La Quatrième Plaie

Patrick Bard

Fleuve Noir - Novembre 2004

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Polar scientifique Trafic Détective privé Scientifique Afrique Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 07 janvier 2012

Quand le laboratoire pharmaceutique Blondel a mis au point la molécule de la Ronitine, c'était pour un traitement contre le cancer de la prostate (une manne au vu du nombre de patients potentiels). Or, le médicament, coûteux à fabriquer, s'est avéré d'une efficacité douteuse. Cependant, un des chercheurs a découvert qu'il pouvait aussi soigner, et radicalement cette fois, la maladie du sommeil, réapparue en Afrique depuis quelques dizaines d'années.
Malheureusement, le cynisme aidant et les "clients" visés n'étant pas solvables, le laboratoire Blondel en a abandonné la fabrication. Pas rentable.

C'est là qu'intervient GSF (Guérir Sans Frontière), une ONG qui a réussi à récupérer le dernier stock de Ronitine pour l'acheminer vers l'Ouganda. Malheureusement (encore !), une fois sur place, le convoi est attaqué et les précieuses doses disparaissent dans la nature…

Telle est l'intrigue qui sert de fil rouge à ce roman didactique comme les pratique Patrick Bard. Il démarre cependant par un long chapitre au style très journalistique qui dresse un constat lucide de la lutte contre le sida en Afrique en mettant en scène un jeune médecin itinérant d'une ONG, détaché sur place pour retrouver un des ses collègues disparu sans laisser de traces. Abraham Van Tang suit la piste de celui qui s'est envolé, en faisant le même parcours. Ainsi on visite les centres d'hébergement, quelques malades symptomatiques ou encore une troupe de théâtre itinérante travaillant à la prévention, tous travaillant avec les maigres moyens du bord.
Fidèle à ses habitudes, Patrick Bard nous livre un récit très documenté, mais comme je m'en était déjà fait la remarque (voir chronique de son roman Orphelins de Sang), il reste dans un ton assez froid, distancié, peinant parfois à faire vivre son intrigue au milieu de la misère qu'il décrit. On est souvent plus près du docu-fiction que du roman, fut-il noir.

Côté forme, le récit se fait à plusieurs voix, sans pour autant qu'on ait affaire à un véritable roman choral. Deux des personnages s'exprime à la première personne : Abe, le médecin enquêteur, central, et Moses, enfant soldat en partie responsable de la disparition des doses de médicaments. Si le fait de vouloir traiter de ce sujet délicat (les enfants soldats) dans un roman est tout à fait louable, il me semble que Patrick Bard fait le mauvais choix en utilisant le "je" ; son personnage sonne faux et perd en crédibilité, comme si en parlant à travers les yeux de Moses, il empêchait l'identification du lecteur et bridait son travail d'imagination. À mon sens, "l'effet" recherché n'est pas atteint.

Pour le reste, la seconde partie du roman s'avère beaucoup plus digeste avec un équilibre entre les différentes voix et les divers aspects liés au sujet central du roman. On perçoit les pratiques des labos pharmaceutiques, les activités des ONG (et pas seulement sur le terrain), tandis que les personnages prennent de l'épaisseur au fil du récit.

Patrick Bard traite d'un sujet qui lui tient à cœur, loin de moi l'idée de douter de sa sincérité, et sait attirer l'attention de ses lecteurs, leur donner des informations, mais il nous livre aussi un roman qui, malgré ses qualités et intentions évidentes, recèle quelques défauts majeurs qui nuisent à son côté "intrigue policière". Il garde selon moi un œil de journaliste (n'oublions pas qu'il est aussi photographe) qui peine à se transformer en une plume d'écrivain de fiction. L'image parle parfois d'elle-même ; difficile d'y coller des mots…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Sur le thème des enfants soldats, lire le livre d'Alain Wagneur, Djoliba, Fleuve de Sang.
À propos des laboratoires pharmaceutiques et de leurs pratiques, difficile de passer à côté du roman de Jean-Paul Jody, Chères Toxines.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ouganda, fin des années quatre-vingt-dix, nord-ouest du pays
La mouche tourna un moment autour du troupeau de chèvres étiques avant de se poser sur la peau terre de Sienne foncé de l'avant-bras du berger, plus à son goût. Sa trompe perforante traversa la peau de Samuel, c'était le nom de l'homme qui gardait le troupeau, appuyé sur son bâton à l'ombre d'un arbrisseau rabougri. La mouche Glossina mortisans commença à pomper le sang du pasteur tandis que le trypanosome en forme de tire-bouchon de vingt-cinq millièmes de millimètre de long qu'elle hébergeait dans ses glandes salivaires s'introduisait dans le corps de Samuel. L'homme sursauta quand la mouche le piqua, et il la chassa d'un geste de la main (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Depuis plusieurs jours, l'organisation Guérir sans frontières est sans nouvelles de l'un de ses membres, disparu en Ouganda. Abraham Van Tang, médecin itinérant de l'ONG, est envoyé sur place. Sa mission : découvrir ce qui a pu arriver à son homologue. Mais chemin faisant, la charge s'alourdit. Un convoi humanitaire transportant l'ultime stock de médicaments contre la maladie du sommeil se volatilise sur une piste du nord du pays, où une armée d'enfants soldats sème la terreur. Des dizaines de milliers de patients sont déjà atteints, et leurs vies sont suspendues à ce remède miracle. L'ennui, c'est que le laboratoire pharmaceutique français qui exploite la molécule a décidé de cesser son exploitation. Une terrible course contre la montre s'engage alors pour retrouver les dernières doses au monde, tandis qu'à Paris, Guérir sans frontières tente de persuader le laboratoire de reprendre la production…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Patrick Bard










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Du même auteur...

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La Frontière Orphelins de Sang