Meurtre dans un Oflag

Raymond Troye

Editions Charles Dessart - 1946

Tags :  Roman à énigme Polar social Quidam Allemagne Années 1940 Littéraire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 29 février 2008

Pour Francen, voilà seize mois que la guerre est terminée et qu'il croupit avec quelques centaines de "collègues" dans un camp de prisonniers. Un oflag… Du champ de bataille, il lui est resté dans la tempe un éclat de schrapnell qui provoque chez lui migraines, vertiges et amnésie passagère.
Ce matin-là, dans la chambrée, un des officiers manque à l'appel : Jadin, qu'on vient de retrouver mort dans la chapelle. Francen, même s'il participe au concert d'étonnement, ne peut au fond de lui que se réjouir de cette nouvelle. En effet, Jadin est dans le camp, mais aussi depuis son enfance, son ennemi intime. Il finit même, ne se rappelant plus de son emploi du temps de la veille au soir, par se convaincre qu'il est sans doute lui-même l'assassin.
L'enquête de la police allemande n'aboutit à rien et c'est un autre prisonnier — Ledru, policier dans le civil — qui trouvera la solution.

Meutre dans un Ofleg a cette particularité qu'il a été écrit par son auteur durant sa captivité pendant la seconde guerre mondiale. Raymond Troye, lieutenant de l'armée belge, a passé plusieurs années dans différents camps, les oflags, et son roman apparaît comme un témoignage du quotidien des prisonniers :

Il faut nous voir errer d'un bout à l'autre de la plaine. Sans but, le visage rongé de barbe, les vêtements dépenaillés et sales. Sans but, vraiment ? Non point. Poursuivant sans répit notre ennemi le Temps. Chassant devant nous ce gibier pour qu'il se hâte et essayant tout à la fois de l'abattre, à nos pieds. Mais il a la vie dure. Il se dérobe. Il se défend. Il échappe même aux coups farouches du travail. Le sommeil seul en a raison. Mais le lendemain, tout est à recommencer.

Sans insister ni tomber dans le pathos, il montre ces hommes qui organisent l'ennui, il montre la misère qui gagne, mais aussi, dans ce camp réservé aux officiers, les différences de classes qui subsistent dans l'horreur entre ceux issus du rang et d'autres qui doivent leurs étoiles à leur particule ou leur compte en banque. Francen et Jadin en sont la représentation.

L'intrigue, quant à elle, tient son originalité dans le fait que Francen croit lui-même à sa propre culpabilité — il en connaît le mobile — et qu'il en recherche les preuves tout en continuant à s'interroger sur sa capacité à tuer son ennemi, sur son possible passage à l'acte.
Reste que le traitement de l'ensemble, d'un style vieillot et ampoulé, manque particulièrement de rythme, voire de vraisemblance : on finit par exemple par se demander comment cette amnésie qui frappe Francen de manière apparemment récurrente n'apparaît plus jamais dès lors que le crime est commis et alors que l'enquête s'étale sur plusieurs mois… Meurtre dans un Oflag vaut essentiellement pour les quelques pages qui viennent témoigner de l'univers des camps de prisonniers. Pour le reste, c'est un peu juste… D'ailleurs, si l'on en croit sa correspondance, l'auteur lui-même ne s'y est pas trompé :

J’ai terminé « Meurtre dans un Oflag ». Il ne me satisfait qu’à demi, tant par la forme que par le fond. Tout ce que nous faisons en captivité est, je crois, voué à la médiocrité. Je ne suis pas seul de cet avis. Robert Van Nuffel, qui vient de publier « Prélude » me le disait l’an dernier, quelques semaines avant notre départ d’Eichstätt. Tout nous dessert, les conditions de travail, notre état d’âme perpétuellement inquiet et jusqu’à la qualité du papier que nous employons. Selon moi l’œuvre d’art doit naître dans l’euphorie et la guerre est son plus grand ennemi.


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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le côté "témoignage" abordé dans roman est abondamment développé dans le blog animé par les petits enfants de l'auteur. A partir de nombreux documents d'archives, de correspondances, d'observation de l'actualité, ils mènent, dans la la droite lignée de leur aïeul, leur devoir de mémoire.

Le début...

Les dix premières lignes...

Un bruit désagréable et familier m'arracha d'un sommeil harrassant : des galoches raclant le parquet de la chambre.
— Sept heures, grondai-je, voilà Ponsard et Bergelet qui s'en vont à la messe ; ils pourraient tout de même prendre des précautions, ces deux sans-gêne !
Sur cet accès de bile quotidien, je me retournai dans mon drap de lit — je n'en ai qu'un, hélas ! — dans l'espoir de me rendormir. Mais la porte, claquant aussitôt, m'éveilla sans recours.
— Grenouilles, va ! maugréèrent plusieurs voix (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Dans un oflag, deux ennemis de toujours, Albert et Francen, se retrouvent. Tout les sépare : une enfance dorée pour Albert, laborieuse pour Francen. Une femme conquise par Albert mais aimée par Francen.
Un matin, Albert est retrouvé mort. Francen est coupable, du moins, c'est ce qu'il croit. Si seulement sa mémoire ne lui jouait pas ces vilains tours depuis son éclat de schrapnell dans la tête. Francen se retrouve, malgré lui, mêlé à l'enquête que mènera un compagnon de camp, policier dans le civil.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Raymond Troye










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