Un Détour par l'Enfer

Emmanuel Errer

L'Instant Noir - Octobre 1988

Tags :  Roman historique Truand France Années 1940 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 07 mars 2010

Recommandé 14 juillet 1948. Dans le village de Poligny, le préfet s'est délacé pour remettre lui-même la médaille de la Résistance à Jean Maurepain, le héros du jour, qui, durant la guerre, a infiltré les rangs des collabos pour renseigner et protéger ses amis avant d'être arrêté puis déporté. Mais, alors que la Marseillaise retentit, un homme s'avance dans la foule et abat de plusieurs balles le résistant à peine décoré…

C'est l'inspecteur Lucien Lesourd qui est dépêché de Paris pour mener l'enquête. De l'assassin, qui a bien failli se faire lyncher et qui est sorti de là mal en point, on ne sait rien. Aucun papier sur lui. On a juste pu mettre en évidence un tatouage sur son avant-bras : de ceux que ramenaient les déportés survivants des camps allemands.
À peine l'homme sort-il de son hébétude qu'on le retrouve pendu dans sa cellule.
Pour Lesourd, il va falloir creuser dans le passé de la victime, Maurepain, afin d'expliquer le geste de son assassin…

La fin de la dernière guerre mondiale a vu en France quelques comptes se régler. L'avancée des troupes américaines et russes, l'inéluctabilité de la défaite allemande, ont fait naître à cette époque des vocations tardives de résistants qui fleurissaient d'un coup ; les maquisards de la dernière heure…
Parmi ceux-là, certains, plus dangereux que d'autres, avait choisi ce moyen pour tenter de cacher leurs agissements des années précédentes, leur collaboration avec l'ennemi. Jean Maurepain était de ceux-là et Emmanuel Errer revient sur le parcours de cet homme de l'ombre qui n'est pas tout à fait du domaine de la fiction.

Lesourd, petit flic étriqué qui n'est lui-même sans doute pas exempt de sympathie envers la "rectitude" des allemands, plonge dans le passé. On découvre Maurepain comme un jeune homme ambitieux, petit truand que pour qui l'horizon de son village n'est pas assez vaste. Alors que la guerre est proche, le voilà qui "monte" à Paris pour se faire la main et pénétrer le milieu.
Quelques années plus tard, on le retrouve très proche des collabos de la rue Lauriston, truands à la solde de l'occupant, exécutant ses basses besognes en échange du racket des victimes. On croisera là Abel Davos, Emile Buisson, Henri Lafont, et la Gestapo ne sera jamais bien loin…
Emmanuel Errer revient en détail sur ces épisodes sombres de l'histoire récente, sur ces liens infâmes existant entre la pègre et l'armée allemande, sur ces hommes s'enrichissant sur le dos des cadavres, puis sur les stratagèmes mis en place par Maurepain pour se refaire une virginité.

L'auteur se fait historien, mais pas professeur. Plutôt que de raconter l'engrenage, de narrer froidement les faits, Emmanuel Errer utilise judicieusement le flashback au fur et à mesure de l'apparition des témoins de l'affaire. Ainsi l'Histoire se vit au présent, rendant aux épisodes traversés toute leur tension, leur violence, leur ignominie.

Au fond, il semble qu'on n'ait jamais su vraiment le fin mot de l'histoire d'Abel Danos et que la question reste posée : résistant ou collabo ? Emmanuel Errer montre avec ce roman, non pas si Danos était ou non coupable, mais ce qui s'est effectivement passé du côté de la rue Lauriston durant les heures sombres de la dernière guerre. Et c'est édifiant.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le lien entre la pègre et l'occupant allemand durant la seconde guerre mondiale est un des thèmes abordés par Sergueï Dounovetz dans son roman Un Ange sans Elle.
Quand à Abel Danos, il est le "héros" plutôt sympathique de Classe tous Risques, de José Giovanni, sous le patronyme à peine déguisé de Abel Davos.

Le début...

Les dix premières lignes...

Vers neuf heures, la brume matinale commença à se dissiper, laissant présager un grand soleil pour la cérémonie. Le préfet en personne devait assister à la commémoration de la Fête nationale, ce qui serait un événement pour la petite ville de 5 000 habitants, accrochée à flanc de Jura sur la nationale qui menait en Suisse. C'était aussi le premier vrai 14 juillet de l'après-guerre. La vie retrouvait enfin se effluves d'antan et on avait presque oublié les files d'attente devant les magasins d'alimentation (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Alors qu'il est sur le point d'être décoré, Jean Maurepain, un résistant rescapé des camps de concentration, est abattu par un autre déporté qui se donne ensuite la mort.
Pourquoi ?
C'est ce qu'un flic vaguement collabo et un mystérieux journaliste veulent savoir à tout prix. Quitte à remuer les souvenirs les plus sinistres de l'Occupation.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Emmanuel Errer










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