Marche de Nuit sans Lune

Abdel Hafed Benotman

Rivages / Noir - Février 2008

Tags :  Roman noir Polar social Polar militant Polamour Quidam France Années 2000 Littéraire Poétique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 03 janvier 2009

Il s'appelle Daniel, mais tout le monde dit Dan. Elle s'appelle Nadine, mais tout le monde dit Nad.
Ces deux-là vont se croiser ; une rencontre au hasard d'un transfert pénitentiaire, à travers les grilles d'un fourgon cellulaire.

Ils se sont touchés
Ils se sont promis
Ils se sont quittés
Maintenant ils vont se penser l'un l'autre avant de se rêver… de s'espérer. Ces deux-là, noyés dans le monde, commencent à s'accrocher l'un à l'autre, épaves réciproques.

D'entrée, Abdel Hafed Benotman pose son style d'écorché flamboyant et ne mâche pas ses mots. Deux univers, séparés par des ilalliques, une rencontre impossible. La prison, l'enfermement d'un côté ; un début d'amour de l'autre. Inconciliables.

On ne prévoit pas les rencontres qui changent une vie. Daniel en fait l'expérience lorsqu'il croise Nadine qui devient pour lui comme un espoir, une veilleuse allumée tout au bout d'un couloir parsemé de portes verrouillées. Il apprend son histoire, sa condamnation, par bribes. Nadine N'Goma, Gabonaise réduite en esclavage par un flic ripoux, trafiquant, qui avait fait d'elle son meilleur dealer, elle, femme, Noire, et clandestine. Qui avait voulu retrouver sa liberté et l'offrir à son enfant à naître, rêvant de retour au pays, recevant comme seule réponse les coups, les tortures.
Nadine est enfermée pour longtemps. Daniel sortira avant elle, tentant de reconstituer le puzzle, fomentant une vengeance en attendant la libération.

À travers l'histoire de Daniel et Nadine, c'est bien sûr la prison qui est au cœur du récit, la prison au sens large. L'enfermement, la cellule, le travail, les parloirs, mais aussi la sortie, les foyers, les rapports avec les matons, les flics, la justice. Il est question d'humiliation, de frustration…
Abdel Hafed Benotman n'écrit pas, il crie. Il crie sa rage, sa douleur, avec sincérité, intensité. Et sa plume se teinte d'un lyrisme sombre qui prend les couleurs d'une poésie en prose, fulgurante.
Chaque chapitre se présente comme une sorte de nouvelle qui se suffit à elle-même, avec son lot de maux. Et l'amour dans tout ça ?... Il est là, il tente de survivre, submergé, manquant se noyer à chaque nouvelle vague, chaque humiliation, chaque injustice…

Roman noir, forcément noir, Marche de Nuit sans Lune se lit aussi comme un témoignage accablant sur l'état et le fonctionnement du système carcéral français et de la justice qui l'accompagne. Un témoignage venu du fond du trou, d'un rescapé, toujours en vie, debout.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Ils sont quelques-uns dans le monde du polar à être passés par les geôles et y avoir affûté leur plume — certains même très célèbres. On peut citer Chester Himes, Edward Bunker ou côté français José Giovanni ou encore Alexandre Dumal (entre autres)…

Le début...

Les dix premières lignes...

— Mon petit ? Il a été entraîné, votre Honneur…
— On dit « Monsieur le Président » et non « votre Honneur», s'il vous plaît… Quant à votre petit-fils, vous m'excuserez Madame, mais il est tout seul dans cette affaire.
— C'est le Diable qui l'a entraîné, votre Honneur !
Un assesseur tourne la tête, l'autre pouffe tandis que le président bonhomme renvoie la pauvre grand-mère endimanchée de l'accusé rejoindre sa place assise dans la salle du tribunal correctionnel (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Dan est incarcéré à Fleury-Mérogis. Au cours d'un transfert au palais de justice, il fait une rencontre qui va changer sa vie. La rencontre, ce « miracle de la reconnaissance », c'est Nadine N'Goma, détenue à la maison d'arrêt des femmes.
Dan a eu le temps de noter sur sa main le numéro d'écrou de la jeune femme. Il lui écrira par le « courrier intérieur ».
Nadine était douée pour le chant et la danse, malheureusement elle a croisé un mauvais génie. À cause de lui, elle a été arrêtée, laissant derrière elle un petit Lou. Alors Dan fait une promesse solennelle à Nadine : quand il sortira, il s'occupera d'elle et de son fils ; il fera des démarches pour qu'elle ne soit pas expulsée. Mais les choses ne vont pas tourner comme prévu...
Ecrit en prison, ce roman nous parle de ces lieux hors du monde, de cette « population carcérale », dont on oublie qu'elle est constituée d'êtres humains.
Avec Marche de Nuit sans Lune, Hafed Benotman poursuit son oeuvre de romancier noir, de rebelle écorché devant l'injustice des systèmes, de satiriste grinçant et de poète au style fulgurant.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Abdel Hafed Benotman










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