Le Massacre des Innocents

Jean-Jacques Reboux

Baleine - Novembre 1995

Tags :  Roman d'enquête Polar politique Polar militant Serial Killer Complot Flic Paris Années 1990 Populaire Humoristique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 02 septembre 2008

L’inspecteur Fayolle et son équipe de la Section Antiterroriste de Paris sont sur le qui-vive. Le ministère de l’Intérieur leur met la pression pour résoudre au plus vite une série d’attentats anticléricaux. Point commun de tous ces actes : une oie ensanglantée retrouvée sur les lieux des méfaits. Les grands moyens sont mis en œuvre, en effet, le pape arrive bientôt. Les réseaux d’enquêtes sont activés, mais les pistes sont peu nombreuses.
Pas de début de piste jusqu’à l’apparition d’un étrange cadavre. Un homme est retrouvé parc Monceau, en costume et chaussures de sport, avec pour seul document l’identifiant sa carte de groupe sanguin, à ses côtés, le cadavre d’une oie ensanglantée. L’équipe de Fayolle retrouve rapidement l’adresse de l’homme. Mais il y a un petit souci… La veuve présumée leur ouvre la porte en pensant qu’ils ramènent les papiers d’identité volés à son mari… Elle l’appelle sur son lieu de travail… « Il arrive » leur annonce-t-elle… Le corps n’est pas celui que l’on croit…

Une journaliste talentueuse et fouineuse, un papy un peu trop curieux, un ministre en quête de sens, un président de parti d’extrême droite rêvant de révolte nationale, la guerre des polices, les arcanes du pouvoir politique, un groupe militant anticlérical à l’imagination tordue et farfelue, un président de la République en pleine cohabitation regardant se déchirer l’échiquier politique à la veille de la fin de son mandat, voici les principaux ingrédients de ce très bon polar.

Mais bien d’autres ficelles alimentent un récit précis, documenté et volontairement très ancré dans l’actualité. En effet sont à peine voilées : la fin de mandat de Mitterrand, les gesticulations néo-fascisantes de l’ancien para Le Pen (subtil jeu de mots avec le lieutenant Sérrurier), les accointances de la papauté avec l’Opus Dei ayant aidé la cavale du milicien Touvier.
Ces éléments donnent du poids au récit. Mais ce qui aurait pu n’être qu’une charge politique très sombre est quelque peu éclairée par les interventions farfelues et anarcho-patissières (clin d’œil là aussi à Noël Gaudin, célèbre terroriste-à-la-crème belge) de l’Antimitre. Cependant, cette légèreté ne minimise en rien les messages que Reboux fait passer. Les querelles de pouvoir, les menaces qui pèsent sur la loi de 1905, les manipulations ministérielles et policières qui sont évoquées dans ce roman de 1998, ont de curieuses sensations de fraîche actualité. Cette alchimie est subtile et sert la narration tout au long du livre.

Le polar est probablement le genre littéraire qui explore et éclaire le plus la société dans laquelle il évolue. Le polar nous questionne sur le monde, la société, le pouvoir et tente, par son aspect fictionnel, de nous projeter vers des possibles. C’est nettement le cas ici. Et il est un peu flippant de voir qu’en dix ans, le livre n’a pas pris une ride !

Sabrez le goupillon !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour l’aspect polar social, les idées anar, le constat politique et aussi l’humour noir, tournez vous vers les enquêtes du personnage emblématique des éditions Baleine, Le Poulpe. En particulier les premiers épisodes comme La Petite Écuyère a Cafté, Nazis dans le Métro

Le début...

Les dix premières lignes...

Chaque matin depuis cinquante-cinq ans, Amandine Chabrieu de l’Estang, née de la Ruée de Dieu — ça ne s’invente pas — trouvait sur sa table de chevet une rose rouge, déposée là par son époux transi alors qu’elle reposait dans les limbes du sommeil. Un demi-siècle durant, y compris sous les années noires de l’Occupation, pas une seule fois Ferdinand n’avait failli. Était-il malade ou absent de Paris, rien n’y changeait ; Germain Louvier, fleuriste place des Ternes, enfourchait sa bicyclette et dévalait le boulevard de Courcelles jusqu’au 12 rue Alfred de Vigny, où gîtaient les amoureux. Ainsi allait le bonheur d’Amandine.
Aussi la vieille dame fut-elle saisie d’un horrible pressentiment lorsqu’elle s’étira ce matin-là et que ses mains ne palpèrent qu’un vase vide. Il était arrivé quelque chose à Ferdinand (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Pour accueillir le pape venu en France canoniser un ami de Touvier membre de l’Opus Dei, le groupe l’Antimitre a mis les petits plats dans les grands ; oies éviscérées dans les sacristies, alertes à la bombe, hosties traitées au cyanure, églises à l’explosif…
Pour mettre fin à l’hécatombe, tout le monde entre en piste : milices paroissiales ; DST ; RG ; Brigade Antiterroriste. Et pendant ce temps, dans l’indifférence générale, un mystérieux tueur qui signe ses crimes avec une oie décapitée égorge en série de pauvres innocents qui n’ont en apparence rien à voir avec ce mic-mac. Jusqu’au jour où l’archevêque de Paris et le président de la République reçoivent par la poste une oie saignée à blanc. Alors là, fini de plaisanter. La chasse au tueur à l’oie est ouverte.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jean-Jacques Reboux










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