Une Saison de Scorpions

Bernardo Fernandez

Moisson Rouge - Mai 2008 - Traduction (espagnol) : Claude de Frayssinet

Tags :  Road Polar Crime organisé Corruption Truand Amérique du Sud Années 2000 Original Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 13 mai 2008

Güero est un homme de main qui pense à la retraite avant que la mort ne s'approche trop de lui. Mais voilà qu'El Señor lui propose un dernier contrat, et on ne refuse pas une offre d'un tel commanditaire, d'autant moins lorsqu'il paye le triple du tarif habituel, et quand bien même il croupit au fond d'une prison.
De fait, il s'agit d'éliminer un repenti, témoin gênant bénéficiant d'un programme de protection…

Le Güero ? M'en parlez pas, l'ami, cette vermine est une vieille carne dans le genre coriace. J'vais vous dire, ce salaud, on lui dit pas Güero parce qu'il est blanc avec les poils couleur maïs. Oh non ! Le Güero, on l'appelle comme ça depuis tout petit à cause des scorpions güeros (blancs) qu'il y a chez nous. Gamins, on jouait avec ces bestioles, on les asticotait avec des bouts de bois, on y mettait le feu, on les enfermait dans des pots ou des bouteilles, mais le seul qu'était jamais piqué, c'était mon pote, et moi ce que j'crois, c'est que les bestioles savaient qu'elles pouvaient s'empoisonner.

Et un peu de dépaysement… Ça vous dirait ?
Nous sommes au Mexique, pas très loin de la frontière avec les Etats-Unis, mais pas seulement. On ira également faire un tour du côté du Canada, et puis on prendra la route pour la grande traversée vers le sud…
Et puis Güero, personnage central, ne restera pas seul. On croisera entre autres Tamès et Le Gros, deux encaisseurs à la solde d'El Señor ; ou encore un dangereux trio composé d'Obard, l'inquiétant tueur tout droit débarqué d'Europe Centrale, accompagnant Lizzy et Fer, enfants de narco-trafiquants en mal de prouesses, dans leur virée trans-états-unienne.

Au premier abord, au premier coup d'œil, on pourrait penser que la plume de Bernardo Fernández trempe dans un jus au goût de joyeux bordel, exubérant et chatoyant. Et c'est sûrement un peu le cas… dans la forme. Car sur le fond, on se rend vite compte que la construction de son roman est beaucoup plus sophistiquée qu'il n'y paraît et qu'elle ne laisse pas grande place au hasard ; savant mélange de narration, de témoignages, de flash backs, qui peu à peu tisse une toile pleine de couleurs. Et puis de poussière, de sueur, et de sang…
Les personnages mis en scène ont cette sombre flamboyance qu'on trouve dans le cinéma de Quentin Tarentino ou celui des frères Coen, comme dans The Big Lebowsky ou Fargo, avec leur côté étrangement déjanté, et pour certains inquiétant.
Quant à l'intrigue – ce contrat que va finir par refuser Güero, attendri par ce témoin qui est aussi bon père de famille ; refus dont il devra subir les conséquences et leurs prolongements aussi inattendus que rebondissants – elle est aussi l'occasion de présenter une image du Mexique ou justice et police s'engluent dans la corruption, la compromission, et n'ont rien à envier aux narcos et aux braqueurs de tous genres.

Violent, tendre, baroque, parfois loufoque, Une Saison de Scorpions est l'occasion de découvrir un auteur au talent extraverti qui fait preuve d'une réelle inventivité dans la narration, la construction et le style. On dit même que Paco Ignacio Taïbo II en aurait fait son "chouchou", c'est dire…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Incontestablement, on sent comme une filiation avec le côté exubérant développé par Paco Ignacio Taïbo II dans certains de ses romans, comme À Quatre Mains, par exemple.
Pour l'ambiance de sable chaud, de sueur, de mouvement, pourquoi pas Vipères au Train, de Sergueï Dounovetz.

Le début...

Les dix premières lignes...

Devant moi, la route serpentait légèrement et retrouvait aussitôt sa forme de reptile paresseux. Le jour commençait à poindre, un vrai cadeau après avoir conduit plus de quinze heures depuis l'autre extrémité du pays.
Quelques heures auparavant, j'éclusais des bières au Caracol, un petit bar de routiers dans le centre de Monterrey, le genre d'endroit où les chauffeurs de poids lourds viennent impressionner leurs frères cadets des taxis et des minibus avec un tas d'histoires routières (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Même les tueurs à gages ont des états d'âme… Au moment d'abattre celui qui doit être son dernier « client » avant la retraite, El Güero décide d'épargner ce bon père de famille et se retrouve… à la place du mort. En cavale au volant de sa précieuse Impala, pourchassé par ses anciens collègues, il croisera le chemin d'un braqueur de banques yougoslave et de sa fine équipe de « narcojuniors ». La rencontre entre l'ex-tueur à gages et les apprentis gangsters sur fond de quiproquos en plein désert mexicain fera des étincelles…
Délirant et violent comme un Tarentino, ce court roman est un « western urbain » drôle et vivant, peuplé de personnages hauts en couleur.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Bernardo Fernandez










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