Corniche Kennedy

Maylis de Kerangal

Verticales - Août 2008

Tags :  Polar social Trafic Flic Marseille Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 10 novembre 2008

Recommandé La corniche Kennedy, après Malmousque, ça vous dit peut-être quelque chose. L’histoire se passe à Marseille. Pendant l’été, quand la chaleur accable, les jeunes se rassemblent sur ce bout de caillasse, leur territoire, sous la fameuse corniche qui court le long de la côte. Petites bandes venues des quartiers Nord, en bus ou en scooter.

C’est ce lieu que Maylis de Kerangal nous décrit, elle nous y amène par la précision de ses descriptions, restituant cet état de l’adolescence, tel qu’on l’a connu, tel qu’on l’imagine. Les défis, les blessures, l’esbroufe, les corps en mutation, le langage... Les plongeons du haut des rochers, jeu devenu défi à la Police.
La bande est observée. Par une jeune fille de leur âge mais habitant les belles maisons. Suzanne et son envie de vivre, de les rejoindre.
Et puis il y a Sylvestre Opéra, le flic planté avec ses jumelles dans le commissariat qui surplombe la corniche. Le flic chargé par son supérieur le Jockey d’éradiquer les bravades de cette insupportable bande de jeunes. Un flic dont les enquêtes se déroulent en arrière plan, trafic de drogue, prostitution, nourrisson retrouvé dans une poubelle... nous n’en saurons pas beaucoup plus.
Tous sont là, sous le soleil de l’été. Il ne se passe pas grand-chose, il se passe tout, la fin d’une époque, le rêve, l’envol, ces trois paliers d’où sauter pour s’envoler dans le ciel et la mer, les phrases, le rythme de l’auteur. L’enfance que l’on veut abattre se déroule là sous nos yeux.

Ça discute sec, ça rigole, ça s'esclaffe et ça chantonne, ça mange de frites mayonnaise, des beignets, ça boit du Coca, ça commente les magazines, ça se crème le dos, ça se paluche, ça fume, ça prend ses aises, ça se croit chez soi.

Un roman bon à lire quand dans notre société des gamins de seize ans se suicident en prison (il paraît que ça s’appelle un jeu) et on parle de rendre pénalement responsable des enfants de douze ans. Que fait-on à la jeunesse que l’on ne supporte plus et qu’on emmure de toutes parts ?

Cela ne signifie rien, ces sauts, ces gesticulations, cela ne veut rien dire, il n’y a aucun message, aucune revendication là-dedans, c’est totalement gratuit (...) pas de pitié pour les trompe-la-mort, allez ouste, rouvrez les maisons de correction, coupez les allocs.

Même si le roman perd de sa force par instants, lorsqu’on sort de la focale de ces jeunes, il faut absolument le lire, c’est bien plus qu’un grand bol d’air ! À ranger à côté de Book of Love de William Kotzwinkle et de tout autre roman de l’enfance, qui chatouille l’épiderme et pénètre le cerveau.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Un autre polar à Marseille, dans un autre genre : La Cité du Fada de Ridha Aati et Nordine Zoghdani chez L’Écailler du Sud.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ils se donnent rendez-vous au sortir du virage, après Malmousque, quand la corniche réapparaît au-dessus du littoral, voie rapide frayée entre terre et mer, lisière d'asphalte. Longue et mince, elle épouse la côte tout autant qu'elle contient la ville, en ceinture les excès, congestionnée aux heures de pointe, fluide la nuit — et lumineuse alors, son tracé fluorescent sinue dans les focales des satellites placés en orbite dans la stratosphère. Elle joue comme un seuil magnétique à la marge du continent, zone de contact et non frontière, puisqu'on la sait poreuse, percée de passages et d'escaliers qui montent vers les vieux quartiers, ou descendent sur les rochers. L'observant, on pense à un front déployé que la vie affecte de tous côtés, une ligne de fuite, planétaire, sans extrémités : on y est toujours au milieu de quelque chose, en plein dedans. C'est là que ça se passe et c'est là que nous sommes (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison ».
Le temps d'un été, quelques adolescents désœuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer... Apre et sensuelle, la magie de ce roman ne tient qu'à un fil, le fil d'une écriture sans temps morts, cristallisant tous les vertiges.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Maylis de Kerangal










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