La Dame Blanche Était en Noir

Michel Brosseau

Editions du Barbu - Décembre 2008

Tags :  Roman noir Polar rural Mystique Journaliste Quidam France Années 2000 Original Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 05 mars 2009

Brosseau dresse le tableau — à travers une enquête de journaliste, amateur de comptoir de bar — du Poitou et de la Vendée et décrit une certaine campagne et une certaine mentalité, avec en fond l’apparition d’une mystérieuse Dame Blanche. C’est un livre enquête sur les croyances et leurs principes de fonctionnement. C’est aussi un livre sur l’adolescence, période fragile et minée.

Brosseau décrit peu les lieux ou l’action. Il pratique souvent une mise en avant « psychologique » de chaque personnage en dressant, en quelques traits, ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent, pourquoi ils en sont là, et ce souvent par l’intermédiaire du personnage principal :

Poulain n’en dit pas plus. Alluma une nouvelle cigarette et termina son troisième double pastis… inclinant légèrement son verre, il suivait en silence les mouvements du glaçon. Décidément peu bavard, ce garçon. Déjà tout à l’heure, pour son récit de la rencontre avec l’auto stoppeuse… Sylvain n’était pas parvenu à en tirer grand-chose. Il s’était contenté de quelques phrases plutôt vagues. Sylvain attendit la tournée suivante.

À l’inverse d’une certaine école qui dit « ce type était là et il a fait ça, à vous de voir ce que ça veut dire », Brosseau est dans l’explication des faits et gestes des protagonistes où se mêlent pensées du narrateur et pensées du personnage principal. Je n'accroche pas trop à ce genre de procédé, mais il s'agit là d'un détail pour les "livres écrits" — je veux dire les livres où l’écrivain possède un style — et c'est aussi au lecteur de faire l'effort d'apprendre la façon de parler d’un auteur pour entendre ce qu’il raconte.

Le livre La Dame Blanche Était en Noir consolide très bien la collection Polars & Grimoires qui arrive habilement à marier féerie et polar. Il s'en dégage une indéniable ambiance et les personnes que l’on croise ici rappellent immanquablement des personnes que l’on a croisées :

À sa droite, Ginette et le vieux à gourmette, désormais complices… Piochant tous deux dans une même coupelle de chips… Au bout du comptoir, Dédé « la seille », porte monnaie vidé sur le zinc… Calculant péniblement combien de muscadet encore avant de rentrer… et Pierrot, que Sylvain croisait chaque matin, balayant les trottoirs du quartier…

L’écriture de Brosseau est sensible.

La musique n’est pas en reste — Jimi Hendrix, les Doors, les Sex Pistols, Robert Johnson… — directement entremêlée avec l’histoire :

A question in your nerves is lit… Vitre ouverte, rouler dans la nuit… Dylan pour compagnie… Yet you know… L’auto-stoppeuse fantôme ne serait bientôt plus qu’un souvenir… Si Poulain n’avait pas menti, bien sûr ! Mais une telle histoire… there is no answer fit… Peut probable qu’il l’ait inventé de toutes pièces… to satisfy… Certes il avait l’air un peu givré et pas mal alcoolo…

Puis ce final particulièrement juste en écho à une fabuleuse chanson de Springsteen !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les deux autres opus de la collection Polars et Grimoire : Terminus Brocéliande et Ankou, Lève-toi, L’Oreille de Denys de Renaud Marhic.

Le début...

Les dix premières lignes...

Il venait de pousser la cassette dans l’autoradio, une de ses compilations maison qu’il aimait écouter au volant. Rien ne lui plaisait d’avantage que conduire ainsi, baigné de musique, bercé par l’euphorie de quelques bières… coz’ I ‘m a voodoo child… Rouler la nuit tombée… Parcourir la ville quasi déserte… Glisser d’un feu rouge à l’autre… yes I’m a voodoo child… Seul ou presque dans ces rues luminescentes d’avant Noël… Traverser le centre ville et lentement s ‘éloigner des étoiles, des traîneaux barrant la perspective… and if I don’t meet you no more in this world… Clignotements des téléviseurs derrière les fenêtres des immeubles… Tous à table à cette heure… Enclencher la première… Croix verte de la pharmacie au rez-de-chaussée… Lumière jaune d’un bar sous le rideau de fer à demi fermé… Tout droit… Rejoindre cette longue avenue devant la nationale… see you in the next one, so don’t be late (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Autour de Cholet, la rumeur ne cesse de s’étendre : une auto-stoppeuse vêtue de blanc hanterait les routes de la région… La « Dame Blanche », comme on ne tarde pas à la nommer, disparaîtrait mystérieusement à bord des véhicules où elle serait montée. Après l’interview télévisée de quatre jeunes « au-dessus de tout soupçon », les témoignages se multiplient. D’autant que l’auto-stoppeuse fantôme aurait déjà sévi en Bretagne… C’est dans ce contexte que Sylvain Leroy, journaliste de presse locale, décide de mener son enquête. La culture rock de ses 20 ans pour seul bréviaire, Leroy ne doute pas de démontrer l’inconsistance de la rumeur. Mais voilà que ses recherches le conduisent à Tiffauges. Tous ceux ayant rencontré la Dame Blanche n’ont-ils pas grandi à l’ombre du château de Gilles de Rais, l’« alchimiste sanguinaire » ? Leroy entreprend alors de fouiller le passé de chacun. Mais qui croire ? Les piliers de comptoir brassant le vieux fond de superstition ? Ce jeune gothique dépressif persuadé d’avoir reconnu le fantôme ? Ou encore ce curieux érudit affirmant que l’auto-stoppeuse n’est autre qu’une nouvelle incarnation de la Fée Mélusine ?


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Michel Brosseau










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