Le Sang des Siciliens

Maurice Gouiran

Jigal Polar - Février 2009

Tags :  Roman d'enquête Crime organisé Mystique Détective amateur Quidam Italie Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 19 avril 2009

Clo est sollicité par Marco, le cousin pizzaïolo de RoRo, un copain du Beau Bar : Vincenzo, son neveu, vient de débarquer sans prévenir d'Italie. Trente-neuf ans, soi-disant sans histoire, il est vendeur de voitures à Palerme. Des Fiat. Un neveu qui reste muet sur les raisons de son voyage, sauf que son frère, Salvatore, infirmier, a été assassiné récemment.
Dans la tête de Clo, les informations s'enchaînent. Palerme… Sicile… Mafia… Mais il semble que le raccourci soit trop rapide.
Intrigué, et contre quelques espèces trébuchantes qui lui permettront d'entretenir sa ferme, il accepte d'aller fouiner sur place. Et puis en Sicile, il y a Rosaria. Une vieille histoire… qui remonte quinze ans en arrière, à l'époque où les juges Falcone et Borsellino furent assassinés…

Clovis Narigou, ex-reporter, est au cœur des romans de Maurice Gouiran. Marseille est souvent le théâtre de ses aventures puisque c'est là qu'il réside, sur les hauteurs, avec son troupeau de chèvres. Mais au fond de ce décor, immuable, toujours présente, face aux regards, il y a la Méditerranée, Mare Nostrum, ancrée au corps du personnage comme de son créateur. La Méditerranée comme un tout cohérent où les histoires, petites et grandes, se croisent, se rencontrent.
Ainsi, voilà Clovis qui s'envole pour la Sicile sous un prétexte un peu "rapide" — c'est bien la première fois, il me semble, qu'on le voit explicitement se "déplacer", au départ, uniquement motivé par quelques billets. La Sicile, qu'il a déjà visitée, qui lui évoque quelques souvenirs, au premier rang desquels on trouve Rosaria, pasionaria croisée une quinzaine d'années plus tôt et que Clovis compte bien retrouver.

À travers son intrigue, Maurice Gouiran va dresser le portrait amoureux de cette Sicile si souvent décriée et réduite à être le lieu de naissance des plus grands mafiosi. En fouinant autour du cas de Vincenzo, Clovis se déplace, visite, s'immerge. On découvre que cette île, si proche de la Grèce, est un des berceaux de notre civilisation, que sa terre est riche de vestiges inestimables, que son histoire, ses invasions successives, expliquent pour beaucoup le pourquoi de cette société secrète, Cosa Nostra, composée d'hommes d'honneur, dévouée à la défense des plus faibles.
Une société secrète qui connaîtra ses propres dérives, finissant par ressembler à la Mafia que tout le monde décrit. Une réalité brutale faite de racket — le pizzo — d'assassinats. Maurice Gouiran en éclaire quelques rouages, comment elle s'inscrit profondément dans la vie sicilienne.
Mais la Sicile ne se résume pas, loin s'en faut, à Cosa Nostra. Comme dans beaucoup d'endroits autour de la Méditerranée, on y trouve des femmes en noir, des bondieuseries, des croyances qui mêlent le miraculeux et la foi et avec lesquelles joue l'Église, voire quelques investisseurs gourmands…

Le sang des siciliens est multiple. C'est ce que semble vouloir nous dire Maurice Gouiran avec son roman. Il ne se résume pas si facilement à certains clichés, même si ceux-ci sont et demeurent incontournables. Encore faut-il les connaître, un peu.
Le Sang des Siciliens est avant tout une ode à la Sicile, à son histoire, à ses paysages, à ses habitants. Un voyage immobile où se nouent quelques belles rencontres. Et là, le pari est réussi et donne incontestablement l'envie d'aller sur place y voir de plus près.
Quant à l'intrigue proprement dite, elle n'est pas des plus palpitantes et parfois un peu confuse.

Apparaît dans ce roman un nouveau personnage : le fils de Clovis Narigou, Éric. Peut-être Maurice Gouiran tient-il là de quoi renouveler la formule de ses romans. Une formule qui semble, parfois, s'essouffler.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour éclairer le fonctionnement de la mafia à l'italienne, on pourra se pencher sur La Saison des Massacres, le roman de Giancarlo de Cataldo.

Le début...

Les dix premières lignes...

Clo, ce jeune, ça fait trois jours qu'il parle pas. Trois jours qu'il est arrivé chez moi, et depuis, pas un mot. Rien. Que dalle !
Marco accompagnait toujours son discours avec de grands mouvements de bras. Mon grand-père aurait dit qu'il « brasségeait ». Moi, je me contentais de l'observer sans piper mot, je voulais le laisser venir. Et puis, je dois vous avouer que les boissons trop généreusement servies le long du repas — deux Ricard, une bouteille de Chianti et deux verres de grappa — m'avaient un peu ankylosé le cervelet. RoRo était quasiment dans le même état que moi, mais lui, ne tentait pas de donner le change (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Je ne sais rien, je n'ai rien vu, je n'étais pas là et si j'y étais, je dormais. » Ce jour-là, Clovis aurait dû méditer ce proverbe sicilien avant de s'envoler pour Palerme, enquêter à la demande de Marco sur la mort mystérieuse de son neveu.
Dans ce pays où les juges sautent sur les bombes, où les hommes d'honneur l'ont perdu, où le pot de terre lutte contre le pot de fric et où l'amour a des yeux de braise, ne resterait-il qu'une seule issue ? Un miracle, un beau miracle, un vrai miracle, et pourquoi pas une Madone aux larmes de sang !
Alors même si la Mafia n'existe pas, et ici tout le monde vous le dira, Clovis, fidèle à lui-même, va chercher à savoir avant de trop bien comprendre. Car comme le veut la légende, là-bas la vie est un enfer et le paradis toujours une utopie.


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