Fleuve Noir - Mars 1994
Tags : Roman noir Roman d'enquête Polar social Trafic Flic Paris Années 1990 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 24 mars 2009
Raymond Silva, d'origine portugaise, et Vendredi Larose, d'ascendance martiniquaise, sont tous deux parisiens et font équipe en tant qu'îlotiers dans le XIIème arrondissement, entre Bastille, le faubourg Saint-Antoine, le marché d'Aligre et la gare de Lyon.
Du côté du Faubourg, justement, de plus en plus délaissé par les artisans du meuble, c'est l'Hôtel de l'Amitié qui brûle. On retrouve dans les cendres encore chaudes son propriétaire, un certain Pélaprat — auvergnat reconverti en marchand de sommeil — qui venait de vendre son immeuble avant de profiter de la retraite et d'un retour au pays. On découvre aussi un second cadavre, égorgé celui-là. La Crim' devrait prendre les choses en main…
Sauf que la Crim' a d'autres chats à fouetter en ces temps d'élection. Larose et Silva vont se retrouver en première ligne.
En braquant sa caméra sur deux flics de base, deux îlotiers, c'est à un véritable éloge de la police de proximité que se livre Joseph Bialot dans son roman, les associant à une affaire qui se joue sur fond de trafic immobilier. Ces deux-là connaissent leur quartier sur le bout des doigts, les habitants les (re)connaissent, et c'est naturellement forts de ce savoir qu'ils viendront à bout de leur enquête et qu'avec eux nous pourrons pénétrer un peu du quotidien de ceux qui vivent-là.
Joseph Bialot nous présente des êtres humains et non pas des fonctionnaires, bras armés répressifs du ministère de l'Intérieur. On est loin de la BAC. Les liens tissés par Larose et Silva sont solides, même s'ils restent des "flics".
Bientôt viendra s'adjoindre au récit un troisième personnage, Diogène, sorte de savoureux faux clochard et de vrai homme libre à l'esprit aussi vif que retors :
Quand je fais la manche avec les statues, ma sébile reste, peut-être, vide mais je demeure respectable. Le mépris des autres, je le laisse aux bipèdes de chair, d'os et de connerie. Regarde-les marcher, ces braves gens, regarde-les bien. Ils avaient Dieu et ils n'ont plus que des sectes. Ils avaient Marx et il leur reste les écolos. Ils ont tout gobé, tout avalé, Hitler, Mai 68 pour, en fin de compte, n'avoir plus que leurs coliques. Il ne leur reste que leur angoisse. Tends la main… Ils te filent un franc et, avec, se déculpabilisent pendant un mois.
Le style de Joseph Bialot est mordant, agressif même, mais ce sont bien les qualités humaines de cette police de quartier qui sont mises ici en avant. Quand on sait qu'avant d'être "réactivée" en 1999, elle fut supprimée en 2002 par des ministres de l'Intérieur successifs, on peut voir dans La Main Courante, publié en 1994, comme une intrusion citoyenne de l'auteur dans le débat public.
Joseph Bialot y met également en scène, avec une forme de nostalgie, un quartier de Paris en phase de disparition, le faubourg Saint-Antoine et sa spécialisation autour des métiers du meuble. Quant à l'intrigue elle-même, elle sert essentiellement de support au propos et ne constitue pas l'élément le plus abouti du roman. D'autant plus qu'elle se termine par un final un peu tiré par les cheveux… Comme s'il fallait bien conclure.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Joseph Bialot a beaucoup utilisé Paris comme univers et/ou décor de ses romans. Le Sentier dans Le Salon du Prêt-à-Saigner, les Puces dans La Rue du Chat Crevé, Belleville dans Babel-Ville…
Les dix premières lignes...
Je me présente : Raymond Silva, flic de base dans une ville à problèmes.
Fils d'un immigré portugais des années 60, j'avais, à la sortie du lycée, un éventail de carrières très ouvert : devenir plâtrier, comme mon père, ou entrer dans la police. Et c'est ainsi, qu'après avoir tâté du bâtiment, je suis devenu îlotier. J'épelle : I… L… O… T… I… E… R !
Julien Pintard, un des O.P.J. de la boîte, nous a baptisés, mon équipier et moi, « Les Naufragés ».
Vendredi qu'il se nomme, mon binôme, Vendredi Larose, un Martiniquais pur rhum, le Starsky des Antilles ! Sans aucun doute un bon flic, un bon copain aussi(…)
Quatrième de couverture...
Des incendies criminels ravagent des hôtels dans le faubourg Saint-Antoine à Paris. Deux flics de base, des îlotiers, se trouvent du coup en première ligne dans la recherche des coupables. Et il n'en faut pas davantage pour qu'ils rencontrent sur leur route de nombreux cadavres et de drôles d'individus prêts à mettre un quartier entier… à feu et à sang.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...