Gallimard / Série Noire - Février 1956 - Traduction (anglais) : Chantal Wourgaft
Tags : Roman noir Vengeance Arnaque Truand Etats Unis Années 1950 Populaire Argotique Moins de 250 pages
Publié le : 1er juin 2008
Williams livre ici un polar aux motivations simples : arnaquer le pigeon, se venger d'un malfrat en col blanc. Ses personnages sont des escrocs — doués — professionnels.
Toute la fraîcheur des arnaques est conservée par l'angle narratif choisi par Williams qui nous fait pénétrer dans le roman et dans ces escroqueries sur les pas de Mike Belen, le plus innocent de la bande. Approché par un escroc professionnel, Charlie, Belen entre dans l'intrigue à cause d'elle, cette femme qui fut son amie d'enfance, puis son épouse deux années plus tôt. Elle a retrouvé la trace de Lachlan, l'homme qui par ses malversations a causé la ruine de leurs pères et leur emprisonnement, l'homme dont, enfants, ils ont juré de se venger. Après une arnaque préliminaire dans un bled perdu, après avoir spolié leurs complices, Cathy retrouve Mike et le décide à s'attaquer à Lachlan, avec un plan qu'elle a pensé dans les moindres détails de longue date.
Mais comment obtenir vengeance lorsque celui que l'on veut atteindre, dépouiller, humilier, est le responsable de ce que vous êtes devenue, lorsque pour le punir d'avoir brisé des vies innocentes, on fait à son tour des victimes d'innocents ? L'amour et les souvenirs que Belen partage avec Cathy l'aveuglent longtemps, mais il n'a pas la même obsession que la jolie rousse. À travers sa narration, le lecteur est en marge des méandres de l'escroquerie, il en partage la tension, la peur, pas le frisson du Coup.
L'écriture est datée des années cinquante. La désuétude de certaines expressions, de certains vocables, des escroqueries déroulées a un petit côté noir & blanc dépaysant et charmant. Williams maîtrise parfaitement la progression de son roman en nous entraînant à la suite de Belen dans les intrigues de ses complices qu'il découvre au lecteur au fur et à mesure que son personnage-narrateur les découvre.
Un très bon roman qui donne envie de lire d’autres romans de l'auteur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Le film que Max Ophuls a réalisé en 1963, Banana Pell / Peau de Banane, où l’intrigue du roman est transposée en France.
Ou lire, comme je m'engage à le faire, les autres Charles Williams chronique sur le site : Fantasia chez les Ploucs, Calme Blanc ...
Les dix premières lignes...
Il avait un petit air perdu, comme un gosse qu'on aurait oublié sur le quai d'une gare.
Quand il est entré dans le bar, je n'ai pas fait attention à lui, sauf dans la mesure où on se rend vaguement compte d'une présence près de soi. À moins que le type ne se mette à cracher du feu, ou qu'il tombe raide mort à vos pieds, ou encore qu'il renverse votre verre, on ne le voit généralement pas. C'est ce qu'il a fait. Façon de parler : c'est moi qui ai renversé son verre (…)
Quatrième de couverture...
Quand un faisan rencontre un autre faisan, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de faisans...
Encore s'ils se bornaient à parler boutique, il n'y aurait pas de casse, mais voilà : Wolford Charles s'associe avec Mike Judd, pour escroquer Goodwin, qui se fait royalement empaumer, Charles laisse tomber son associé, qui le rattrape, le fait cracher, quand quelqu'un intervient inopinément et roule tout le monde...
Mais pas du tout comme on pouvait s'y attendre...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...