Il Faut Buter les Patates

Gérard Alle

Baleine - Décembre 2000

Tags :  Roman noir Polar politique Polar social Crime organisé Trafic Quidam France Années 2000 Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 24 mai 2009

Yves sortant de chez lui quelques minutes pour soulager un besoin pressant à la fraiche, retrouve Michel, son voisin, allongé à côté du tracteur. Il vient de se faire agresser dans une tentative d'intimidation. Pour lui c'est signé Raymond Cloarec, magna de l'élevage porcin et président de la "Coopé" qui veut récupérer les terres de Michel et de Yves.
Mais Michel choisit de lutter, avec son ami Joël, un peu vagabond, un peu écolo incarnant le breton insoumis, mais aussi avec une bande de Hippies certifié AOC des années soixante-dix.

Qu'est-ce que je fous derrière les barreaux ? J'écris. J'écris mon histoire. Je l'invente. Je marque bien les différences. Les bons et les méchants. La pluie. Le noir qui gagne sur la lumière. Normal. Je suis au fond du trou. L'éclaircie ne peut être que passagère, fantasmatique. Je regarde mon pays, qui m'a privé de liberté, et je me venge, en le privant d'identité.

Gérard Alle propose un polar rural avec pour toile de fond, l'industrie agro-alimentaire et la Bretagne, mais comme il le rappelle régulièrement dans son livre, le narrateur qui raconte cette histoire, noircit le tableau, invente comme pour se venger de sa situation, de son état de prisonnier, et de cette région qu'il aime mais qui ne lui a pas rendu grand-chose. Ce procédé laisse un peu le lecteur dans le flou entre le réel et la fiction. Néanmoins si le trait est grossi, le thème est intéressant. L'agriculture intensive de qui beaucoup d'emplois dépendent, et les politiques qui favorisent ce système, ravageant les petits exploitants pour obtenir plus de terres afin de produire encore plus, utilisant des farines animales interdites, et contaminant une population docile. Au détriment aussi de la Bretagne qui perd, dans ce jeu-là, ses enfants qui n'ont, pour la plupart, pas le courage ni l'envie, voire le choix, de reprendre les exploitations familiales, et qui quittent les campagnes laissant le champ libre aux Parisiens et à leurs résidences secondaires.
Heureusement, certains se lèvent contre cette stratégie ou complot des gros producteurs de porcs et de volailles, s'organisent et tentent de contrecarrer le système. Gérard Alle parle assez succinctement des coulisses de la création d'un festival de musique au but pas très honnête qui finit par se retourner contre son initiateur.

Si la première partie du livre est bien noire et dépeint un contexte social assez dur, on pourra regretter qu'il tombe petit à petit dans la comédie, assez plaisante d'ailleurs, notamment les dialogues à la fin avec Céline Dion, comme si, ce narrateur qui prétend se venger de sa région, garde une once d'espoir au fond de lui.

En réalité, il est moins pluvieux, moins noir, moins radicalement saucissonné. Il y reste quelques arbres, quelques vrais paysans, quelques gens de caractères.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Je pense qu'on peut aller voir sans trop d'inquiétude l'épisode du Poulpe du même auteur : Babel Ouest ou bien Les Jeunes Tiennent pas la Marée une aventure du personnage récurrent Léo Tanguy.
Côté autres auteurs, ce livre m'a fait penser par moments à Jusqu'à Plus Soif de Jean Amila ou aux romans de Pierre Magnan.

Le début...

Les dix premières lignes...

Il faisait un temps noir. Il faisait un pays noir. Il aurait pu être roux ou bien vert, gris, vert-de-gris, gris-bleu, mais là, il était noir. D'un noir pas franc, d'un noir qui ne se dit pas, d'un noir d'ardoise. Autrefois, on avait ouvert les entrailles de la terre, pour en extraire de quoi couvrir les toits. Drôle d'idée. Ça n'avait pas duré. Dans ce pays, rien ne dure que la dure réalité noire. Depuis, les puits restaient comme au temps jadis, comme autant de blessures rongées de pourriture noire. Mauvaise mine. Nul n'avait songé à jeter un linceul sur leurs béances obscènes et les maisons des anciens carriers s'abîmaient en fin de carrière dans le deuil, bouche bée, toutes fenêtres ouvertes sur l'industrie abandonnée. Saisies comme les ouvriers le jour de la fermeture, elles semblaient murmurer : "Ça alors !" Mais la gangrène prenait les maisons au pied des murs. Le vent leur arrachait peu à peu la tête. Elles agonisaient ainsi, d'hivers en hivers, de tempête en tempête, de gel en gel. Ignorantes et têtues (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Je suis incarcéré depuis un mois dans cette taule de merde. J'écris mon histoire. Je l'invente. Je marque bien les différences. Les bons et les méchants. La pluie. Le noir qui gagne sur la lumière…
Dehors, il poisse. Le pays étouffe sous l'emprise des salopards. Les porcs et les poules crèvent déjà de l'épidémie de grippe galopante. Comment résister ? Babas et pépés sont presque dissous dans la flaque, lorsque survient une méchante éclaircie :
Le Grand Festival de Rock…
L'implosion !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Gérard Alle










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