Un Doux Parfum de Mort

Guillermo Arriaga

Phebus - Février 2003 - Traduction (espagnol) : François Gaudry

Tags :  Roman noir Polar rural Comédie Corruption Quidam Amérique du Sud Futuriste Littéraire Original Humoristique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 31 mars 2006

Genre noir et humour noir font bon ménage dans ce roman de Guillermo Arriaga qui nous entraîne dans un Mexique de folie furieuse, en compagnie d'une galerie de personnages frisant la caricature comme au grand guignol. Le polar se transforme en vaudeville. Tout le monde veut massacrer tout le monde et il n'y a que l'assassin pour passer en quelque sorte entre les gouttes de sang et tirer les ficelles quand ça lui chante.
Tout commence par la découverte d'un cadavre de jeune fille. Les gendarmes, style bandits de grand chemin, mènent l'enquête, c'est à dire qu'ils n'ont qu'une envie, lyncher le premier venu ou celui que les villageois ont dans le nez. En l'occurrence, il s'agit d'un gitan qui a une réputation de joli cœur. Evidemment, cocus avérés et potentiels cocus ont tous des intentions de vengeance, pour la bonne raison que ceux qui se sentent outragés ne peuvent pas se dégonfler et laisser la justice faire le sale boulot à sa place. Mais tout de même, la raison reprend ses droits. S'il y a un bien homme qui a la priorité de la vengeance et a légitimité de rendre coup pour coup, c'est le promis, le fiancé, Ramon Castanos, qui tient la gargote locale. Or, en plus d'être un doux jeune homme, un pacifique, il souffre d'une maladie inavouable qui lui fait éviter la compagnie des femmes. Panne d'érection permanente, une tare au pays des machos. Le plus cocasse réside dans le fait que l'on se trompe sur ses prétendues fiançailles avec la morte. Mais, obligé de taire son absence de virilité, il se retrouve embarqué malgré lui dans cette histoire de crime de sang, préparant l'assassinat du gitan avec un pic à glace.
Et ce n'est qu'une des péripéties de cette affaire échevelée où l'on verra la morte embaumée avec ce qu'on a sous la main, alcool frelaté, eau oxygénée, rhum et promenée de page en page, à l'instar du cadavre de Trois Enterrements, le film de Tommy Lee Jones, dont Guillermo Arriaga a écrit le scénario.
Le roman est court, mais diaboliquement écrit. C'est un conte d'amour et de mort au pays de l'honneur qui s'avale d'un trait comme une tequila.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

L'adaptation cinématographique arrive cette année sur nos écrans, après le succès retentissant que ce livre a connu dans les pays sud-américains, en Espagne et aussi en Allemagne. Caramba, prions pour que la Vierge de Guadalupe, sainte patronne du Mexique, intervienne pour que le film soit à la hauteur du roman.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ramon Castanos époussetait le comptoir quand il perçut au loin un cri aigu. Il tendit l'oreille et ne discerna que la rumeur de la matinée. Il pensa qu'il s'agissait d'une de ces nombreuses gélinottes qui peuplaient le bois. Il poursuivit sa besogne. Il s'apprêtait à nettoyer une étagère lorsque le cri jaillit de nouveau, cette fois proche et clair. Suivi d'un autre et d'un troisième. Ramon délaissa l'étagère et, d'un bond, sauta par-dessus le comptoir. Il sortit pour voir ce qu'il se passait. On était dimanche, de bon matin : personne, alors que les cris se répétaient, de plus en plus frénétiques. Il remonta la rue et distingua à quelque distance trois enfants qui couraient en braillant :
— Y'a une morte ! Y'a une morte (...) !


La fin...

Quatrième de couverture...

Un bled du Mexique profond, un cadavre de jeune fille, un assassin trop malin pour se faire pincer, un autre "assassin", innocent, mais tant pis, que chacun voudrait coller à la place du vrai, quelques flics joliment pourris... et un brave garçon timide avec les filles que les bonnes gens de l'endroit poussent à jouer les vengeurs de la société outragée... Le roman d'Arriaga se dévore comme une tortilla bien relevée. On n'en dira pas plus, soucieux de laisser au lecteur la surprise de la dernière bouchée... et le plaisir de suivre un romancier particulièrement retors, qui s'ingénie comme aucun autre à brouiller les pistes et les genres. Polar dévoyé, conte d'amour et de mort, vaudeville sanglant arrosé à la tequila : il y a de tout cela dans ce roman d'une noirceur sans mélange - celle des meilleurs cafés... qui empêchent si bien de dormir.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Guillermo Arriaga










Edition(s)...

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