Ça va ? Ça va.

Frédéric Castaing

Gallimard / Série Noire - Juin 1996

Tags :  Roman noir Polar politique Polar social Discrimination Flic Quidam Paris Années 1990 Littéraire Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 27 janvier 2009

Recommandé À l'hôpital, on l'a baptisé François. Il est amnésique, découvert sur une plage, brûlé par les méduses, et partage la chambre d'un vieux bavard qui lui réapprend la vie.
Au bout d'un mois, le vieux est mort et François relâché dans la "nature". On lui a trouvé un petit boulot sur Paris. Dans une piscine, un comble !
Si François n'a plus de mémoire, il a également perdu son toit et se retrouve à devoir goûter les plaisirs de la rue :

Dans la ville, on apprend vite. C'est pas qu'elle est méchante la ville, ou gentille. J'ai compris ça tout de suite. Simplement, elle a autre chose à faire que de dorloter ou de s'occuper des plus faibles, de ceux qui se débrouillent moins bien que les autres, ceux qui ont besoin d'aide, ceux qui pleurent. C'est tout sauf une maman, la ville. Alors quand on est par terre, elle a pas un regard, elle s'en fout…

François finit par s'installer dans un réduit de la piscine, là où il garde les vestiaires. Et puis un jour, à la préfecture où il se rend pour quelques papiers, quelqu'un le reconnaît et l'appelle Pascal. Seulement l'autre, une espèce de gorille, le croyait mort. Il lui conseille même de le faire, le mort, avant qu'un certain Alex n'apprenne qu'il est encore en vie.
François (ou Pascal) qui souhaite renouer avec son passé, avec sa mémoire éteinte, fouine du côté de la préfecture et aperçoit à nouveau la même brute, cette fois accompagnant la Préfet — qui semble bien être cet Alex — et une femme magnifique en robe rouge…

Déjà avec son premier roman, J'Épouserai Plutôt la Mort, Frédéric Castaing avait déjà montré un goût prononcé pour, d'une certaine manière, le détournement de genre. Il récidive ici avec brio en livrant un roman qui plonge à nouveau le lecteur dans un océan de perplexité, de surprise, et de plaisir.
L'aventure que vit François, avant de (re)devenir Pascal, n'est pas banale. Et c'est l'occasion pour l'auteur, à travers son narrateur et quelques autres personnages (comme le vieux "grincheux" du début), de dresser le portrait en creux du libéralisme à l'ouvrage. Les "petits" n'ont pas leur place sur cette machine qui avance…
L'auteur joue sur un fil, gardant constamment son équilibre sur une voie difficile qu'il a lui-même tracée. On navigue, poussé par le courant d'un humour grinçant, entre portrait social et une certaine forme d'exubérance. C'est encore une fois particulièrement étonnant, mais ça fonctionne à merveille…

Puis le passé ressurgit, la mémoire remonte, et François se fond peu à peu dans la peau de Pascal, découvrant un passé trouble, son appartenance à la police, ses liens avec ce Préfet, le pourquoi de son "accident"… Autre facette de la réalité, celle de certaines méthodes policières, des penchants racistes de quelques-uns des membres des forces de l'ordre établi…
François et Pascal finiront au Jardin des Plantes, participant à un conflit social d'envergure qui les libérera… Il sera question d'emploi au rabais, de syndicat, de titularisation. Une facette, encore…

En lisant certains passages de ce roman, on se dit « c'est de la grosse déconnade ». On n'y pense plus (à la grosse déconne) dès lors qu'on a refermé le livre. La maîtrise de l'auteur est totale. Il sait toujours absolument où il va, et nous y entraîne avec un évident plaisir d'écriture qui se fait sensible, palpable et révèle à la fois un énorme travail (la quasi absence de dialogue, dans un tel récit, est déjà en soi une forme d'exploit).
Mais quand même, ce Castaing, sous ses airs de premier de la classe… quel déconneur !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Également paru à la Série Noire, J'Épouserai Plutôt la Mort, du même auteur, est tout aussi réussi.

Le début...

Les dix premières lignes...

1 Mai
Et voilà !... Je suis tout neuf, comme dit le vieux du lit d'à côté. Lui, il est là pour le foie et il est bien le seul à parler, dans la chambre. Ça donne à peu près…
— Tout neuf il est, ce gars-là… parce qu'en plus de pas avoir de nom, il a pas encore de gueule… Qu'est-ce que vous dites de ça !... un petit verni, voilà ce que c'est…
Quand il fait des raisonnements, le vieux, il prend toujours à témoin le bocal, en haut à gauche, pour les perfusions et puis le poste de télé qui est cassé (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

On s'en fout du passé ! On s'en fout ! Il faut une version officielle ? Tout est là. J'y ai bien réfléchi. Je pense que ça s'est passé comme ça. On m'a trouvé il y a trente ans dans un petit panier à la sortie de l'église. Une artiste de variété qui passait par là. Une strip-teaseuse qui faisait aussi chanteuse d'opéra. Elle s'est bien occupée de moi. Seulement un soir, elle est morte sur scène. S'une angine de poitrine. Quand j'avais quinze ans. Depuis, je marche sur les chemins, j'arrête pas de marcher.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Frédéric Castaing










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

J'Épouserai Plutôt la Mort