NEO - Septembre 1979
Tags : Roman noir Roman d'enquête Roman historique Discrimination Flic Criminel France Années 1970 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 25 février 2012
Padovani est un poème. Comme le flic hippie d’Amila, l’anar, ici c’est un flic fantasmé par un ex-mao qui se présente à nous. Padovani, c’est l’antithèse de ce que pouvait être un commissaire régnant sur un comico dans les années 70. Pas très collé-monté le Padovani. D’ailleurs en villégiature en Normandie, il se ballade dans un gros Dodge de 2.8 tonnes et le lieutenant de gendarmerie du coin va vite se tourner vers ce drôle de zigue, car les affaires de meurtres ici, il n’y en a guère, surtout en 1979, par un soldat de la seconde guerre mondiale, un sorte de spectre en somme.
Padovani, ce rockeur de la flicaille, n’enquête pas seul, il est affublé de sa propre cour des miracles : Primerose « un poivrot qui va jusqu’à boire » l’essence des cars de Police-Secours, Mamadou, un africain bolchévique et « hautes études », l’intello.
« Une boite de Davidoff, plus une bouteille de Chivas… et dix kilos de Frieskies » pour son clébard, voilà Padovani sur le coup.
Fajardie ne s’embarrasse pas de détails. Sans doute est-il le meilleur nouvelliste français de la fin du XXème siècle et son écriture s’en ressent : pas de fioritures, un style limpide, un intrigue qui entre dans le vif du sujet tout de suite. Le style léger et clair de Fajardie, c’est l’antithèse de ce lourdeau de Padovani. Néanmoins l’un et l’autre mènent l’enquête bon train.
La Théorie du 1%, c’est la part d’imprévisible dans une enquête, de ce qui ne peut se déduire de fait des événements.
Ici Padovani, qui a de qui tenir — « du grand-père, qui sans un mot, avait avalé un demi-litre d’huile de ricin avant d’aller chier sur le portrait de Benito Mussolini, sous l’œil horrifié des fascistes » — va se coltiner les vieilles histoires et rancunes de la guerre, des collabos, des résistants de la dernière heure qui ont fait justice, mais la justice des hommes appelle souvent la vengeance.
Les normands ne sont guère bavards, il faudra donc creuser un peu et avec force s’il le faut.
C’est un roman noir, mais très rouge idéologiquement, qui va régler quelques comptes aux fascistes et à la connerie humaine.
Un Fajardie, clair et concis, mais remonté comme un coucou suisse lorsque l’histoire se rappelle à lui.
Frédéric H. Fajardie, il faut le lire, le relire et dire à tous que cet oublié de la vague du « néo-polar » a construit une œuvre de romans noirs plus conséquente de la fin des années soixante-dix jusqu’à sa mort en 2008, avec limpidité, véhémence, style et sans cesser jamais le combat idéologique. Un grand écrivain.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Fajardie : Tueurs de Flics, La Nuit des Chats Bottés, Full Speed
Manchette : L'Affaire N'Gustro
Daeninckx : Meurtres pour Mémoire
Les dix premières lignes...
Il n’avait pas plu depuis quinze jours.
Une sorte de record pour ce coin de Normandie.
Le type marchait comme un soldat, ses bottes cloutées arrachant de légers nuages de poussière au chemin qui grimpait vers la ferme d’Olivier Laurat.
Il faisait un peu incongru, presque obsolète, ce soldat de la Wehrmacht allant ainsi au pas de l’oie (…)
Quatrième de couverture...
La Théorie du 1% est une histoire de monstres. Un fantôme déguisé en soldat de la Wehrmacht vient perturber un mois de septembre un peu trop sec du pays d’Auge. Il élimine l’un après l’autre des paysans du village de Pourceauville, qui ont confondu ivresse du calva et l’épuration.
Ce tueur hors du commun a préparé son coup depuis quinze ans ? Chaque détail a été pensé avec un acharnement que seule la vengeance autorise. Le seul élément que le tueur n’a pas pris en compte, c’est la présence à Pourceauville du commissaire Padovani.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...