans ou déguisées en espèces d'hôtesses de l'air (…)
Quatrième de couverture...
Dans un futur proche, des militaires français sont envoyés dans l’Est africain, en plein désert. Dans quel but ? Officiellement, pour protéger le chantier de reconstruction d’un pont. Une « mission d’interposition », pour reprendre les termes de l’état-major. S’interposer, d’accord, mais entre qui et qui ? Mystère.
Face à la ville d’Al-Jannah, à moitié en ruine, les hommes du colonel Rivelain (dont l’inoubliable lieutenant Devarrieux, Sammy le fan de Dylan, Kevin 1 et Kevin 2, car des beaufs, il en faut) montent un camp. Sous un soleil de plomb, l’attente s’installe, pénible, épuisante. Lumière aveuglante, soif continuelle, chaleur suffocante, la troupe s’enfonce dans une sorte de mirage collectif et suicidaire… dont l’extrait soudain un redoutable sniper. Son objectif ? Tuer un soldat par jour. Parfois deux, si l’occasion se présente. Pour quelle revanche ? Mystère encore.
Jusqu’à ce que, au terme de plusieurs semaines d’angoisse et de mort, la raison de la présence française se dévoile soudain, pour le plus grand malheur des militaires.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...