Les Nuits Rouges

Sébastien Raizer

Gallimard / Série Noire - Octobre 2020

Tags :  Polar social Corruption Vengeance Flic Quidam France Années 2020 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 25 novembre 2024

Keller est commissaire adjoint, nouvellement arrivé dans la région qui a vu la mort de sidérurgie française. Il doit composer avec le microcosme local, et notamment un certain Metzger, commissaire en retraite depuis une bonne vingtaine d’années qui continue à faire régner la loi, mais aussi son bras droit, toujours en service, Faas, inspecteur de terrain qui a toujours refusé de grimper les échelons de la hiérarchie, albinos aux méthodes controversées, bon flic et borderline à la fois.
Au lendemain du 14 juillet survient une première affaire, peu banale. On a découvert, dans une zone commerciale, le cadavre d’un dealer, la bite à l’air, un trait d’arbalète fiché dans l’œil, au milieu de billets et de sachets de drogues.
Faas connaissait bien la victime. Quinze ans plus tôt, Saïd Bichiki l’avait soupçonné d’être mêlé à l’assassinat de son frère Aziz, avant de reprendre lui-même le trafic à son compte.

Un mois plus tôt, à l’occasion de travaux, on a retrouvé dans un ancien crassier un corps quasiment momifié. L’enquête a révélé qu’il s’agissait de celui d’André Gallois, ancien syndicaliste disparu mystérieusement quarante ans plus tôt au moment où la région s’embrasait autour de la fermeture des hauts-fourneaux.
Pour ses deux fils jumeaux, André Gallois était parti pour une autre femme. C’est la seule histoire qu’ils connaissent. Chacun réagit à sa façon. Et tandis qu’Alexis, devenu banquier au Luxembourg se débat avec son divorce, Dimitri, le camé accroc au Fentanyl, décide de remettre les compteurs à zéro.

Sébastien Raizer a une façon bien à lui de concocter un roman social. La toile de fond de son récit reprend les événements qui ont eu lieu à la fin des années soixante-dix dans une Lorraine dévastée par la fermeture des hauts-fourneaux et la mise à sac de toute la filière sidérurgique ; le début de la désindustrialisation. Je me souviens très bien de cette manifestation du 23 mars 1979 à Paris, de la foule, des lacrymos, mais surtout de la violence, de la colère, de la rage de ceux qui défilaient pour ne pas mourir.
Pour autant, chez l’auteur, ce contexte agit plutôt comme prétexte à explorer les conséquences d’un tel désastre. Ce qu’il met en scène, c’est plutôt la déliquescence qui a suivi. La misère économique, les suicides, les ravages de la drogue.

Ne vous attendez pas à un documentaire sur ce qui s’est passé en 1979. Les luttes intestines entre syndicats, les trahisons des politiques, les compromissions, seront à peine évoquées, mais plutôt mises en scène.
Dans la forme, le roman prend des airs de thriller, avec une brochette de personnages qui m’ont cependant paru en décalage avec le sujet, trop « extrêmes ». Au premier rang, Faas, l’albinos psychopathe, bras armé d’un vieux commissaire agissant dans l’ombre, suivi d’une fratrie parfois confuse en quête de rédemption. Le ton est violent, douloureux, comme s’il s’agissait de « reconstituer » la violence subie alors et les souffrances engendrées.
J’ai été surpris, intrigué, par cette manière de faire, mais pas totalement convaincu. Pour autant, force est de reconnaître un certain « coup de patte » à Sébastien Raizer. Le reste est affaire de goût personnel.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les Nuits Rouges ont fait écho dans ma mémoire au roman de Dominique Manotti, Lorraine Connection qui évoque, vingt ans plus tard, la seconde trahison subie par la région.

Le début...

Les dix premières lignes...

Les nuits étaient rouges comme l’acier en fusion qui éclairait de l’intérieur les carcasses noires des hauts-fourneaux.
Martèlements, sifflements, hurlements industriels dans son crâne.
Les nuits étaient rouges des fusées éclairantes brandies au sommet du crassier, qui illuminaient les visages charbonneux de la colère et du désespoir, les yeux luisants de l’angoisse.
L’odeur de poudre, de sulfures et de méthane lui prenait la gorge, il aurait fallu boire quelque chose, maîtriser ces tremblements.
Les nuits étaient rouges des incendies allumés sur les autoroutes. Les cornes de brume étouffaient le vacarme des hélicoptères dont les carapaces d’acier brillaient sous la lumière de la lune. Les gyrophares de la police et des ambulances étaient tenus à distance par des fusils de chasse et des lance-pierres. Les gaz lacrymogènes formaient une brume sanguine qui dansait autour des fumées noires et orange des pneus de tracteurs et de semi-remorques en feu.


La fin...

Quatrième de couverture...

Dans le bassin postindustriel du nord-est de la France, les travaux d’arasement du crassier mettent au jour un corps momifié depuis 1979. Il s’agit du cadavre d’un syndicaliste, père de jumeaux qui ont donc grandi avec un mensonge dans une région économiquement et socialement dévastée. Brouillés depuis des années, Alexis est employé dans un réseau bancaire du Luxembourg et Dimitri végète et trempe dans la came. Pour comprendre et venger son père, celui-ci replonge dans les combats et les trahisons de cette année 79 — au plus fort de la révolte des ouvriers de la sidérurgie — qui, loin d’avoir cessé, ont pris un tour nettement plus cynique. À coups de pistolet-arbalète, il va relancer les nuits rouges de la colère, déchaîner des monstres toujours aux aguets, assoiffés de pouvoir et de violence.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Sébastien Raizer










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