Dolla

Françoise Laurent

Krakoen - Janvier 2008

Tags :  Roman noir Polar social Quidam France Futuriste Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 08 mars 2008

Mai 2018. Augustin pleure Dolla qui vient de mourir. Cinquante ans se sont écoulés depuis leur première rencontre. À cette occasion, ce sont tous les amis et compères qui se sont réunis pour un dernier salut ; une large brochette de vieux soixante-huitards qui vient rejoindre un noyau dur qui s'est établi depuis une bonne dizaine d'années en une sorte de communauté dans une vieille bâtisse campagnarde afin d'éviter la chasse au vieux — ces improductifs qui grèvent le budget de ce qu'il reste de Sécurité Sociale.
De cette réunion, comme cinquante ans plus tôt, les idées vont fuser…

Françoise Laurent dresse pour commencer un portrait de groupe qui ressemble fort à un catalogue des illusions perdues. Le rouleau compresseur de la vie est passé sur ceux qui cinquante ans plus tôt imaginèrent la révolution et passèrent un mois de mai à refaire le monde. Tous ceux-là ont grandi, vécu. Certains sont restés fidèles à leurs idées ; d'autres moins.
Le portrait est plain de tendresse, de sensibilité, d'humour aussi, voire même de sarcasme ; autrement dit, la vision est lucide. Et puis il y a le deuil, la douleur de l'absence qu'éprouve Augustin, la colère qui l'accompagne, qui sont bien montrées, bien cernées, même si elles s'expriment parfois dans les vapeurs de l'alcool, tout comme cette idée de reprendre la lutte, armée s'il le faut…
Car il faut bien dire qu'en ce futur proche, la classe des baby-boomers n'est pas en odeur de sainteté dans les instances gouvernementales et que nos révolutionnaires en chaise roulante soupçonnent même ces dernières et leurs services de santé d'organiser méthodiquement des hécatombes… Il faut résister !

Dolla se présente comme un catalogue vivant — extrêmement vivant — de l'héritage de mai 68, des ses espérances, de ses utopies, passées au crible et confrontées à la dure réalité humaine. C'est dur, sombre, noir — forcément noir — plein d'illusions et de désillusions, désenchanté et lucide, mais reconnaissant aussi l'importance majeure, à travers le gâchis, de cet héritage et qu'il ne saurait être question de vouloir le "balayer".
Tous les sujets, tous les pans de la vie, y trouvent place : les hommes, les femmes, la sexualité, les enfants, la famille, la travail, la politique, la philosophie, la révolution…

Le style est vif, enlevé, qui draine une énergie communicative et comme une colère toujours intacte.

Vivre libre ou mourir, c'est ça ?

Seul petit bémol peut-être dans cette déferlante revigorante : dans la première partie du roman, le nombre de personnages conviée à la "première" veillée funèbre… On a du mal à cerner tout le monde tant ils sont nombreux à confronter leurs expériences respectives et du coup, on s'y perd un peu à retisser ces liens distendus par les années.
N'empêche qu'une fois surmonté "l'obstacle" on ne peut que reconnaître la finesse de l'analyse et la qualité de la mise en scène. Un bel hommage en ces temps de commémoration…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Analyser le phénomène "mai 68" à travers un polar est une entreprise atypique rarement tentée. Difficile de comparer… ou d'aiguiller...

Le début...

Les dix premières lignes...

"C'est contrariant, mais pas dramatique…" !
Sacrée Dolla ! Toujours à minimiser les conneries des autres ! Toujours à pardonner, passer l'éponge…
"Contrariant, mais pas dramatique…"
Durant cinquante ans, j'ai dû supporter ça !
Si les poivrots ne réglaient pas leur ardoise… "Contrariant, mais pas dramatique !" Si les flics débarquaient à cause d'une bagarre… "Contrariant, mais pas dramatique !" Si on nous livrait du pain rassis que les clients nous laissaient sur les bras… "Contrariant, mais pas dramatique !" (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Dolla est morte. Augustin qui partagea sa vie durant 50 ans est anéanti. Dolla est morte ! Dans la communauté de soixante-huitards blasés, au sein de laquelle elle rayonnait, c'est la désolation. D’autant que, coup sur coup, d’autres s’en vont à leur tour. Morts naturelles ? Accidents ?
Lorsque Clémence, jeune junkie hébergée par la bande cacochyme, vient à disparaître de façon suspecte, c’en est trop. Augustin décide qu'il est temps de s’opposer au destin. Une certitude : les pourris qui ont supprimé Dolla, Clémence et les autres ne l'emporteront pas au paradis.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Françoise Laurent










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