L'Enervé de la Gâchette

Ed McBain

Gallimard / Super Noire - Octobre 1977 - Traduction (anglais) : Janine Hérisson - Pierre de Laubier

Tags :  Roman noir Polar social Psychologie Truand Etats Unis Années 1970 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 09 mai 2010

Colley, Jocko et Teddy sont trois casseurs à la petite semaine qui travaillent ensemble depuis huit mois. Ils ont déjà réussi douze cambriolages et se préparent pour le treizième. Jocko, le fort en gueule, un texan de quasiment deux mètres ; Teddy, le chauffeur, le suiveur ; Colley, le superstitieux… Pas partant pour ce coup, mais alors, pas du tout…

Dans la réalité, un boulot ne peut se terminer que de trois manières. On prend l'argent et on s'en va ; ou on ne prend pas l'argent, mais on s'en va ; ou on ne prend pas l'argent, et en plus on se fait coffrer.

Au bout du compte, Colley accepte tout de même d'y aller — Jocko ne peut repousser l'échéance — et, naturellement… ça tourne mal. Deux flics en civil sont présents dans le magasin d'alcool qu'ils envisageaient de dévaliser. Tétanisé par la peur, Colley abat un des policiers tandis que Jocko, en étant lui-même touché, atteint l'autre. Ils parviennent à s'enfuir et vont déposer Jocko à son appartement où l'attend sa femme, Jeanine.
Jeanine est un belle femme mûre, ex-stripteaseuse, et Colley, qui reste seul avec elle, finit par se détendre, l'alcool aidant. Il la complimente, finissant même par la trouver désirable. Jeanine, bien qu'ayant soigné délicatement Jocko, avoue à Colley qu'il la bat et qu'elle souhaiterai, malgré sa peur, le voir mort…

Situé en dehors des nombreux romans de Ed McBain consacrés au 87ème district, L'Énervé de la Gâchette (titre original Guns) s'attache au personnage de Colley et à son penchant pour les armes à feu. Par une narration en flash-back et à partir de ce casse raté durant lequel il finit par tuer un homme — ultime et évidente conséquence au fait d'être armé — c'est le parcours de ce petit rital né à Harlem et ayant grandi dans le Bronx qui est ici retracé. L'histoire d'une escalade de la violence qui, de bandes en bagarres, d'entourloupes en cambriolages, finit par le voir un jour une arme à la main. Comme l'aboutissement un engrenage bien huilé.
Pourtant Colley n'est pas un violent. On dirait même que l'environnement à lui tout seul l'a mené sur cette voie. Un besoin de reconnaissance. De puissance…
C'est là qu'Ed McBain joue tout en finesse un incroyable cinquième chapitre qui met en scène Colley, Jeanine et Jocko ; une vingtaine de pages d'anthologie qui valent à elles seules de lire ce roman. Vingt pages où se mêlent l'amour, le sang, la haine, le sexe, la violence, et cet évident substitut phallique qu'est l'arme de Colley. Tout est magnifiquement dit.

Le "reste" n'est que la lente dégringolade fatale de Colley qui, jamais, ne comprendra ce qui l'a mené là ; gardant une étonnante distance par rapport à ses actes, il ne "percute" pas, il est ailleurs… Au pays des armes, sa passion, qui à défaut d'être une raison de vivre aura été pour lui le moyen de mourir.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Je ne connais pas bien Ed McBain (personne n'est parfait, et il nous restera — tant mieux — toujours des livres à lire) mais il apparaît comme évident que compte tenu des quasiment trois cents romans écrits par le bonhomme, il faille se pencher sur un certain nombre d'entre eux.

Le début...

Les dix premières lignes...

Le soir du coup du magasin de spiritueux, on aurait pu faire cuire un œuf sur le trottoir. Il était déjà sept heures, et au-dehors régnait toujours une chaleur de four. Colley était partisan de laisser tomber. Même là, à l'intérieur de la cafétéria, avec la climatisation, il était en sueur.
— Non, dit Jocko. Du moment qu'on est prêt, il faut y aller.
— Parce qu'avec une chaleur pareille, dit Colley, ça pourrait tourner mal.
— Tout ira bien, ne t'en fais pas (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Jocko, Colley et Teddy avaient déjà réalisé douze cambriolages sans la moindre bavure. Pas de gros coups, bien sûr ; ils n'avaient pas assez d'envergure. Ils étaient sur le point d'entreprendre leur treizième braquage. Seulement Colley était superstitieux. Dans son idée, ce coup-là allait lamentablement foirer. La poisse, quoi, ça existe, non ?
Mais les flics sont des gens comme tout le monde. La preuve, c'est qu'on peut déquiller facile. Il suffit d'avoir un bon flingue dans les mains… à condition qu'il soit chargé.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Ed McBain










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