On Peut Toujours Recycler les Ordures

Hélène Crie-Wiesner

Gallimard / Série Noire - Janvier 2002

Tags :  Roman d'enquête Polar militant Trafic Corruption Quidam France Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 07 janvier 2009

Être maire en Bretagne aujourd'hui, à la limite des Côtes d'Armor et du Morbihan — dans les terres — ça signifie composer avec soit les éleveurs de cochons, soit les éleveurs de poulets, soit les deux, et gérer au mieux les déchets qui les accompagnent.
Maire en Bretagne, c'est aussi le quotidien de Solenn Triquenot qui consacre son énergie à administrer tant bien que mal son village, Hoellic.
Dans la commune, un éleveur de volailles a été retrouvé mort dans la fosse à fientes de son hangar. Accident ?... Cet éleveur, Nono, c'était aussi l'ami de Solenn ; une sorte de concubin très indépendant…

Mettre le monde du déchet au cœur d'une fiction, d'un polar, pour en montrer en détail les rouages, tel est le pari que s'est lancé Hélène Crié-Wiesner avec On Peut Toujours Recycler les Ordures, et l'on peut affirmer qu'elle y a réussi. On peut même penser que si les livres savaient restituer les odeurs, celle dégagée par celui-là ne serait pas des plus agréables…
Tout au long des deux cent quarante pages du récit, nous allons suivre Solenn Triquenot, maire d'un village breton confronté aux problèmes du traitement des déchets. Et ce choix ne doit rien au hasard, l'auteur insistant sur les responsabilités incombant aux élus en la matière, les mettant en parallèle avec leur méconnaissance du sujet. D'ailleurs, Solenn Triquenot, en tant qu'élue, est elle-même présidente du Sietom (Syndicat Intercommunal pour l'Enlèvement et le Traitement des Ordures Ménagères). Vous n'avez pas un "truc" comme ça à côté de chez vous ?

Hélène Crié-Wiesner prend le problème à bras le corps et nous propose un exposé détaillé, un véritable tableau d'ensemble de la filière, plutôt alarmant. Il sera question du traitement des ordures ménagères, de leur collecte, des sociétés dont c'est le métier, des magouilles diverses et variées qui leur permettent de gruger les collectivités qui les emploient. Il sera question de l'héritage laissé par les anciennes décharges, toujours bien "vivantes" bien que fermées, voire même réhabilitées (un peu à la va-vite), des maigres moyens alloués aux services techniques compétents pour mesurer leur nocivité. Il sera question de décentralisation et de marchés publics morcelés sur tout le territoire, permettant à quelques grosses entreprises spécialisées de réaliser de confortables bénéfices. Il sera question en détail des risques liés aux incinérateurs et à leurs cendres particulièrement toxiques…
Et puis il sera question de Nono qui, en tentant de trouver une solution écologique et économique pour le traitement des fientes de son élevage (encore plus polluantes que le lisier des cochons) se trouve confronté aux mêmes grosses entreprises, ainsi qu'à l'industrie chimique du même accabit.
Hélène Crié-Wiesner met le doigt sur plusieurs dangers et sur un évident conflit d'intérêt. Lorsque les entreprises sont rémunérées en fonction du tonnage traité, elles n'ont aucune envie que celui-ci diminue, et voient forcément d'un très mauvais œil toute initiative visant à aller dans cette direction. CQFD.

À travers une mise en scène très rythmée, sans jamais tomber dans la démonstration ennuyeuse et aidée en cela par le personnage savoureux de Solenn Triquenot, particulièrement attachante dans sa quête qui prend les allures de celle de Don Quichotte, Hélène Crié-Wiesner réussit un vrai roman citoyen qui remet adroitement quelques pendules à l'heure et éclaire un monde à l'odeur nauséabonde dont on préfère souvent s'écarter. On s'en doutait un peu que tout n'était pas très clair de ce côté-là de la poubelle ; avec ce roman extrêmement documenté, voire argumenté, ça se confirme.
Pas sûr que certaines ordures méritent d'être récyclées…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Hélène Crié-Wiesner s'est également attachée à traiter du lobby des énergies renouvelables dans un autre polar paru à la Série Noire, Autant en Rapporte le Vent.

Le début...

Les dix premières lignes...

Les pompes cirées du pandore s'enfonçaient dans la merde. Un infâme magma noirâtre, vaguement liquide. Il n'aurait jamais imaginé ça des fientes de poules. En bon gars de la campagne, il avait l'habitude des bouses de vache, ça oui. Mais dans son Morvan natal, les poulaillers industriels ne couraient pas les chemins creux. Pas comme ici. Beurk. L'odeur était épouvantable (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

À Hoellic, Morbihan, le boulot de maire ne sent pas la rose : dans une campagne où les agriculteurs cherchent désespérément des débouchés honorables pour les déjections de leurs bestiaux, Solenn Triquenot préside le syndicat pour la collecte et l'élimination des ordures. Les comptes sont louches, les décharges fuient, l'incinérateur égare ses cendres toxiques. Quand l'homme de la présidente périt dans son poulailler industriel, c'est signe que les entreprises contractantes ont cessé d'opérer en douceur.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Hélène Crie-Wiesner










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