Gallimard / Série Noire - Mai 1998
Tags : Roman noir Roman d'enquête Polar social Quidam Années 1990 Moins de 250 pages
Publié le : 19 janvier 2009
Il y a là le père, M. Petitbas, déjà vieux, qui vient d'assassiner quatre personnes : le comptable, le boucher, le manutentionnaire et enfin le plombier, avant de se dénoncer à la police et d'avouer ses crimes, perpétués en mémoire de sa femme, Angèle, morte d'un chagrin en forme de cancer, et de son fils unique, Daniel, mort lui aussi, mais pas de chagrin. Vengeance…
Il y a là Blanchot, le flic, qui recueille les aveux du vieux…
Et puis on apprend que Daniel, le fils, est mort durant son service militaire. Un accident de char. On a découvert son corps après un exercice de manœuvre, littéralement écrabouillé…
Vincent Meyer nous fait pénétrer son récit par petites touches juxtaposées, à la rencontre successive des différents intervenants de l'intrigue. Il y a eu crimes, au pluriel. La vengeance du père qui s'est exercée sur ceux qu'il rend responsables de la mort de son fils, de sa femme. Il y a des flics. Il y a la mort du fils, un peu mystérieuse… Mais l'enquête ne se situe pas là. Petit à petit, on se rend bien compte que cette intrique n'est pas "classique", pas du genre "exposition – résolution".
Non, Vincent Meyer construit une enquête de type journalistique, menée par un auteur de roman : Vincent Meyer. Il finit par se mettre lui-même en scène enquêtant sur ce fait divers — la mort de quatre hommes assassinés par un petit vieux qui passe aussitôt aux aveux — ses tenants, ses aboutissants. Tel un journaliste, il va à la rencontre de tous ceux qui ont eu un rôle à jouer dans cette affaire : M. Petitbas, le père ; Blanchot, le flic ; un aspirant officier qui commanda le fils ; un soldat qui l'accompagna…
Alors c'est tout un système qui apparaît : celui de la conscription, le fameux service militaire ; de l'histoire ancienne, mais qui a quand même pourri la vie de nombreuses générations de mecs en France. La caserne concernée : celle du 414e régiment de l'armée de terre, basée à Offenbourg, en Allemagne. Là, Vincent Meyer montre le temps qui se perd, les pratiques de l'armée, les mépris des officiers de métier pour la troupe, l'inactivité forcée, les mecs qui perdent la boule, d'autres qui s'y croient (à la guerre), et puis des incidents répétés : un appelé qui se met à tirer sans raisons, une bande de dégénérés qui s'en prend à celui qui a eu le malheur de s'afficher homosexuel, jusqu'à l'accident fatal et mortel, durant la manœuvre.
L'auteur poursuit l'enquête, creuse encore, pour lever toutes les incertitudes, tous les coins d'ombre, et finit par découvrir la vérité, celle que tout le monde, et en premier lieu l'armée, la bien nommée "grande muette", souhaite garder cachée.
Au final, sans pirouette, il n'y a plus ni victimes, ni coupables, juste une tragédie humaine noire, très noire, et une institution mise en lumière par une habile construction parfaitement maîtrisée. Du beau travail.
Ce n'est pas une histoire intéressante, je veux dire, oui, elle l'est, mais elle n'a ni morale, ni philosophie, ni leçon, rien. Ce n'est qu'un paquet emmêlé, indépêtrable, de nœuds, de faux pas, d'erreurs. (…) N'en faites pas autre chose que ce qu'elle a été : un désastre.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Pas vraiment d'idée...
Les dix premières lignes...
Le premier à mourir, comme prévu, fut le comptable. Je ne pouvais pas le blairer, toujours avec son loden vert, l’air ce chercher une petite vieille pour l’aider à traverser la rue. La façade de bonté qu’il se donnait, pouvait pas l’encaisser. Je vais vous dire comment je l’ai tué. C’est pas compliqué. Je l’ai suivi une semaine, pour mettre au point la manière. Ça a suffi. J’ai vu qu'il passait tous les soirs chez sa mère, avant de rentrer chez lui, et qu'il mettait sa voiture au parking, rue Lagrange. C'est là que je l'ai coincé, il devait être dans les huit heures (…)
Quatrième de couverture...
« Le premier à mourir, comme prévu, fut le comptable… »
Pour venger son fils écrasé par un char, Petitpas a tué quatre fois. Quatre types qui ont fait leur service militaire ensemble, à Offenbourg. Au 414e GCAT, on criait beaucoup, la nuit… Mais que s’est-il vraiment passé, là-bas, en Allemagne, non loin d’une gare de triage où des centaines de rails se croisent, se séparent, forment un écheveau compliqué dont on ne sait où il mène ? Peut-être à la noirceur des hommes.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...