A l'Ombre des Humains

Lalie Walker

Atelier In8 - Mars 2008

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Psychologie Flic Quidam Années 2000 Original Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 07 avril 2008

Jeanne Debords, la meilleure flic qu’il ait jamais connue, a disparu. Voilà quasiment un an que Franck Albertini la recherche inlassablement et noie son chagrin dans une sombre solitude errante. Jeanne n’était pas seulement une collègue, sa partenaire ; avant tout, elle était la femme de sa vie.
Franck se soûle de marche à pieds. Pour tromper son angoisse, il arpente les champs, les bois, les forêts, espérant, ne serait-ce qu’un instant, oublier sa quête. C’est là, au cours d’un de ses périples, qu’il tombe par hasard sur le cadavre d’une femme. Même si les vieux réflexes reviennent au galop, il sait qu’il a quitté le service et décide sur le coup de passer son chemin. Quelqu’un d’autre finirait bien par trouver le corps et donner l’alerte ; lui avait d’autres chats à fouetter. Mais un reste de conscience le voit de retour sur les lieux deux heures plus tard et là, surprise, la scène n’est plus tout à fait la même. Le "beau" visage de la victime a disparu. Sa tête a été coupée et remplacée par celle d'un homme…

À l'Ombre des Humains n'est pas un roman facile d'approche. Lalie Walker met en place pour commencer une galerie de personnages troubles au premier rang desquels vient cet ex-flic, Franck Albertini :

(…) il aimait l'idée de pister les plus pervers de sa propre espèce. Non pour les punir, ce qui n'était ni de son ressort ni de sa volonté, mais pour ce fugace instant où la violence se faisait silence. Ne serait-ce que le temps d'une illusoire minute où le monde était enfin débarrassé d'un qui produisait la mort.

Vient rapidement se greffer Samantha qui, du vieux moulin où elle a élu domicile, part à la chasse aux nuages, aux orages, aux tempêtes, aux tornades, en compagnie d'une joyeuse bande d'écervelés passionnés. Puis c'est au tour de la famille Carsov d'entrer en jeu avec son patriarche autoritaire, autocrate, qui règne en maître absolu sur son environnement — celui-ci s'étendant à tout le village, village qui n'est pas sans rappeler celui de la série télévisée Le Prisonnier — et va jusqu'à renier ses propres enfants. Livia, sa fille, est en rébellion ouverte contre lui tandis qu'Aurèle, son fils, s'est réfugié dans des ailleurs incertains.
Trois groupes de personnages. Trois lieux indéfinis qui s'articulent en "ici" (Albertini), "là-bas" (les Carsov) et "entre ici et là-bas" (Samantha), et dont on découvre bientôt qu'il appartiennent à un périmètre restreint lorsqu'à l'enterrement de madame Carsov, son corps est retrouvé profané : couvert de sang et avec une tête qui n'est pas la sienne…

L'ambiance installée par Lalie Walker est très étrange. Il y a là comme une espèce de folie morbide qui plane sans cesse. On ne se laisse pas porter par son récit, par son style, abrupt ; il faut cravacher, remonter le courant, faire l'effort. C'est parfois fatigant, parfois contraignant, et on finit par souhaiter une vraie récompense à "l'acharnement" qu'on s'impose.
Il y a une évidente forme d'exigence chez Lalie Walker, mais on finit par se demander si celle-ci ne l'entraîne pas à privilégier l'exercice de style au détriment du récit, de l'histoire, de l'intrigue que le texte se doit de porter. Passé un tiers du roman, on cherche toujours un semblant de cohérence à tous les éléments présentés.

Heureusement, celle-ci viendra et "récompense" il y aura. Sans jamais lâcher cette ambiance si particulière où plane aussi en permanence la peur, Lalie Walker va éclairer peu à peu ce mauvais rêve et révéler une sombre machination qu'il serait délicat d'évoquer ici.
Incontestablement, À l'Ombre des Humains est avant tout un roman d'atmosphère, de ceux qui vous emmènent, si vous vous accrochez à les suivre, bien loin des sentiers battus du polar traditionnel. Ici, on se laisse surprendre par les personnages :

— Karel, vous êtes là depuis… depuis suffisamment de temps maintenant, et vous voyez bien qu'ici, les gens sont, comment dire… particuliers.

par les lieux :

— Quelque chose ne tourne pas rond. Je n'ai jamais vu ça, ni ressenti… je n'ai pas les mots, mais cet endroit ne ressemble en rien aux autres.

pour au final, au détour de manipulations, tenter de cerner l'humain et ce qui se cache dans son ombre.
Impressionnant…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

"Retrouver" Jeanne Debords… qui dans ce roman a disparu, mais constitue dans l'œuvre de Lalie Walker un personnage récurrent et central.

Notez que vous pouvez lire les premières pages de ce roman sur le site des éditions de l'atelier In8 qui le publie.

Le début...

Les dix premières lignes...

Ici
Dans une immense usine, sombre et glaciale, il vit Jeanne qui peinait à avancer. Qui se tournait. Et se retournait. Les yeux à l’affût. Visiblement inquiète.
Se débattant, poussant et repoussant les enfants qui se trouvaient sur son chemin, il ne parvenait pas à traverser la foule compacte pour la rejoindre. Le moindre mouvement réclamait un immense effort. Une sensation qui s’amplifia au fur et à mesure que Debords s’éloignait, happée par une nuée d’enfants. Yeux morts et corps statufiés. Pieds nus. Marchant comme des automates sur des écrous géants posés sur le sol, qui tournaient sur eux-mêmes. En grinçant (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Franck Albertini recherche sans succès Jeanne Debords, mystérieusement disparue depuis un an, et va se retrouver malgré lui au cœur d’une enquête complexe.
Lieux étranges, chant omniprésent des éoliennes, consciences cadenassées et éléments déchaînés pour un puzzle macabre qui ne peut être que l’œuvre d’un fou ! Mais qui est fou ?
L’ombre des humains, pas vraiment rassurante, c’est celle qui recouvre un récit haletant dans un décor de carte postale estivale…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Lalie Walker










Edition(s)...

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