La Théorie du K.O.

Un avis personnel...

Publié le : 10 avril 2008

On est à Montpellier, dans le bureau du préfet qui est en ligne avec son ministre de tutelle. Un massacre a eu lieu la semaine passée (cf. Spécial Dédicace) et les investigations menées par le divisionnaire Lopez mettent explicitement en cause le Président du Conseil, tant et si bien que le juge n'a pu, dans un premier temps, qu'ouvrir une instruction pour, trente-six heures plus tard, mettre le principal intéressé hors de cause ; sans doute sur ordre de sa propre hiérarchie.
Lopez a dû manger son chapeau et il l'a mauvaise… On lui a fait comprendre qu'il n'a aucun intérêt à ébruiter les résultats de son enquête, et le préfet lui-même à concocté contre lui un dossier susceptible de lui faire entendre raison ; au cas où. Mais au bout du compte, Lopez, sa fierté de flic intègre en bandoulière, ne veut ni plier, ni céder au chantage, ni étouffer l'affaire.
Alors "on" sort la grosse artillerie et "on" l'implique sournoisement, par presse interposée, dans un trafic d'héroïne en cours auquel est déjà mêlé un flic ripoux.
Au début, Lopez pense que c'est l'IGPN qui lui savonne la planche, mais lorsqu'il se rend compte qu'il s'agit en fait des gens de la "piscine", des services spéciaux, il préfère disparaître et s'évanouir dans la nature. Cette fois, c'est sa vie qui est en jeu…

Avec ce dernier volet de sa trilogie sétoise, Lilian Bathelot reprend l'histoire là où il l'avait laissée avec Spéciale Dédicace. D'une certaine manière, David et Goliath sont de retour et la lutte du pot de terre contre le pot de fer remise au goût du jour.
Plus sombre que le précédent épisode, La Théorie du K.O. met néanmoins en scène avec une grande tendresse une galerie de personnages hauts en couleurs issus des "petites gens", du bas de l'échelle sociale. Oui, sociale, parce que si on regarde sur l'échelle des valeurs morales, ils se placeraient plutôt largement plus haut que ceux qu'ils vont avoir à combattre, et si j'évoque la "tendresse" de l'auteur, c'est bien sûr à eux qu'il la réserve.
À eux et au personnage de Lopez, ce flic intègre qui, pour sauver le réputation d'une édile politique, se retrouve dans le collimateur de sa hiérarchie, prête à tous les sacrifices pour lui faire porter la chapeau.
Lilian Bathelot exalte la solidarité de la "piétaille". Il en fait la grain de sable capable de déstabiliser toutes les manipulations les mieux orchestrées de la France d'en-haut, celle qui nous gouverne. Il montre celle-là susceptible de toutes les magouilles, toutes les vilenies, pour s'éviter de perdre ne serait-ce qu'une once de son précieux pouvoir.

Au fond, La Théorie du K.O., c'est une histoire de morale, vivante, avec une mise en scène et des personnages chaleureux ; une histoire réaliste aussi. Vous vous doutez bien que dans la réalité, la morale est rarement sauve…

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

La Théorie du K.O. est le troisième volet de la trilogie sétoise de Lilian Bathelot, commencée Avec les Loups et qui se poursuit avec Spécial Dédicace.
Parue à la fin des années quatre-vingt-dix chez Sombres Climats et regroupée sous le titre Chichois Baraquette, elle est aujourd'hui rééditée dans son ensemble chez Jigal Polar.