Le Coucou

Georges-Jean Arnaud

Fleuve Noir - 1980

Tags :  Polar social Paris Années 1980 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 22 septembre 2008

Eric Bonnot est employé d'une entreprise de nettoyage. Chaque nuit, il a à sa charge de vider les poubelles, de faire les poussières de trois ensembles de bureaux. Autant deux de ceux-là recèlent-ils d'une vie diurne qui transparaît dans leurs "déchets" et dans l'imaginaire d'Eric, autant le troisième semble complètement inhabité.
Menant sa petite enquête personnelle pour tenter d'éclaircir ce mystère, Eric s'aperçoit vite que personne ne travaille jamais à cet endroit et découvre même l'existence d'un appartement attenant, sorte de garçonnière, qu'il se décide, après quelques hésitations, à occuper clandestinement…

Écrit au tout début des années quatre-vingt, Le Coucou est un roman de crise. On y découvre le personnage d'Eric Bonnot — monsieur Tout-le-monde — qui en subit de plein fouet les conséquences. Mais Bonnot est aussi un lâche qui, soumis à la "pression" exercée par sa femme, qui attend de lui réussite sociale, lui cache la vérité. Pour ne pas lui révéler sa "déchéance", ne pas lui avouer qu'il en est réduit à n'être qu'un homme de ménage, il s'est fait pour elle gardien de nuit, métier à ses yeux plus honorable et justifiant des horaires de nuit.
Bonnot est de cette classe ouvrière qui subit la crise du capitalisme et la prend en pleine poire. Hier force vive, aujourd'hui bon à rien… Jeté comme un vieux torchon, mais à qui l'on demande de rebondir.
Bonnot n'est pas méchant, plutôt naïf, il voudrait juste qu'on lui foute la paix, et la découverte de cet appartement vide est pour lui l'occasion rêvée de se l'octroyer, une manière de se glisser gentiment la tête sous le sable. Là, il découvre le luxe, l'aisance, abandonne femme et enfants, et ne veut plus rien lâcher de ce qu'il vient de toucher du doigt, prêt à toutes les extrémités pour faire durer le plaisir… L'individualisme forcené le guète.

Georges-Jean Arnaud greffe alors à son récit une vague affaire d'espionnage politique qui tente de donner quelques ressorts à son intrigue "policière", mais ça n'est sans doute pas là la partie la plus intéressante du roman.
Le coucou, cet usurpateur, cet oiseau qui pond ses œufs dans le nid des autres afin de faire engraisser sa progéniture, est à prendre comme symbole de ce qui se trame au détour de la crise économique et de ce qu'on a appelé les "chocs pétroliers". Le coucou, sans scrupules, se nourrit sur la bête, quitte à éjecter du nid les enfants "naturels".
On peut voir aussi dans ce roman comme une vision de ce qui deviendra la "fracture sociale" : donnez à quelqu'un un peu d'argent, un peu de pouvoir, concentrez sur lui un minimum de richesses, organisez pour les autres la pénurie, et vous en ferez un ardent défenseur de son bourreau…
Georges-Jean Arnaud a cette capacité à fondre dans son récit une vision sociale de son temps. Pour autant, il n'y a pas chez lui d'engagement politique, de militantisme ou de prosélytisme. Il montre, il éclaire, à sa manière. Sans plus.
À chacun de retrouver ses petits. En espérant qu'il ne s'agisse pas… d'un coucou.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Georges-Jean Arnaud est un auteur prolixe ; il n'y a que l'embarras du choix…

Le début...

Les dix premières lignes...

Des trois immeubles où il travaillait chaque nuit, à l'exception du vendredi et du samedi soir, Eric Bonnot préférait la Résidence Perrier. En général, il y pénétrait vers les 3 heures du matin et disposait de quatre heures pour faire le ménage dans les trois bureaux installés l'un au rez-de-chaussée, les deux autres dans les étages. Il commençait par l'agence de voyages, vidait les corbeilles à papier, les cendriers, essuyait les meubles, vérifiait la propreté des vitres et glaces intérieures — un laveur de vitres venait spécialement dans la journée pour la vitrine —, puis il passait à l'aspirateur (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Nettoyer toutes les nuits les bureaux d'un grand ensemble, c'est le travail d'Eric Bonnot.
Il le fait sans trop rechigner, même si cela perturbe sa vie familiale. Et d'autant plus volontiers qu'il peut fourrer son nez partout, le plus librement du monde. Et même occuper un appartement à sa guise, durant l'absence des locataires. Il ferait d'ailleurs tout pour en jouir.
Même commettre un meurtre.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Georges-Jean Arnaud










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